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Sfax, victime des flux migratoires subsahariens irréguliers
Publié dans Leaders le 29 - 06 - 2023

Par Arselène Ben Farhat - Le dimanche 23 juin 2023 à Sfax, plusieurs associations civiles ont organisé un grand rassemblement devant le gouvernorat pour manifester contre l'impuissance des autorités à gérer les masses d'immigrés africains qui arrivent chaque jour à Sfax et envahissent le centre-ville et la banlieue de la capitale du sud. Les manifestants ont dénoncé les graves conséquences d'une telle immigration irrégulière dont les premières victimes sont les immigrés eux-mêmes (misère, exploitation, racisme, conditions de logement insalubres, salaires indécents, etc.). Les manifestants ont également exprimé leur colère face à la situation dramatique des Sfaxiens dans certains quartiers populaires.
Pour les manifestants, les bénéficiaires de cette situation tragique ne sont ni les Sfaxiens, ni les immigrés mais les trafiquants, les passeurs, les esclavagistes, etc. C'est pourquoi les slogans lancés au cours cette manifestation ne ciblent pas vraiment les immigrés africains, mais les organisateurs de l'immigration clandestine. Ils ciblent aussi l'incompétence de certains responsables qui ne prennent pas les mesures nécessaires pour affronter ce fléau. Nous citerons à titre d'exemple les slogans suivants: «Protégez Sfax», «Protégez les frontières de notre pays», «Appliquez la loi», «Rétablissez de nouveau le visa». «Contrôlons l'accès au territoire tunisien», «Non au racisme», «A bas les racistes», «Luttons contre l'immigration irrégulière», etc. Tous ces slogans sonnent comme des cris de colère, des cris de désespoir, des appels au secours émis par les Sfaxiens.
Zied Mallouli, l'un des organisateurs principaux de cette manifestation, a déclaré aux différents journalistes présents à cette manifestation: «Notre objectif n'est pas politique, mais civique. Nous voulons sauver Sfax de l'immigration subsaharienne qui engendre des problèmes socio-économiques, sécuritaires et sanitaires. Nous sommes contre le racisme et contre l'exploitation des étrangers, mais nous n'acceptons pas l'immigration illégale et anarchique imposée à notre ville. Nous demandons une gestion rationnelle et humaine de la question migratoire. Il est donc urgent qu'on nomme un gouverneur à Sfax pour résoudre tous ces problèmes.»
Nous notons que l'immigration n'est pas un problème propre à Sfax, mais elle concerne tout le pays. En fait, depuis des siècles, la Tunisie est considérée comme une terre d'hospitalité et d'asile pour toutes les communautés. C'est un pays ouvert sur le monde, accueillant et respectueux des droits des étrangers. Avec l'aggravation de la situation économique, le covid et la guerre en Ukraine, la Tunisie est devenue, au cours de ces dernières années, le principal point d'attraction des émigrants Africains qui souhaitent partir en Europe.
Plusieurs facteurs expliquent le choix de notre pays: d'abord, il dispose de deux façades maritimes constituées de 1148 kilomètres de côtes difficiles à surveiller et à maitriser efficacement. Ensuite, la Tunisie est séparée de l'Europe par 140 kilomètres au niveau du canal de Sicile, une distance importante, mais qui n'empêche pas les émigrés à s'aventurer et à risquer leur vie, en traversant la méditerranée sur des barques de fortune. Cependant, c'est la suppression du visa d'entrée dans le territoire tunisien pour les ressortissants de nombreux pays subsahariens, Côte d'Ivoire, Sénégal, Niger, Mali, etc., qui a eu un grand impact sur l'augmentation spectaculaire du nombre des Africains qui viennent en Tunisie. En 2023, leur présence est devenue lisible et plus massive. A titre d'exemple le nombre des émigrants ivoiriens peut être considéré comme un indicateur intéressant. Rihab Boukhayatia, affirme, en 2022, dans une étude intitulée «Migrants ivoiriens en Tunisie: la voie de non-retour», que «20.000 Ivoiriens vivent en Tunisie, dont les trois quarts sont en situation irrégulière.» L'auteur de cet article s'est fondé sur les propos de Seri Soka, le Président de «l'Union des Ivoiriens en Tunisie» . Ce nombre est certainement plus élevé aujourd'hui, mais comment l'établir? Il n'existe pas de données statistiques précises, car la plupart sont en situation irrégulière. Ils ne disposent ni de carte de séjour, ni de permis de travail. Il est, dans ce cas, difficile de cerner leur nombre et leur projet. Vont-ils rester en Tunisie ou tenter de partir vers l'Europe?
Trois grandes villes vont attirer ces Africains: Sfax, Tunis et Sousse. Elles se situent sur la côte et elles peuvent être des zones de transit vers l'Europe. Mais, le niveau de vie est élevé et les loyers sont trop chers à Tunis et à Sousse. De plus, l'accès à la mer est plus surveillé. C'est donc Sfax qui va séduire la plupart des immigrants. Ils viennent en groupes, accompagnés de leurs épouses et de leurs enfants et s'installent dans les quartiers les plus pauvres.
La conséquence est terrible: en 2023, Sfax n'est plus Sfax. Elle offre le spectacle désolant d'une ville submergée par une immigration clandestine massive difficile à endiguer. «Bab Jebli» est engorgé par des marchands ambulants africains. Les lieux publics, les jardins, les avenues, les stations sont également envahis par des subsahariens. La première impression du promeneur au centre-ville est l'étonnement face à ce grand nombre des migrants subsahariens en augmentations permanente à Sfax alors qu'on note leur faible visibilité, il y a une année. Que s'est-il passé? Comment s'explique une telle présence?
Manifestement, le choix de notre ville n'est pas gratuit. D'une part, Sfax est la 2ème grande ville où il est très facile de trouver un logement à bas prix dans les quartiers populaires. D'autre part, Sfax offre de nombreuses opportunités de travail permettant la préparation des traversées clandestines vers l'Italie. Les Subsahariens constitue une main-d'œuvre précieuse ils acceptent d'exercer les métiers les plus pénibles notamment dans l'agriculture, le bâtiment, la pêche ou la restauration. Enfin, il y a tout au long de la route de Sidi Mansour (20 km) et de la cote qui sépare Sfax et Mahdia (120 km) et Sfax et Skhira (80 km), de très nombreux minuscules, petits ports de pêche qui peuvent être propices à des tentatives de départs vers l'Europe:
«Située à environ 200 km de l'île italienne de Lampedusa, Sfax est considérée comme le point de départ privilégié des embarcations de migrants vers l'Italie. Les garde-côtes évoquent une hausse de 300% des départs dans cette région du centre-est de la Tunisie par rapport à 2022.»
Les Sfaxiens éprouvent un malaise profond face à ces pauvres émigrés déracinées, misérables, délaissés à leur triste sort par leur pays. Ils arrivent à Sfax et s'installent dans les quartiers populaires comme «Hawmat Chichma», «El Haffara», «Hay Drabek», «Hawmat Touffaha», etc. Tous ces quartiers sont très pauvres, en marge de la vie politique et économique du pays mais ils ont leurs règles, leurs coutumes et leur éthique que viennent briser ces émigrés. Une tension s'instaure entre les diverses communautés africaines dans ces lieux sensibles. Plusieurs vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent des disputes qui dégénèrent en de vraies batailles entre des groupes d'Africains utilisant des barres de fer, des couteaux et d'autres armes blanches. Les habitants sont abasourdis par ce déferlement de violence, mais se sentent impuissant face à ces Africains, torses nues, déchainés, lançant des mots incompréhensibles. Après avoir prévenu la police, ils se limitent à regarder ce spectacle tragique sans rien comprendre.
Quelles sont les causes de cette violence? Ces gens sont-ils du même pays? D'où viennent leurs armes blanches? Vont-ils attaquer les habitants des quartiers? Comment se protéger?
En somme, l'immigration subsaharienne irrégulières est un fléau qui menace Sfax s'il continue à s'étendre si rapidement. Il serait faux de croire qu'il est possible de l'abolir totalement et qu'on peut mettre un terme définitivement aux flux migratoires. De grands pays ont construit des murs infranchissables et ils ont échoué. Cependant, certaines mesures doivent être prises rapidement. Les Africains doivent faire une demande de visa pour pouvoir circuler librement en Tunisie. Le but n'est pas de leur interdire l'accès à notre pays, mais de découvrir leur profil et de limiter leur séjour à trois mois. Par ailleurs, il faudrait appliquer la loi n° 96-62 du 15 juillet 1996, qui introduit plusieurs restrictions concernant l'emploi des étrangers, essentiellement l'article 258-2: «Tout étranger qui veut exercer en Tunisie un travail salarié de quelque nature qu'il soit doit être muni d'un contrat de travail et d'une carte de séjour portant la mention "autorisé à exercer un travail salarié en Tunisie"». L'application stricte de cette loi permet d'éviter l'exploitations de ces Africains par des entrepreneurs sans scrupules.
Lutter contre l'immigration irrégulière, c'est lutter contre le travail clandestin, contre le racisme, contre la montée de la violence et des tensions. Lutter contre l'immigration irrégulière, c'est aussi permettre aux Sfaxiens de retrouver leur sérénité et leur joie de vivre dans leur magnifique ville: Sfax.


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