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Tunisie: le chemin de la démocratie est-il encore long?
Publié dans Leaders le 01 - 03 - 2011

Alors que la majorité des Tunisiens aspirent à voir leur pays se transformer en une démocratie le plus tôt possible, d'aucuns craignent un retour vers un système politique autocratique similaire à celui sous lequel nous avons vécu depuis l'indépendance. La démocratie et l'autocratie sont deux formes de gouvernance politique radicalement différentes, qui se situent aux deux extrémités du spectre de la gouvernance politique. Leurs principales différences sont liées notamment à la manière dont le pouvoir est acquis et transféré, à la manière dont celui-ci est exercé et contrôlé, et à la place de l'opinion publique et des intérêts privés dans le processus de prise de décision. Dans une démocratie, comme la Suède ou l'Australie, il existe des institutions solides qui garantissent la participation des citoyens à un processus politique libre et équitable; l'accès au pouvoir exécutif se fait à travers des élections libres et transparentes; le système dispose également de contre-pouvoirs capables d'empêcher tout abus de pouvoir de la part de l'exécutif.
En contraste, dans une autocratie, les citoyens sont empêchés de participer à la vie publique; le pouvoir s'acquiert selon des règles bien définies au sein de la famille ou de l'establishment politique en place; enfin, les contre-pouvoirs réels de l'exécutif sont quasi inexistants. La Tunisie sous Ben Ali en est un exemple. Malgré leurs différences fondamentales, ces deux systèmes de gouvernance sont perçus comme étant comparables en tant que sources de stabilité et d'efficacité dans le maintien de l'ordre social. La Tunisie n'était-elle pas perçue pendant les longues années du règne de l'ancien président déchu comme un havre de stabilité et de paix sociale!
Néanmoins, un pays n'est pas forcément démocratique ou autocratique. Plusieurs pays ont des systèmes politiques regroupant des caractéristiques démocratiques et d'autres qui sont typiques d'une autocratie; le type idéal de gouvernance démocratique n'est que rarement observé. Un pays dans une situation intermédiaire entre la démocratie et l'autocratie est communément appelé anocratie. Il ne s'agit pas d'un système de gouvernance choisi par les élites politiques comme s'ils optaient choisissent pour un système autocratique ou démocratique, mais plutôt le résultat du passage d'un système autocratique vers un système démocratique. Dans une anocratie, la gouvernance politique n'est ni autocratique ni démocratique, mais une combinaison de pratiques démocratiques et d'autres qui sont autocratiques. Dans un tel système, les institutions ne sont pas efficaces; le régime politique n'est pas stable et le transfert du pouvoir d'un parti politique à l'autre n'est pas sans risques. En particulier, le régime politique est vulnérable face aux coups d'Etat militaires ou à l'ascension d'une personne qui concentre la plupart des pouvoirs entre ses mains au nom d'une certaine légitimité religieuse, laïque, historique ou autre. La Turquie des années 1980 et 1990 et l'Iran peuvent être cités comme exemples.
En Tunisie, le saut direct de l'autocratie vers la démocratie auquel les Tunisiens aspirent ne semble pas réalisable, et un passage obligé par une situation d'anocratie semble se profiler dans l'horizon. Le bras de fer que nous observons aujourd'hui entre le gouvernement de transition et ses opposants n'augure pas d'une transition facile et rapide vers la démocratie. En plus de la crise de confiance entre elles, les deux parties semblent en désaccord total sur la manière d'assurer cette transition. D'autant plus, mêmes lorsqu'elles sont réunies dans un même front politique temporaire, dicté par les circonstances actuelles, que les différentes formations politiques sont généralement en crise de confiance entre elles. L'éternelle crise de confiance et les différences de vision entre islamistes, d'une part, et laïques, d'autre part, sera déterminante dans la vitesse à laquelle le pays avancera dans son chemin vers la démocratie. La mise en place des réformes politiques ne sera pas une tâche facile étant donné les profonds désaccords entre les différents acteurs politiques et sociaux. L'absence d'un modèle de transition dans les pays de la région arabe ayant les mêmes attributs culturels et sociaux rend la tâche encore plus ardue. Pire, certains pays de la région ont intérêt à ce que la transition vers la démocratie ait lieu!
Le projet “Polity IV” mené par le “Center for Systemic Peace” de l'Université George Mason analyse l'évolution des régimes politiques dans le monde depuis 1800 jusqu' à 2009. En 2009, sur un total de 162 pays, seuls 23 avaient des régimes politiques autocratiques, comparés à 89 en 1977. En 2009 également, 92 pays ont été classés comme des démocraties. Le monde d'aujourd'hui est donc majoritairement démocratique, et l'histoire semble être du côté de la démocratie. N'est-ce pas une bonne nouvelle pour la Tunisie! Hélas, 47 pays ont été classés comme anocraties en 2009, c'est- à-dire des Etats fragiles et instables politiquement et socialement. Les analyses historiques montrent également que les anocraties ont trois fois plus de risques que les démocraties de faire marche arrière et de retourner à un régime autocratique.
La question qui vient tout de suite à l'esprit est: Qu'est ce qui a provoqué ces progrès de la démocratie dans le monde? La réponse serait d'ordre économique: le développement économique est un facteur déterminant dans le processus de démocratisation. L'émergence et surtout la viabilité de la démocratie dans un pays donné dépend largement de sa richesse économique. Une des études suggère que la démocratie a de fortes chances de perdurer lorsque le pays a un produit intérieur brut (PIB) par habitant d'au moins $6.000, et qu'elle a de faibles chances de survie lorsque le PIB par habitant est moins que $1.500. Le PIB par habitant de la Tunisie est actuellement de l'ordre de $4,160, assez proche de celui de la Thaïlande, qui est perçue comme un pays œuvrant en permanence à stabiliser son système politique, malgré les nombreux coups d'Etat et contre coups d'Etat militaires observés de temps en temps. Nous sommes malheureusement encore loin du niveau du développement économique de la Malaisie ($ 7.755) ou de la Turquie ($ 10.207) qui semblent avoir retrouvé une certaine stabilité politique et sociale tout en étant démocratiques.
Le chemin de la démocratie est peut être encore long, mais, ce qui est certain c'est que la marche a commencé, et ceci grâce au brave Mohamed Bouazizi et à tous les glorieux martyrs de la révolution.
Mohamed Belkhir
(Universitaire basé aux Emirats Arabes Unis)


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