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John Adams - Thomas Jefferson: la réconciliation nationale à l'américaine, une leçon d'histoire
Publié dans Leaders le 16 - 03 - 2021

Par Mohsen Redissi - L'histoire remonte au début de la toute jeune république américaine entre le deuxième et le troisième président américain John Adams et Thomas Jefferson. Ces derniers sont deux pères fondateurs de l'esprit révolutionnaire américain et de l'écriture de la déclaration d'indépendance.
Le conflit de la discorde
John Adams fut le premier président sortant à ne pas assister à la prestation de serment du président élu à cause d'une mésentente entre les deux hommes. La neutralité des Etats-Unis est l'axe central de leur différend. Il remonte au milieu des années 1790. John Adams, alors président, était farouchement contre l'entrée en guerre de Washington contre la France en reconnaissance de son apport lors de la guerre d'indépendance. Thomas Jefferson et ses alliés l'accusaient de faiblesse envers l'Angleterre et de manque de respect envers l'ancien allié français. A l'époque la flottille marchande américaine était prise entre deux feux : les britanniques en guerre contre la France battaient pavillon américain pour attaquer les îles françaises des Antilles. Un arrêté du gouverneur de la Guadeloupe autorisait les corsaires guadeloupéens à attaquer les navires américains. Ne sachant à quel saint se vouer, John Adams a préféré la neutralité de l'Amérique dans un conflit qui ne la concerne plus au risque de perdre le bureau ovale.
Une Amérique divisée s'engage à l'aube de 1800 dans des élections présidentielles. Chacun des deux camps s'érige en défenseur unique et authentique de la nouvelle Amérique. Les Fédéralistes, menés par John Adams, le président en exercice qui brigue un deuxième mandat, et son vice président et adversaire du moment Thomas Jefferson qui convoite lui aussi le poste du chef suprême des armées et qui est un républicain-démocrate, représentant d'une coalition urbaine de sudistes.
Campagne électorale amère
Un relâchement des valeurs des premières années de l'Union prend le dessus sur la rigueur qui a porté la nation à l'indépendance. Une division s'installe dans les rangs de l'électorat national avec la naissance de nouvelles tendances et de nouveaux partis. Le dénigrement de l'adversaire et le recours à la campagne de diffamation faisaient leur effet même à cette époque si lointaine. Les accusations mutuelles fusent. Des calomnies de toutes sortes et des plaintes graves sont colportées par les supporters des uns et des autres. Pour certains historiens les campagnes modernes sembles amicales et soft en comparaison avec les élections américaines de 1800. Thomas Jefferson est élu contre Aaron Burr par la Chambre des représentants. Le vote public et le vote des grands électeurs très serrés n'ont pas réussi à les départager. Jefferson sort vainqueur, réalisant ainsi pour la première fois l'alternance du pouvoir exécutif de l'histoire des Etats-Unis : indépendant avec George Washington, fédéraliste avec John Adams et républicain-démocrate avec Thomas Jefferson.
Le serment de la méthode
Dés les premières années de la nouvelle république les lois limitent les apparitions publiques de l'exécutif. Le président américain doit se présenter devant le Sénat à de rares occasions, il s'adresse directement à la nation sauf à des moments exceptionnels ou graves. Les brides sont relâchées dans la prise du pouvoir, la prestation de serment en public et le discours sur l'état de la nation.
Conscient du fossé profond creusé par la campagne présidentielle peu orthodoxe, Thomas Jefferson a cherché dans son allocution inaugurale publique à calmer les passions politiques, à combler le gouffre de la division, l'ennemi juré de tout pays qui se respecte. Il a apporté beaucoup de soin à ce discours écrit de sa plume, lui le principal rédacteur de la Déclaration d'indépendance des treize colonies. Il tend la main aux sceptiques et reconnait les erreurs commises pendant la course à la présidence, mais la victoire lui procure également la légitimité. Il exhorte les perdants de travailler de concert avec lui, ses équipes aussi bien que les autres équipes pour le bien de la nation.
Pour Jefferson, la réconciliation avec ceux qui ont voté contre lui est essentielle. Il est obligé selon ses convictions personnelles de les écouter et d'accommoder ses idées et ses idéaux aux leurs. Pour ce président en particulier, gagner une élection n'est pas dominer mais au contraire rester au juste milieu sans pour autant trahir les principes qu'ils l'ont aidé à arriver au pouvoir. La guérison nationale et la cicatrisation des blessures ne peuvent se fermer correctement qu'en vivant ensemble en totale harmonie. L'Amérique est une terre bénie habitée par un peuple profondément chanceux : «Alors, concitoyens, unissons-nous avec un même cœur et un seul esprit. Rendons aux rapports sociaux cette harmonie et cette affection sans lesquelles la liberté et la vie elle-même ne sont que des choses sans importance. » (NDLR : phrase reprise de son premier discours de prestation de serment, 4 mars 1801.) Dans ce discours, Jefferson invite ses concitoyens à s'unir. Il est déçu, dégouté de la politique. Elle est « une chose » sans pitié, une machine qui contamine tout ceux qui l'approche, détruit et dégrade l'être humain et son attachement à une vie paisible.
Lors de ce discours, Jefferson a prononcé une phrase mémorable, restée depuis dans les annales et utilisée par les présidents et tous ceux qui veulent garder une Amérique unie et solidaire : We are all Republicans, we are all Federalists ! (Nous sommes tous républicains, nous sommes tous fédéralistes)
Jefferson était en faveur d'un gouvernement local autonome et fort, capable de gérer ses propres affaires en laissant au gouvernement fédéral le soin de protéger les frontières maritimes et terrestres, de mettre en place une politique étrangère cohérente, une fiscalité juste, distribuer le courrier contre un pouvoir et un gouvernent central sans partage à des milliers de miles des préoccupations de la population. Washington, D.C. doit superviser, coordonner mais jamais gouverner à distance. La décentralisation à son paroxysme.
Une Amérique réconciliée
Dr Benjamin Rush, un ami commun des deux chefs de l'exécutif, a joué à l'intermédiaire entre les deux présidents. Il a arrondi les angles, réussi à les réconcilier en 1812 après tant d'années de séparation et d'un silence mortel pour ces deux érudits et à les pousser à relancer leur correspondance. Le plus difficile est toujours le premier pas. Qui va céder le premier ?
John Adams s'est isolé dans sa ville natale de Quincy au Massachusetts, répondant à l'appel de la raison plutôt qu'à l'orgueil et la vanité. Il envoie à son pair la première missive. Le conflit s'est vite fait de se dissiper. Leur amitié a repris de plus belle, plus forte en souvenirs des années difficiles de la jeune nation. John Adams a déclaré dans une de ses lettres à son ami qu'il aimait toujours après des années de rupture et de malentendus : « «on ne doit pas mourir tant qu'on ne s'est pas expliqué l'un à l'autre» (We must not die until we have explained ourselves to each other.)
Joe Biden en août dernier, après avoir été choisi comme le candidat démocrate à la présidentielle a emboité le pas de Thomas Jefferson en faisant allusion à sa phrase tant célèbre :"Tant que je serai un candidat démocrate, je serai un président américain. Je travaillerai aussi dur pour ceux qui ne m'ont pas soutenu que pour ceux qui l'ont fait. C'est le travail d'un président. Vous représenter tous, pas seulement nos assises ou notre parti. Pas un moment de parti pris. Ca doit être un moment américain." Une vraie réconciliation nationale respectueuse des valeurs nationales et de ses individus de tous bords, valeur qui a cruellement manquée à l'Amérique durant le mandat de Trump. La vie politique est loin d'être un long fleuve tranquille.


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