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Foued Mebazaa: Passeur de transition
Publié dans Leaders le 20 - 05 - 2025

Doucement, le sourire aux lèvres, il s'est éteint, le soir chez lui à Carthage, entouré de l'affection des siens. Foued Mebazaa était dans sa discrétion naturelle, sa modestie habituelle. Même si elles n'ont pas bénéficié d'une cérémonie officielle de la République reconnaissante, ses funérailles, simples, n'en étaient pas moins empreintes d'émotion et de considération. Le chef de l'Etat, Kaïs Saïed, n'a pas manqué pas de se rendre à son domicile pour présenter ses condoléances à sa famille.
D'un long parcours de près de 50 ans au service de la nation, les Tunisiens retiennent surtout de lui l'épopée footballistique en Argentine en 1978, et sa présidence par intérim de la République en 2011.
«C'est vous qui assurerez la présidence de la République par intérim», lui intimera d'emblée le vendredi 14 janvier 2011, en fin d'après-midi, Sami Sik Salem, haut gradé de la Sécurité présidentielle, en présence du président de la Chambre des conseillers et du Premier ministre, tous les trois convoqués au palais de Carthage, alors que l'avion de Ben Ali avait à peine décollé. Foued Mebazaa voulait bien passer le tour, arguant de son état de santé. Abdallah Kallel, piaffant d'impatience, se proposait pour occuper la charge, alors que Mohamed Ghannouchi observait prudemment la scène, devant s'assurer d'une vacance provisoire ou définitive du pouvoir. «Non, c'est de la compétence du président de la Chambre des députés», tranchera Sik Salem.
«Président malgré lui», porté par ses charges à assumer les fonctions suprêmes, il finira par acquiescer et s'investir. Ses toutes premières décisions seront de suspendre la Constitution de 1959, de dissoudre le parlement et de lancer le processus pour l'élection d'une Assemblée nationale constituante, devant investir un président provisoire de la République. Les surprises et les embûches ne manqueront pas. Fin février 2011, le Premier ministre Mohamed Ghannouchi, menacé en direct sur la chaîne télévisée nationale de pendaison par un énergumène se prétendant «la voix de la révolution», jettera l'éponge, épuisé par tant de harassements, édifié par cette violence pouvant aller jusqu'à son assassinat.
Dans la solitude absolue du pouvoir, Foued Mebazaa devait choisir en son âme et conscience un compagnon de route capable de former et de diriger le gouvernement et d'assurer à ses côtés cette redoutable transition, stabilisant un pays dans l'œil du cyclone. Sa pensée ira directement à Béji Caïd Essebsi. Tout deux issus du même moule destourien et bourguibien, ils étaient liés par une longue amitié, un profond respect mutuel et une totale confiance. Par deux fois, Béji Caïd Essebsi avait été son patron: Béji, ministre de l'Intérieur et Foued, directeur général de la Sûreté nationale (1965 -1969), puis Béji ministre des Affaires étrangères, et Foued ambassadeur auprès de l'ONU à Genève. Leurs relations étaient encore plus renforcées par une action commune dès l'édification du nouvel Etat.Le duo fonctionnera en toute cohérence. Foued Mebazaa instaurera d'emblée les règles des relations entre la présidence de la République et celle du gouvernement, traçant clairement les périmètres respectifs, insufflant concertation, échanges et fluidité. Une synergie totale, une «complicité parfaite», malgré quelques divergences de points de vue.
Règle principale, tout soumettre en débat au conseil des ministres et se conformer à la décision collective prise. Mais aussi prêter attention à la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, présidée par Yadh Ben Achour.
«Institution révolutionnaire», pluraliste dans sa composition, elle contribuera par la production de textes fondamentaux qui seront promulgués en décrets-lois et guideront la formation de la future Constituante. Rafaâ Ben Achour, qui a été son proche conseiller, le notera.Deux grandes pierres d'achoppement viendront susciter de grandes controverses. D'abord, l'intégration de tous les agents temporaires et travailleurs occasionnels et de la sous-traitance dans la fonction publique. La pression de la rue et de l'Ugtt était si forte que le gouvernement a fini par plier. Puis, la promulgation d'une amnistie générale qui «par inadvertance» n'a pas exclu de la grâce les terroristes salafistes aux mains ensanglantées par des assassinats commis contre des Tunisiens.
Mais, Foued Mebazaa s'attachera à sauver l'essentiel : stabiliser le pays et le conduire vers des conditions apaisées afin de tenir le scrutin du 23 octobre 2011 pour l'élection de la Constituante. La Troïka formée par Ennahdha, Ettakatol et le CPR, majoritaire, choisira Dr Moncef Marzouki en tant que président provisoire de la République. Investi par l'ANC et ayant prêté serment, il s'empressera de rejoindre en ce mardi 13 décembre 2011 le palais présidentiel de Carthage, drapé dans son burnous, pour prendre ses nouveaux quartiers, quitte à arriver avant l'heure prévue. Un autre homme était aussi impatient que lui ce jour-là dans la cour d'honneur du palais. Pressentant une arrivée furtive du nouveau locataire, Foued Mebazaa était prêt depuis plus d'un quart d'heure pour transmettre le relais au Dr Moncef Marzouki. Il l'introduit au palais, s'installe avec lui sur deux fauteuils faisant face-à-face devant le bureau utilisé jadis par Ben Ali, et aura avec lui un bref entretien en tête-à-tête, dans une haute tradition républicaine. Marzouki raccompagnera le président par intérim jusqu'à sa voiture. Avec le sentiment du devoir accompli, Mebazaa regagnera son domicile, pour s'installer dans un total détachement du pouvoir et s'imposer une obligation de réserve.«Président malgré lui», Foued Mebazaa a refusé de s'installer dans le fauteuil de Bourguiba, comme le soulignera Férid Memmiche. Il choisira un bureau dans le bâtiment érigé sur la colline dans l'enceinte du palais, réservé au cabinet présidentiel. Jamais il ne mettra les pieds dans le palais présidentiel, ses appartements, son centre sportif ou autres, ni dans la résidence Dar Essalem réservée au chef de l'Etat. Il donnera sans doute des instructions pour s'assurer que l'intendance veillait au grain, et la seule fois qu'il « descendra » au palais, c'était juste la veille de la transmission du pouvoir pour vérifier que tout était au point. Son attention sera retenue par un portrait de Bourguiba, dessiné sous des traits hideux, accroché sur ordre de Ben Ali dans le patio d'entrée, pour souligner son âge avancé. Il demandera qu'on le décroche, ce qui sera fait sur-le-champ.Chaque jour, son chauffeur le déposait à 9 heures précises à l'entrée du cabinet présidentiel pour emprunter l'ascenseur le conduisant à l'étage où se trouvait son bureau. Très fatigué les premiers jours, ployant sous le poids de la charge qui lui est dévolue et appréhendant de mauvaises surprises, Foued Mebazaa s'efforçait de contenir ses souffrances. Progressivement, son état de santé s'améliorera, et redoublant de courage et d'énergie, Mebazaa s'emploiera à s'acquitter au mieux de sa mission. Restant au bureau jusqu'à une heure tardive le soir, il recevait ses visiteurs, examinait ses dossiers, téléphonait aux uns et aux autres, arbitrait des conflits et donnait ses instructions, ne laissant rien traîner. Son directeur de cabinet, Mondher Rezgui, en témoignera.Son seul moment de répit, si possible, c'est le dimanche matin. Prenant son couffin, il se faisait conduire au marché de La Marsa pour effectuer lui-même ses courses, discutant avec les vendeurs et les concitoyens. Emplettes faites, il se rendait chez son coiffeur de longue date, prenait une chaise devant le salon, devisant de tout et de rien avec des amis, saluant d'humbles passants qui voulaient se prendre en selfie avec lui, embrassant affectueusement leurs enfants.L'après-midi est consacré au foot, à la famille, aux amis… Ainsi était Foued Mebazaa dans l'exercice de son intérim à la présidence de la République. Le jour d'après, il restera le même, comme il l'avait été avant, depuis toujours. A chaque Aïd, tôt le matin, il était le premier à appeler parents, amis, camarades d'enfance, compagnons de route, anciens collaborateurs et autres, pour leur présenter ses meilleurs vœux. Modeste, sincère, fidèle, Foued Mebazaa était dans cette rare finesse et grande bonté. Nous ne le remercierons jamais assez !
Taoufik Habaieb
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