La décision du Qatar d'offrir un avion de type Boeing 747 aux Etats-Unis pour être utilisé temporairement comme nouvelle version d'Air Force One continue de susciter des interrogations. Face aux critiques, le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères qatari, Sheikh Mohammed bin Abdulrahman Al Thani, a défendu mardi 20 mai ce geste diplomatique lors du Forum économique du Qatar, affirmant qu'il s'agissait d'un acte "normal entre alliés" dans le cadre des relations bilatérales avec Washington. Selon lui, ce don s'inscrit dans une coopération militaire établie de longue date entre les deux pays. « Il s'agit d'une transaction normale entre les ministères de la Défense des deux pays. Elle fait partie de notre coopération stratégique et de notre partenariat avec les Etats-Unis », a-t-il affirmé devant un parterre d'hommes d'affaires et de décideurs politiques réunis à Doha. Un geste apprécié mais controversé L'affaire a pris de l'ampleur après que Donald Trump lui-même a confirmé la réception de l'appareil, précisant que ce Boeing 747 remplacerait temporairement l'actuelle Air Force One, en service depuis plus de 40 ans. L'ancien président américain a qualifié l'initiative qatarie de « magnifique geste qui ne pouvait être refusé ». Toutefois, il a tenu à souligner qu'il ne prévoyait pas d'utiliser personnellement l'avion s'il ne redevenait pas président. Pour Trump, ce don constitue une réponse pragmatique au retard de livraison du nouveau modèle commandé par le Pentagone auprès de la société Boeing, accusée de délais importants dans la modernisation de la flotte présidentielle. Une opération à forte portée symbolique Le don d'un avion à un pays comme les Etats-Unis, première puissance militaire mondiale, a été interprété par plusieurs analystes comme un symbole fort de la diplomatie d'influence du Qatar, en particulier auprès des anciennes et potentielles futures élites dirigeantes américaines. Doha, qui entretient depuis des décennies des liens étroits avec les administrations américaines successives, accueille d'ailleurs le plus grand camp militaire américain au Moyen-Orient : la base d'Al Udeid. Pour ses détracteurs, l'initiative soulève des questions sur l'usage politique de la coopération militaire, en particulier à une époque où les tensions régionales persistent et où la neutralité diplomatique est scrutée de près. D'autres y voient une stratégie d'anticipation de l'après-Biden, alors que Donald Trump est à nouveau candidat à la présidence américaine en 2024. En défendant cette donation comme un acte logistique courant entre deux alliés stratégiques, le gouvernement qatari tente de désamorcer toute lecture politique trop appuyée. Reste que le geste, aussi rare que symbolique, illustre l'agilité diplomatique de Doha, habituée à conjuguer influence économique, coopération sécuritaire et gestion habile des relations avec les puissances internationales. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!