La deuxième édition des "entretiens de la Méditerranée" a été organisée, mardi à Hammamet, les 25 et 26 Mai courant, sous le Haut Patronage du Président Zine El Abidine Ben Ali, à la veille du sommet des chefs d'Etats des pays de l'Union Pour la Méditerranée. Ils rassemblent d'éminentes personnalités politiques à savoir M. Mohamed Ghannouchi, Premier ministre, des chefs d'entreprises et des experts de renom. Cette édition se tient à l'initiative de l'Institut Arabe des Chefs d'Entreprises et l'Institut de Prospective Economique du Monde Méditerranéen, en collaboration avec l'Institut Européen de la Méditerranée. Lors de la séance d'ouverture, M. Mohamed Ghannouchi a indiqué que toute augmentation de 1% du taux de croissance du PIB des pays du sud et de l'est de la Méditerranée entraîne une croissance de 0,2 à 0,3% en moyenne du PIB des pays de la rive nord de la Méditerranée. Inversement, toute croissance de 1% du PIB de l'Union Européenne se traduit par une augmentation de 0,4 à 0,6% du taux de croissance du PIB des pays méditerranéens. Ainsi, se confirme la nécessité impérieuse qu'il y aurait de consolider les fondements d'un partenariat euro-méditerranéen actif et durable. Nonobstant ce fait, a souligné le premier ministre, les investissements européens dans le Sud et dans l'Est de la Méditerranée sont restés modestes. De même, les échanges commerciaux entre les pays de la rive sud de la Méditerranée demeurent faibles, au-dessous de 7%. Le soutien financier européen aux pays du Sud et de l'Est de la Méditerranée est, lui aussi, resté limité en dépit de l'amélioration constatée en la matière à la suite de la conclusion des accords d'association, notamment dans le cadre du programme MEDA et du mécanisme financier de la politique de voisinage. Il apparait aussi que le processus de Barcelone n'a pas tenu ses promesses en termes de réduction de la fracture de développement avec l'élargissement de la disparité du revenu par tête d'habitant entre les pays du Nord et ceux du Sud de la Méditerranée. Face à ce constat, il s'agit donc de promouvoir une nouvelle vision basée sur des stratégies à même d'accélérer le rythme d'intégration économique de l'espace euro-méditerranéen d'une manière qui soit profitable à tous, au nord comme au sud de la Méditerranée. La nouvelle vision doit prendre en compte les évolutions que connaissent la plupart des pays du sud et de l'est de la Méditerranée et les changements survenus au niveau de la structure de leurs économies et de leurs sociétés respectives, à la lumière des réformes fondamentales qu'ils ont menées au cours des deux décennies écoulées. Cette démarche a permis d'accélérer le rythme de croissance, d'élever la compétitivité et de polariser davantage d'investissements extérieurs vers ces pays, lesquels ont atteint au cours de la période 2006-2009, quelque 160 milliards de dollars. «Notre destin, dans l'espace euro-méditerranéen est, donc, de raffermir davantage les relations de coopération à tous les niveaux, d'explorer toutes les voies et modalités possibles de complémentarité et d'imbrication des intérêts et de mettre à profit tous les moyens et toutes les potentialités afin de consolider les fondements d'un ensemble régional solidaire et en mesure d'interagir avec les données et les réalités du monde d'aujourd'hui, lesquelles se distingue par le durcissement de la concurrence et l'avènement de grandes puissances économiques dotées d'un potentiel de production gigantesque et d'une compétitivité croissante», a ajouté M. le ministre. Aussi, la vision commune de l'espace euro-méditerranéen doit-elle prendre en considération l'inéluctabilité du renforcement de l'interconnexion des économies des pays du nord et du sud de la Méditerranée. Ceci favorisera la création, par les deux parties, de nouvelles opportunités de croissance, compte tenu de l'impact positif qu'une telle démarche ne manquerait pas d'avoir sur l'accroissement des échanges commerciaux entre les deux rives et l'amélioration de la compétitivité face aux autres espaces.
Adopter des stratégies communes dans des domaines prioritaires L'ambition de la Tunisie est d'adopter des stratégies communes dans des domaines prioritaires dont notamment la protection de la Méditerranée contre la pollution tant ce bassin constitue notre héritage commun et notre espace vital dont dépendent notre présent et notre avenir. Il s'agit, également, de promouvoir des projets communs dans le domaine de la recherche scientifique et l'innovation technologique, ce qui implique le renforcement des liens et du partenariat entre les centres et les unités de recherche des deux rives de la Méditerranée, la mise en place d'un réseau euro-méditerranéen à cet effet, la valorisation des brevets d'invention, le développement de la coopération et l'échange d'expertise entre les pôles technologiques dans les divers pays de l'espace euro-méditerranéen et la promotion des unités de recherche-développement dans les entreprises économiques, et en particulier celles opérant dans les secteurs porteurs et les activités innovantes. Il est tout aussi important de resserrer les liens et la coopération entre les établissements universitaires, notamment à travers l'échange de professeurs et d'étudiants, le renforcement et l'homologation des diplômes universitaires communs, outre le développement de la coopération et du partenariat en matière de certification de la compétence au profit des diplômés de l'enseignement supérieur dans les filières scientifiques et technologiques. A ce propos, il est extrêmement important de hâter le lancement des projets prévus dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée, notamment les autoroutes maritimes, l'interconnexion électrique et l'accroissement du haut débit de l'Internet, et ce, en parallèle avec la mise en niveau des infrastructures des pays du sud de la Méditerranée, notamment les autoroutes et les voies ferrées. Il y a un réel besoin, a relevé le ministre, de renforcer les mécanismes de financement existants, en permettant aux pays du sud de la Méditerranée ayant fait des progrès importants sur la voie de l'intégration dans l'espace euro méditerranéen de bénéficier du concours des fonds structurels européens et des agences européennes spécialisées, afin qu'ils puissent accélérer leur rythme d'intégration dans cet espace. Il y a aussi nécessité de créer une banque euro-méditerranéenne de développement pour soutenir les efforts déployés en matière d'amélioration des infrastructures, de développement des ressources humaines et de promotion de l'initiative privée, outre la création et l'innovation. Les opérateurs économiques et les hommes d'affaires des deux rives de la Méditerranée ont un rôle essentiel à jouer pour consolider les communications entre eux, explorer encore plus d'opportunités et possibilités de réalisation de projets communs, de tirer profit des mécanismes adoptés en matière de règles du cumul d'origine et de s'insérer dans les réseaux euro méditerranéens de marketing et de distribution. Le premier ministre a indiqué que les entreprises économiques dans l'espace euro-méditerranéen sont, elles aussi, appelées à s'ouvrir davantage sur les marchés hors de cet espace, notamment les marchés africains, et d'y réaliser des projets communs. L'interdépendance et l'imbrication des entreprises des deux rives de la Méditerranée ont désormais de grandes opportunités pour s'affirmer dans maints secteurs, comme c'est le cas, en particulier, de l'industrie du textile et de l'habillement qui offre de grandes possibilités et d'importantes perspectives de complémentarité dans le cadre de l'espace euro méditerranéen, ce qui permet de la diversifier davantage et d'en accroître la valeur ajoutée. De grandes possibilités existent, aussi, dans le secteur des services, étant donné le potentiel des pays du sud de la Méditerranée en termes de ressources humaines répondant de plus en plus aux exigences de la nouvelle économie. M. Ghannouchi a affirmé, en conclusion, que notre espace dispose d'atouts suffisants qui l'habilitent à constituer un pôle de développement en mesure de rayonner et d'influer à l'échelle planétaire. ------------------------------------------------------------------------ 3 Questions à M. Adrianus Koetsenruijter, Ambassadeur, Chef Délégation de l'UE en Tunisie
«Le statut avancé ne peut qu'améliorer la situation de la Tunisie»
* Qu'en pensez-vous de la question de la mobilité? Dans toutes les sociétés de la région méditerranéenne, il faut bien suivre et préparer les peuples aux conséquences et à l'acceptation des migrations constantes et croissantes. Les cultures ne restent pas uniformes et les mélanges des coutumes et des religions seront des défis importants pour tous. On voit déjà les effets et les difficultés d'une population importante musulmane en Europe. Demain, ces problèmes se poseront aussi dans les pays musulmans avec les migrants d'origine des pays chrétiens. De ce fait, La mobilité est très importante et inévitable. Néanmoins, on est en train de chercher le régime sans visa. Cela demande la conviction des politiciens qui ne veulent même pas en parler. L'entrée en Europe est encore difficile. *A votre avis, la Tunisie peut-elle avoir un statut avancé? On va continuer à travailler sur ce sujet jusqu'à la première réunion au début de l'année prochaine, surtout que le statut ne peut qu'améliorer la situation de la Tunisie. Cette dernière peut, à mon avis, avoir un statut avancé. *Quelle est la position de l'Union Européenne face aux allégations d'une certaine pseudo opposition qui s'oppose à l'octroi par l'UE du statut avancée à la Tunisie? A vrai dire, je ne partage pas l'opinion de cette opposition. Je suis tout à fait d'accord pour l'octroi par l'UE du statut avancé à la Tunisie. Parce qu'elle le mérite tout simplement. ------------------------------------------------------------------------
3 Questions à M. Tarek Chérif, Vice-président de l'IACE
«Environ 1 milliard d'euros pour créer et proposer le maximum des projets communs»
*Pouvez- vous nous donner un aperçu sur ces entretiens de la Méditerranée? Après la 1ère édition organisée à Marseille, la 2ème constitue une occasion d'avoir la possibilité de se connaitre, de promouvoir des projets communs pour la région. Dans cette région, nous avons besoin d'une taille critique à peu près de 1 milliards pour toute la méditerranée. A cet effet, nous essayons de positiver les moyens pour créer des projets qui peuvent être créés, ensemble, dans cet espace et qui seront plus rentables au niveau de la richesse et d'emploi. *Ces projets sont- ils en phase de concrétisation? La Communauté Européenne a mis à notre disposition un montant qui table à hauteur d'1 milliard d'euros pour créer et proposer le maximum de projets possibles. Il y a aussi une évolution qui se fait positivement donc il ne faut pas se focaliser sur les problèmes politiques, mais il faut faire avancer les projets économiques. *Parmi les projets communs, peut- on citer la banque de développement? Oui, c'est vrai. On a besoin de créer une banque euro-méditerranéenne de développement afin de soutenir les efforts déployés en matière d'amélioration des infrastructures, de développement des ressources humaines et de promotion de l'initiative privée, outre la création et l'innovation entre les deux rives de la Méditerranée.