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Mohamed Amouri
Publié dans Leaders le 23 - 01 - 2009

Il y a quelques jours, France 2 diffusait dans le cadre de son émission "Télématin", un reportage sur le dernier né de la chaîne Hasdrubal Prestige à Djerba, un centre Thalasso pas comme les autres, né de l'imagination de son directeur, Raouf Amouri, digne fils de son père, Si Mohamed Amouri, pionnier de l'hôtellerie de luxe en Tunisie: une unité entièrement dédiée à l'eau sous trois formes: eau thermale, eau douce et eau de mer. Une grande première dans le monde de la thalasso. Car chez les Amouri, on a la religion du travail bien fait et on est bien conscient que pour se maintenir en pole position sur ce créneau, il faut sans cesse innover, anticiper. Au sein du Groupe, "L'imagination est au pouvoir" pour reprendre le fameux slogan. Si Mohamed qui a su inculquer à sa progéniture les valeurs du travail, de l'amour de la patrie, la recherche de l'excellence, recueille, aujourd'hui, les fruits de cette éducation, car les qualités dont a fait montre Raouf en lançant ce nouveau joyau de l'hôtellerie tunisienne, il les tient essentiellement d'un père dont le parcours, exemplaire, doit être médité par tous et surtout par les jeunes parce qu'il est riche en enseignements dont ils gagneraient à en faire leur profit.(Leaders)
C'est dans les somptueux bureaux de la Société d'Exploitation Touristique (SET) donnant directement sur le lac de Tunis que Mohamed Amouri nous a entretenu de sa longue carrière dans le domaine touristique, une carrière faite de succès et jalonnée de projets portant le sceau d'un fin connaisseur dans son domaine.
Dans cette ambiance feutrée, il n'est pas difficile de repasser le film de sa jeunesse, de ses débuts dans ce domaine dont «on n'avait strictement aucune idée mais dont on entendait parler par bribes et d'une manière occasionnelle», nous confie–t-il.
Il n'avait que 17 ans quand son frère aîné décida de l'envoyer à l'étranger poursuivre des études supérieures en hôtellerie. C'était en 1957. La Tunisie faisait alors son entrée dans le cercle des pays indépendants et l'Office du tourisme fraîchement tunisifié publiait dans les journaux des annonces pour recruter de jeunes diplômés dans ce nouveau secteur.
Deux années d'études à l'Ecole Hôtelière de Strasbourg et des stages en Grande Bretagne et en République Fédérale d'Allemagne notamment, lui ont permis d'obtenir un diplôme fort prisé lui permettant d'arracher un premier job : Réceptionniste à l'hôtel «Les Palmiers» à Monastir. Une unité toute neuve dont l'inauguration revêtait, se rappelle–t–il, un caractère national et à laquelle fut invité Bourseau, le puissant président de la Fédération Française de l'hôtellerie.
Dans cet hôtel, se souvient–il non sans nostalgie, on se relayait, on faisait le réceptionniste, l'économe, la caisse, etc. ; l'objectif étant de satisfaire la clientèle, ne cessait de nous répéter le directeur de l'hôtel, M.Amédé Richard. «Ce papillonnement d'un service à l'autre, nous avait valu, à mon collègue Skander Ben Ayed et moi, de débourser la quasi totalité de notre paie pour combler le déficit de la caisse et demander à nos parents de l'argent de poche», ajoute–t–il, le sourire aux lèvres.
Une année plus tard, il est affecté à l'hôtel «Le Ribat», à Monastir où tout le monde le prenait pour le directeur de l'hôtel alors qu'il n'en était que le réceptionniste.
Son élégance et ses fréquents changements de costumes finirent par lui causer de sérieux problèmes avec le directeur de l'hôtel, un suisse qui fut soulagé de le voir muté à l'hôtel «Mabrouk» à Sfax, sa ville natale.
Pas pour longtemps puisque quelques mois plus tard, il partait pour Aïn Draham, où la S.H.T.T., la société– mère, venait de prendre en charge l'hôtel «Les Chênes» avec des villas d'anciens colons situées dans le col des ruines.
De nouvelles charges autrement plus importantes l'attendait.
Il s'agissait de rénover l'hôtel et de réaménager les chalets pour en faire de véritables résidences dont l'une présidentielle qu'on dénommait villa : «Hortensia».
Pris entre deux feux, celui du gouverneur de la région qui n'était pas au courant des travaux entrepris et lui demandait d'arrêter et son propre Président Directeur Général qui le sommait d'achever au plus vite les travaux engagés, Mohamed Amouri dut quitter précipitamment Aïn Draham pour éviter d'être emprisonné. Seule l'intervention du ministre de l'intérieur devait mettre fin à ce bras de fer.
De Aïn Draham, il est muté, en juin 1963, à Monastir pour diriger, cette fois, les hôtels «Esplanade» et «Le Ribat».
Une situation confortable dans un secteur promis à une belle destinée et où le goût du luxe et du tourisme haut de gamme allait être accentué par l'opération «Palace». On avait tellement peur de ne pas être à la hauteur qu'on en confia la gestion à la société allemande «Steigenberger» qui, quelques mois plus tard, décevait tout le monde. Déclenchée le 6 avril 1964, l'affaire Steigenberger allait chambarder tous les programmes de Mohamed Amouri qui projetait de se marier 4 jours plus tard. De Monastir, il passa à Djerba pour diriger L'Ulysse Palace repris à la société allemande qui dirigeait l'hôtel d'une manière plutôt cavalière. Aucune comptabilité n'était tenue. Aucun registre n'était à jour. Seuls, les cadres allemands pullulaient, contrastant avec l'absence des tunisiens.
Il prit une pause de moins de 24 heures, le temps de se marier au «Miramar» et revenir tard dans la soirée du 10 avril, à l'Ulysse Palace poursuivre son travail, un travail forcement acharné pour redresser la barre et rattraper le temps perdu.
A cette époque, le tourisme tunisien faisait un bon départ et visait une clientèle fortunée pour laquelle on sacrifiait tout. Les couverts étaient en argent et le service au guéridon. On avançait lentement et la capacité d'un hôtel, qui dépassait rarement les 50 lits, atteignait, avec les palaces, plus de 150 lits. Une prouesse stoppée par la vague de collectivisme que Mohamed Amouri tient pour responsable de la dégradation et de la qualité du service et de celle de la clientèle, et pour cause ; n'avait–on pas décidé de fixer un coût plancher du lit qui ne devait en aucun cas dépasser mille dinars ?
Ce fût l'opération «Tanit» qui, tout en sonnant le glas du tourisme de haut standing, annonçait l'avènement du tourisme de masse. Pour lui, ce fût la descente aux enfers pour le tourisme tunisien. Il n'était pas d'accord et l'avait prouvé d'une manière on ne peut plus claire. En décidant de réintégrer le siège de la S.H.T.T. en qualité de Directeur d'exploitation. Le socialisme s'immisçait dans sa manière de gérer l'Ulysse Palace et le Tanit dont il est à nouveau le patron après un bref passage au Miramar (1965) auquel on lui adjoint le Tanit, Hammamet (1966). Après trois années à la S.H.T.T., il finit par démissionner pour participer à l'édification, en association avec son frère Omrane de l'hôtel «Les Colombes» et re-dynamiser «voyages 2000», propriété depuis 1962, de ce même frère. Cela ne l'occupa guère. Aussi, cumulait-il ces fonctions avec celle de Directeur de la Fédération Tunisienne de l'Hôtellerie (F.T.H.) puis de Secrétaire Général de la même Fédération qui eut le mérite de doter la F.T.H. d'un siège social, l'actuel situé au 63, rue d'Iran. Cela ne l'occupa guère. Aussi, prit–il en gestion quelques unités dont notamment «Hammamet Beach», «Shems» à Gabès» ou encore «Dar Hôtel», à Borj Cedria.
Ce n'est qu'en 1978 que germa en lui l'idée de créer sa propre Société hôtelière. Après s'être séparé de son frère, il créa la Société d'Exploitation Touristique -SET- et commença par gérer l'hôtel Karawan, à Sousse, la Médina, à Djerba et le Néapolis, à Nabeul.
Loin de se satisfaire de la masse de travail qu'il abattait quotidiennement, il sentait que quelque chose lui manquait, que quelque part, il n'était pas satisfait, et que gagner de l'argent n'était pas tout. Il lui fallait créer ses propres unités, les concevoir et en suivre l'édification pierre par pierre.
Le lancement du complexe «El Kantaoui» fut, pour lui, une aubaine. On le sollicita pour l'édification d'une unité.
Il ne refusa pas. Sa contribution propre ne s'élevait qu'à 15% du montant global du capital. Une chance. Fin 1981, le premier Hasdrubal naquit. Une unité 4 étoiles d'une capacité de 474 lits et d'un coût de 6 millions de dinars.
Le luxe y était certes et y est toujours mais pas le raffinement et Mohamed Amouri se rattrapa, en 1990, en édifiant le Hasdrubal–Djerba, une unité 5 étoiles d'une capacité de 430 lits pour un coût total de 14 millions de dinars. C'était mieux qu'à Sousse mais moins bien qu'à Hammamet–Yasmine où, naissait en 1999, le 3ème Hasdrubal de la chaîne avec en prime la plus grande suite du monde que le «Guiness Book» n'a pas omis d'enregistrer.
Fait exclusivement de suites s'étendant sur plus de 64 mille mètres carrés, cette unité, compte 430 lits et a coûté la bagatelle de 66 millions de dinars. La prochaine, programmée à Djerba sur le terrain de l'ancienne unité «La Médina» s'étendra sur une superficie de 10 hectares. «Un espace pouvant contenir jusqu'à 1200 lits mais sur lequel je n'édifierai que 400 lits», aime–t–il à dire avec beaucoup de satisfaction.
Comment peut–il en être autrement lorsqu'on sait que d'autres hôteliers sont en train de s'inspirer de ces unités.
Un nivellement par le haut qui lui fait plaisir ?
Comment peut–il en être autrement lorsqu'on sait que le luxueux «Hasdrubal–Yasmine» ne se contente pas d'honorer ses engagements avec les banques mais génère des bénéfices ? Pourquoi ne serait–il pas satisfait, lui le grand aventurier du secteur touristique en ce début du 3ème millénaire, lorsqu'on sait qu'il est sollicité par les banques pour des crédits toujours plus importants pour des projets plus grands, plus risqués et plus luxueux ?
Preuve que le luxe paie. Un luxe qu'il a toujours cultivé. Jeune encore, il engloutissait une bonne partie de sa paie chez Max, jouxtant le Café de Paris, pour porter les costumes les plus chers. Adulte, il se découvrit une passion sans limite pour l'art et acheta les tableaux des plus grands peintres tunisiens si bien qu'il dispose aujourd'hui d'une belle collection d'une valeur inestimable. Son premier tableau est un Hatem Mekki qu'il acheta, en 1972, à 300 dinars. Une petite fortune.
De cette riche collection, ses enfants Raouf, Rym et Dora éditent un beau livre qu'ils dédient à leur père en lui promettant de se consacrer «à conserver et enrichir ce patrimoine artistique». Aujourd'hui, ce sexagénaire, toujours élégant, courtois et affable, collectionne les hôtels de luxe, les gèrent sous le label «Hasdrubal Thalassa & Spa Hôtels» exception faite du Hasdrubal Thalassa–Hammamet» qui a pu rejoindre la prestigieuse chaîne d'hôtels haut standing «The leading Hotels of the World».
Cela aussi, est un luxe que peu d'hôteliers tunisiens peuvent se permettre.

Par Mohamed BARGAOUI
in– "Tourisme Tunisien 1956-2006 : Figures de Proue – 286 p. Tunis 2006"


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