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L'analphabétisme n'est pas que dans les chiffres
Publié dans Business News le 20 - 05 - 2025

Le chiffre de la semaine est indéniablement le taux d'analphabétisme annoncé par l'INS lors de sa conférence du week-end.
On aurait pu croire qu'en 2025, la Tunisie aurait définitivement tourné la page de l'analphabétisme. Qu'après 70 ans d'indépendance, et des générations entières passées par les bancs de l'école républicaine, ce fléau ne serait plus qu'un lointain souvenir. Mais voilà que l'Institut national de la Statistique (INS) vient, sans trembler, d'annoncer que 17% de la population tunisienne est analphabète. Un chiffre « scandaleux », pour reprendre le mot sec et juste de Faouzi Ben Abderrahmen. L'ancien ministre de l'Emploi ose mettre les pieds dans ce marécage : la Tunisie souffre d'un illettrisme intellectuel qui dépasse largement les pauvres 17% de ses analphabètes déclarés. Et il a raison de s'en indigner : ce n'est pas un taux, c'est un échec national.

Derrière les pourcentages, des reculs flagrants
17% ne serait pas un chiffre très alarmant si on le comparait avec des pays où le système éducatif est très peu développé, comme le Tchad (35% d'alphabétisation) ou le Mali (33%). Mais la Tunisie s'est toujours vantée d'avoir misé sur l'éducation et le facteur humain comme sa plus grande richesse, et les chiffres ont longtemps conforté cette fierté. Depuis l'indépendance, le taux d'analphabétisme est passé de près de 85% à 17% aujourd'hui. On pourrait parler d'une évolution plus que louable, si on ignorait le fait qu'en 2024, ce taux était de seulement 12,7%. Qu'est-ce qui s'est passé entre-temps ?
Dans le pays des droits de la femme — là où les féminicides se multiplient et où les disparités économiques sont criardes — ce taux atteint 22% pour les femmes, contre seulement 12% pour les hommes. Là aussi, il y a lieu de se poser des questions.

Une faillite silencieuse : celle de la pensée
Le plus alarmant est, en réalité, bien ailleurs. Il ne figure pas dans les tableaux Excel de l'INS, mais dans les travers de la société tunisienne. Il se lit dans la valeur de notre éducation, dans le poids de nos diplômes, dans la manière dont nous exploitons nos acquis au quotidien. Il est aussi perceptible dans le rapport des Tunisiens à l'information et à la pensée critique. Qu'en est-il de l'analphabétisme linguistique, numérique, technologique, qui ronge le pays comme un poison lent ? Qu'en est-il du déclin des branches scientifiques et du rejet croissant des mathématiques? Ces citoyens incapables de passer sans dire « sobhanallah » face à des énormités en ligne, rejetant tout raisonnement logique, qui likent des images d'un prétendu nom du prophète sur une tomate, qui versent des fortunes aux charlatans et s'abreuvent d'émissions télé-poubelles où des maris violents sermonnent leurs épouses battues.
Celui qui fait que des millions de citoyens, pourtant scolarisés, sont incapables de comprendre un article de presse, de décoder un discours politique ou de distinguer une information fiable d'un hoax Facebook. Celui qui transforme l'école en fabrique de diplômes creux, et l'université en machine à produire des chômeurs diplômés mais désarmés face au monde réel. Désarmés face aux choix politiques, ceux qui ont d'abord encensé l'islam politique — le parti de Dieu — pour remettre la société sur le droit chemin, et qui se sont ensuite réfugiés dans le camp du gouverneur-unique pour assainir ce qui devait être karchérisé. Oui, car ce sont souvent les mêmes.

L'Etat compte, mais ne comprend pas
On aime se gargariser de taux de scolarisation ou de nombre d'étudiants à l'université. Mais combien lisent un livre par mois, ou même par an ? Combien sont capables de formuler une opinion fondée, de confronter des idées, de penser contre eux-mêmes ? Combien, même parmi les élites, confondent l'invective avec l'argument, ou le slogan avec la pensée ? Le drame est là : l'illettrisme mental touche bien plus que les 17% de l'INS. Il s'infiltre partout, des réseaux sociaux aux plateaux télé, des discours officiels aux copies de bac.
Et que fait l'Etat ? Il compte, il mesure, il recense. Mais il ne comprend pas. Il ne veut pas voir que, derrière le vernis statistique, la culture s'effondre, l'esprit critique se raréfie, et la pensée devient suspecte. L'INS ne demande pas combien débattent d'idées, s'informent ailleurs que sur TikTok ou Facebook. L'école n'enseigne plus à penser : elle coache pour réussir un concours ou une dictée. On évalue le niveau scolaire à la capacité à mémoriser, non à comprendre.

C'est une société qui déclame son amour du savoir mais fuit les livres ; qui crie à l'injustice mais ne lit pas les lois ; qui exige des droits mais méprise le savoir. Et cette société-là, hélas, ne fait pas que stagner : elle recule.


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