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Tunisie, Egypte, Méditerranée : l'Europe doit agir et vite !
Publié dans Leaders le 14 - 02 - 2011

Nous, membres du Comité de parrainage politique de l'Institut de prospective économique du monde méditerranéen (IPEMED), saluons et soutenons la rupture historique qui vient de s'opérer en Tunisie, et l'extraordinaire courage de son peuple, jeunes, hommes et femmes !
C'est un bouleversement majeur dont les effets sont d'ores et déjà ressentis dans tout le sud et l'est de la Méditerranée à commencer par l'Egypte dont le peuple revendique, lui aussi, le changement. Ces mouvements spontanés marquent une aspiration profonde à la fin de la période post-coloniale et à la modernité politique, économique et sociale. Avec ce mur de la peur qui vient de tomber, la fierté des peuples est restaurée et de nouvelles perspectives s'ouvrent pour l'ensemble de l'espace euro-méditerranéen.
En Europe, comme ailleurs, le silence ou l'indifférence sont intolérables. Il faut prendre l'exacte mesure de ce qui se passe au sud de la Méditerranée. La paupérisation des populations et la désespérance économique et sociale comme le refus du népotisme, de l'affairisme et de la prédation, qui ont affecté toutes les catégories sociales, expliquent l'intensité du rejet des régimes en place. Mais il y a plus. Le manque de dignité et de libertés individuelles, le viol constant des droits fondamentaux de la personne humaine et l'aspiration à l'Etat de droit, poussent les populations à prendre leur destin en main et à démontrer qu'aucune dictature n'est éternelle.
Il ne faut pas se leurrer. Le chemin vers des systèmes politiques légitimes est semé d'embuches. C'est pourquoi l'Union européenne doit sortir de son silence et prendre d'urgence ses responsabilités. Il faut aider la Tunisie dès aujourd'hui notamment dans le domaine économique pour éviter de faire déraper la transition qui s'engage. Des mesures concrètes peuvent être rapidement décidées. La Banque centrale européenne comme la Banque européenne d'investissement ont ainsi la possibilité de proposer des mécanismes de soutien aux acteurs et institutions économiques tunisiens. Ce serait un signal clair adressé aux marchés financiers et aux agences de notation dont certaines ont salué le processus de démocratisation en dégradant la note souveraine de la Tunisie…
L'Europe doit aussi s'engager sur le plan politique. Il ne s'agit pas pour elle de se focaliser uniquement sur l'organisation et le déroulement d'élections transparentes. Il faut aussi et surtout des mesures d'accompagnement et de soutien aux processus de transition. Dans le respect de la souveraineté des Etats du Sud et sans paternalisme, l'Europe doit dorénavant contribuer à la modernisation des paysages politiques et soutenir la mise en place de mécanismes de bonne gouvernance et de construction d'un champ politique pluraliste. Ses leaders doivent multiplier les démonstrations pour signifier que ces populations et leurs leaders ne sont pas seuls dans les défis qu'ils affrontent. Mais ce n'est pas seulement l'affaire des gouvernements. En Europe, les parlements, les partis, les fondations politiques, et les ONG, sans oublier les collectivités locales, doivent aider à l'émergence de structures politiques et à l'organisation des sociétés civiles. Tout cela passe par la nécessité d'une nouvelle offre européenne à la mesure de l'enjeu et liée à la reconnaissance et au soutien de la transition démocratique. Une offre qui doit notamment intégrer le développement de coopérations techniques, l'attribution plus systématique de bourses d'études pour les étudiants et les fonctionnaires du Sud, ainsi qu'une plus grande souplesse dans l'octroi des visas.
Mais il faut aller plus loin. La démocratisation des rives sud et est de la Méditerranée et au-delà de toute l'Afrique, est un enjeu stratégique pour l'Union européenne toute entière. Il lui faut donc admettre qu'il existe entre les rives sud et nord de la Méditerranée un socle d'aspirations et de valeurs communes. Les populations du Sud ne cessent de réclamer leur droit à l'Etat de droit et à l'alternance politique. L'Europe doit les entendre et accorder un soutien accru aux sociétés civiles qui, jour après jour, clament leur soif de changement et démontrent avec courage leur maturité. De même, doit-elle prendre conscience que la région euro-méditerranéenne a besoin d'une politique plus ambitieuse. Une intégration régionale plus poussée entre les deux rives de la Méditerranée permettrait à toute l'Europe et à l'Afrique de mieux affronter les défis de la globalisation.
L'enjeu est crucial, les pistes sont nombreuses, c'est pourquoi nous pensons qu'il est urgent qu'un Conseil européen exceptionnel soit réuni pour prendre la mesure de la situation au sud de la Méditerranée et pour décider d'une politique de voisinage aussi ambitieuse et volontariste que celle qui concerne les pays d'Europe de l'est. Il faut que ce Conseil exceptionnel lance l'idée de politiques euro-méditerranéennes communes sur l'eau, l'énergie et la sécurité alimentaire. Un débat stratégique, auquel doit être nécessairement associée la Turquie, acteur clé de toute la région euro-méditerranéenne, sur une nouvelle approche de l'UE au sud de la Méditerranée démontrerait que les Européens sont à la hauteur des enjeux.
En 1988, face au soulèvement de la population algérienne, nous n'avons pu mesurer la demande légitime de justice, de liberté et d'alternance politique, vingt-deux ans plus tard faisons en sorte que nous ne commettions pas les mêmes erreurs. Trop de morts ont montré le coût exorbitant des impasses politiques et de la cécité internationale. L'Europe doit être au rendez-vous de ce chapitre de l'histoire méditerranéenne et mondiale que la révolution tunisienne est en train d'écrire.
Signataires :
George Corm (Ancien Ministre, Liban), Kemal Dervis (Ancien Ministre des Affaires Economiques, Turquie), Iqbal Gharbi (Universitaire, Tunisie), Günter Gloser (Député au Bundestag, Allemagne), Elisabeth Guigou (Vice-présidente de l'Assemblée nationale, France), Abderrahmane Hadj Nacer (Ancien gouverneur de la Banque d'Algérie), Mouloud Hamrouche (Ancien Premier ministre, Algérie), Jean-Pierre Jouyet (Président de l'AMF, France), Denis MacShane (Député à la Chambre des Communes, Royaume-Uni), Fathallah Oualalou (Ancien ministre des Finances, Maroc), Josep Piqué (Ancien ministre des Affaires étrangères, Espagne), Carmen Romero López (Députée européenne, Espagne), Javier Solana (Ancien haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune en Europe, Espagne), Hubert Védrine (Ancien ministre des Affaires étrangère, France).


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