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Tunisie - Exode des jeunes médecins: il faut stopper l'hémorragie
Publié dans Leaders le 15 - 09 - 2022

Par Habib Mellakh - Un grand merci à nos politicards qui ont porté un grand préjudice à la santé publique en désengageant l'Etat de la santé ! Un grand bravo aux mandarins de nos établissements hospitalo-universitaires, ceux qui cumulent la direction des services hospitalo-universitaires et l'activité privée complémentaire en privilégiant cette dernière et qui encadrent très mal les jeunes médecins !
Notre jeune élite est attirée par le chant des sirènes de la Méditerranée et du Rhin
Les uns et les autres ont réussi à dégoûter notre jeune élite de l'exercice de la médecine en Tunisie et l'ont poussée dans les bras charmeurs et accueillants des sirènes de la Méditerranée et du Rhin qui ne sont plus les sirènes dévoreuses issues de la mythologie nordique ou de la mythologie grecque mais des sirènes bienveillantes car soucieuses de combler le déficit en médecins dont souffre leurs pays.
Un rapport de l'INS, publié en décembre 2021, révèle que 3300 médecins auraient émigré en Europe pendant la période s'étalant de 2015 à 2020. Selon le Conseil de l'ordre des médecins (COM), les départs sont en hausse depuis plusieurs années. Dans une déclaration à l'agence TAP, Nizar Ladhari, le Secrétaire général du COM, a affirmé que 970 médecins avaient émigré en 2021 et que ces chiffres, établis à partir des attestations de bonne conduite délivrées par le Conseil pour les migrants, sont à revoir à la hausse parce qu'elles ne tiennent pas compte des médecins émigrant en Allemagne et qui ne sont pas tenus de présenter cette attestation à l'employeur.
Les jeunes disciples tunisiens d'Hippocrate sont attirés par les bonnes conditions de travail dans les établissements hospitaliers européens, par les bonnes relations de travail basées sur le respect, par la certitude qu'ils apprendront beaucoup au sein de ces établissements ainsi que par la rémunération qui leur garantit un bon niveau de vie en Europe, ce que l'exercice de la médecine dans nos contrées n'offre plus, sans oublier l'attrait de l'exercice démocratique du pouvoir en Europe. Pis même, ces médecins, touchant des salaires dérisoires, sont exposés à l'agression verbale quotidienne et à des dangers plus graves comme le burnout, les agressions physiques, voire la mort. Le jeune résident Badreddine Aloui n'est-il pas décédé à l'Hôpital régional de Jendouba où il exerçait à la suite d'un tragique accident dû à un ascenseur défectueux ? C'est cette situation déplorable qui explique l'exode massif et sans retour de ces jeunes qui ont décidé de ne plus revenir au pays malgré la déchirure de l'exil et la douleur ressentie par les parents. Beaucoup d'entre eux ont vécu un dilemme cornélien : rester en Tunisie pour servir la patrie et la famille auxquelles ils sont redevables au risque d'hypothéquer leur avenir ou privilégier leur confort et leur carrière en émigrant en Europe.
Peut-on renouer avec les bonnes pratiques en dépit de la dégradation généralisée?
Nos facultés de médecine continuent certes à former de bons médecins comme en témoignent le recrutement en France et en Allemagne de nos résidents et de nos médecins spécialistes mais, dans un pays qui ne consacre à la santé que 5% de son PIB, ces praticiens n'ont pas la possibilité de progresser alors que les conditions déplorables du travail, l'infrastructure et les équipements se dégradent à une allure vertigineuse, que le matériel médical et les médicaments manquent sauf dans certains pôles d'excellence comme l'Hôpital militaire principal de Tunis et certains services qui se comptent sur les doigts de la main.
De nombreux problèmes sont occultés et des questions cruciales, comme le financement de la santé publique, les conditions de travail déplorables, l'organisation des stages, des concours, les critères qui déterminent le recrutement des résidents, des assistants et des professeurs agrégés restent des sujets tabous à cause du mandarinat et du désengagement de l'Etat. Si l'Etat ne remédie pas à la situation dans les meilleurs délais et qu'il continue à ne rien faire pour retenir ces jeunes médecins, l'hémorragie des départs ne sera jamais stoppée. Nous risquons à court et à moyen terme de ne plus trouver de médecins compétents pour nous soigner. Je ne veux pas jouer les Cassandre mais la crise actuelle ne présage rien de bon.
Je ne terminerai pas sans rendre un grand hommage à nos médecins qui se dévouent corps et âme pour soigner leurs malades dans le strict respect du serment d'Hippocrate et de l'éthique, pour permettre à la médecine tunisienne d'avoir une grande renommée à l'échelle régionale et même internationale et qui refusent que les médecins " vendent le pain au prix du diamant " selon la célèbre expression du médecin canadien Norman Béthune. Je serais injuste si je ne rendais pas un grand hommage à ces médecins de campagne et autres médecins généralistes ou dits de libre pratique, généreux à souhait, qui ne lésinent pas sur l'effort et qui vont jusqu'à soigner gratuitement leurs malades souvent démunis.
Je ne peux pas oublier ce grand professeur qui se reconnaîtra. Il n'a quasiment jamais pratiqué, dans sa riche carrière de professeur hospitalo-universitaire, le plein temps aménagé ni l''activité privée complémentaire et il n'a commencé à exercer dans le privé que lorsqu'il est parti à la retraite. Je lui ai demandé un jour pourquoi il n'a pas succombé, comme la majorité de ses confrères, à la tentation de cumuler l'activité privée et l'activité hospitalo-universitaire, il m'a répondu : " Lorsque vous vous réveillez à trois heures du matin et que vous criez comme Archimède, découvrant la poussée qui porte son nom : « Eureka! » parce que vous avez trouvé la solution qui vous permet de sauver la vie d'un malade, votre bonheur est immense et le gain de tous les milliards du monde ne l'égale en rien ».
La Tunisie doit capitaliser le legs de ces pères fondateurs, de ces dinosaures qui ont écrit, avec peu de moyens mais avec le concours de l'Etat national, les plus belles pages de l'histoire de la médecine en Tunisie. Ce qui accentue notre tristesse, c'est le constat qu'aux yeux des décideurs, des instances scientifiques des quatre facultés de médecine, des partis politiques, la dégringolade est irrémédiable. Il n'y a, à ma connaissance, aucun projet sérieux pour le sauvetage de la santé publique.


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