Sans doute parce qu'elle est entrée en activité un 14 juillet, Alice Events aura connu plusieurs révolutions. Celle du 14 janvier 2011 aura marqué sa première décennie et aura sonné le glas de sa jeunesse. Celles du numérique, de l'expansion planétaire du terrorisme, du Covid, du 25 juillet 2021 … auront, quant à elles, forgé son caractère et marqué sa deuxième décennie. De 2003 à 2023, de profonds bouleversements auront accompagné la progression de l'agence. Plus qu'un anniversaire, plus qu'un chiffre rond, plus qu'un symbole, la vingtième année d'Alice Events a un goût de lendemain de révolution. Un lendemain où, après avoir levé fièrement l'étendard de l'agence, il est commun de faire un bilan de ses vingt ans, de tirer les enseignements de notre longévité pour asseoir les fondements d'une nouvelle décennie. L'histoire de nos vingt ans a débuté le 14 juillet 2003. L'évènementiel était tourné vers l'Europe. Les agences évènementielles locales qui accueillaient brillamment les groupes de collaborateurs européens en voyage d'incentive, partout sur le territoire, souffraient de la crise du tourisme mondial qui suivit le 11 septembre 2001. Tout espoir de reprise avait été anéanti par la crise du tourisme tunisien, qui suivit l'attentat de Djerba, le 11 avril 2002. Nous avons été une poignée à lancer nos agences dans ce contexte. Partir à la conquête d'un marché européen, comme nos confrères, était provisoirement sans perspective et relativement coûteux. Nous nous sommes naturellement tournés vers le marché local. Le segment du tourisme d'affaires y était encore une niche à explorer. La résistance au changement fut le premier obstacle de taille à franchir. Les évènements étaient organisés en interne et de manière autonome. Le sentiment de perte de contrôle inspiré par notre offre sous forme de package fut un frein commun à la plupart de nos prospects. Heureusement, pas tous ! Par ailleurs, une relation de collaboration à long terme s'était installée entre un grand nombre d'hôtels d'affaires et la majorité de nos prospects. Nous étions perçus comme un intermédiaire, qui viendrait diminuer les marges et faire jouer la concurrence. Convaincre de nouveaux prospects, tel était le défi à relever pour survivre. Quelques années furent nécessaires avant que notre argumentaire de vente n'arrive à ébranler la citadelle. La fin de la crise du tourisme, l'implantation d'un grand nombre de multinationales, la démocratisation d'Internet, l'affinement des stratégies de communication… incitèrent nos clients potentiels à se lancer dans l'aventure. Petit à petit, l'évènement devient alors un élément décisif de la communication en Tunisie. Les entreprises intègrent des responsables en communication qui sous-traitent leurs demandes à des agences spécialisées. Soutenues par cet engouement, les agences évènementielles connaissent un sursaut de croissance et commencent à rentabiliser les efforts déployés dans la prospection. La révolution tunisienne, suivie par la révolution libyenne, opère une mutation sur le marché. Pendant les mois qui suivirent, la multiplication des partis politiques et des associations, l'engouement des bailleurs fonds pour la Tunisie, la logistique internationale créée par le flux migratoire en provenance de Libye, créèrent de la demande, favorisant l'élargissement du paysage concurrentiel et stimulant l'émergence de nouveaux besoins. La panoplie des services offerts va au-delà des services touristiques haut de gamme et comprend, désormais, le conseil, la sécurité, la gestion des médias, la création, la production audiovisuelle … Susciter l'intérêt, valoriser, informer, faire connaître… sont de nouveaux enjeux que le client planifie et budgétise à l'avance. L'évènement est un outil stratégique pour les dirigeants. Dans son ensemble, le marché local de l'évènementiel résiste. Cependant, les réalisations enregistrées avec le marché européen s'estompent. De nouvelles destinations profitent de l'instabilité politique pour s'approprier le flux de groupes incentives en provenance d'Europe. Des agences disparaissent alors que d'autres se diversifient et promeuvent de nouveaux services sur le marché local. En 2015, l'attaque du musée du Bardo, l'attentat de Sousse et l'attaque du bus de la garde présidentielle stoppent l'activité évènementielle pour quelques mois. La sécurité et la sécurisation des sites deviennent une priorité pour les clients. Les hôtels investissent dans du matériel de sécurité en tout genre : caméras, scanners, portiques… La formation du personnel dans les techniques de prévention s'intensifie. Faire revenir les incentives à moyen terme n'est plus envisageable. Les land-rovers, qui se comptaient par centaines dans la région de Tozeur, disparaissent, récupérées par les compagnies de leasing ou vendues au plus bas prix. Les longues caravanes de voitures qui vrombissaient sur les dunes du désert laissèrent place au silence. Habituellement silencieux, le musée du Bardo se transforme en lieu de pèlerinage, visité par les officiels. Le site est convoité par les ambassades et les ONG pour l'organisation d'évènements institutionnels. De toutes les crises, celle du Covid fut la plus dévastatrice. Les rassemblements, les rencontres, l'accueil et la convivialité qui représentent le cœur de l'activité de l'agence se transformèrent en un mauvais plan à éviter. Le confinement, le couvre-feu et les restrictions sanitaires furent à l'origine d'une réduction significative du volume de l'activité. Etranglées par la chute de la demande et une quasi-absence des aides, un grand nombre d'agences furent contraintes à la fermeture. La reprise de l'activité fut timide. Les tests rapides, le marquage au sol, la distribution de produits d'hygiène sanitaire, les réunions en mode virtuel… devinrent les services incontournables à proposer aux clients. Le rebond économique après la crise sanitaire se fait toujours attendre. La révolution du 25 juillet 2021 est la dernière révolution en date. Celle qui se veut révolution du changement et de la reconstruction. Avec de la volonté et du travail, notre infrastructure dédiée aux évènements sera renforcée, nos universités formeront les prochains hauts cadres de l'évènementiel, le sud tunisien retrouvera une desserte aérienne internationale qui lui permettra de retrouver sa compétitivité. Alors que la conjoncture économique a toujours suscité des craintes, nous avons toujours veillé à garder le pied sur l'accélérateur, nous avons toujours veillé à être grands. Cette révolution nous rendra-t-elle encore plus grands ! En attendant, nous ne nous sommes pas vus grandir. A tous ceux qui nous ont fait confiance, à nos clients, partenaires, collaborateurs, fournisseurs … Merci infiniment !
