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Al-Iskander Rekik : Etats-Unis, Genève et les pays du Golfe : il renonce à sa carrière, pour lancer un parti politique
Publié dans Leaders le 19 - 06 - 2011

L'abord agréable d'un golden boy new-yorkais et le verbe arabo-musulman moderniste puisé au fond du terroir bien de chez-nous, Al-Iskander Rekik, fils de chauffeur de louage et d'une mère éducatrice, s'investit pleinement dans la transition démocratique. A la tête du parti l'Alliance nationale pour la paix et la prospérité (ANPP) qu'il a fondé avec des camarades partageant les mêmes idéaux, il introduit une note moderniste de communication politique qu'il entend être la plus sincère possible et surtout des idées très claires.
Pendant ses années d'études aux Etats-Unis, il s'était déjà engagé dans les rangs d'Amnesty International, au sein de la communauté arabo-musulmane de Washington et les mouvements d'étudiants musulmans. Ami personnel du fils de Mahatir Mohamed, premier ministre et artisan de la réussite de la Malaisie, il suivra de prés cette transition et en appréciera la pertinence. Etabli en Tunisie après de longues années aux Etats-Unis, en Europe, dans les pays du Golfe et des missions partout en Afrique et en Asie, il avait hissé sur ses épaules, vendredi 14 janvier, devant le ministère de l'Intérieur, son ami Me Raouf Ayadi (CPR) pour s'adresser aux foules.
Interview-récit de son parcours, de son parti, de son programme et des premières décisions qu'il prendrait si, le 24 octobre, il serait porté chef du Gouvernement.


Quel a été votre parcours?

Je suis issue d'une famille modeste de Sfax qui sue pour gagner son pain quotidien. Mon père était en effet chauffeur de louage alors que ma mère (Dieu la bénisse) était surveillante. Ma mère, dans l'enseignement, nous a accordé tout l'intérêt qu'il faut pour persévérer et réussir dans nos études, surtout moi, l'ainé du trio. J'ai ainsi obtenu brillamment mon bac Math-technique avec à la clé une bourse aux Etats-Unis pour des études d'ingénieur.

Au fait, j'avais en tête de devenir pilote mais, finalement, c'est dans l'ingénierie que j'ai atterri et j'ai suivi un parcours en génie industrielle et pétrochimie.

Je me rappelle très bien de ma vie universitaire répartie entre les études et le travail pour survivre. J'ai pu même me marier en 1987 avec mes économies personnelles, alors que je n'avais que 22 ans. Même mon père était en ce moment-là en faillite suite à l'échec d'un petit projet qu'il venait de monter. Mon gendre a accepté d'accorder la main de sa fille à un étudiant dont le père était en faillite. Je ne saurai que lui être reconnaissant pour cette confiance. De toutes les façons, ce n'était pas l'unique charge que j'assumais. L'année suivante, ma sœur cadette m'a rejoint aux Etats-Unis, vite rejointe l'année d'après par le benjamin de la famille. Par ailleurs, ma première fille, Maryem était née en 1988 alors que la seconde, Asma, en 1990. Donc, en cette année (1990), j'étais déjà responsable d'une famille de six personnes (mon couple, mes deux filles, mon frère et ma sœur). J'avais à subvenir à leurs besoins et à réussir mon Master.

Après les petits métiers de l'université, (j'avais notamment participé aux enchères des voitures d'occasion contre une commission s'élevant alors à 200 $/voiture), ma première véritable expérience professionnelle avait eu lieu en 1990 avec une société française de forage au Texas. Mais elle s'était arrêtée deux ans plus tard et j'avais décidé en 1992 de rompre avec le statut d'employé.

Fort de mes qualifications en ‘Business administration' et ‘management', j'ai commencé depuis 1992 à mettre sur pied des entreprises aux Etats-Unis et contribué en tant qu'expert à des projets pour la Banque mondiale, le fonds mondial de secours (World Relief Fund) et quelques Ambassades Arabes a Washington.

En 1995 je me suis installé au Koweït ou J'ai mené divers projets pour les pays du Golfe, notamment pour le compte des gouvernements du Koweït, des Emirats Arabes Unis et du Qatar, ainsi que pour de nombreuses missions diplomatiques. J'ai par ailleurs organisé de nombreuses campagnes marketing, et conduit de nombreux missions éducatives et programmes de formation en Chine, au Kenya, en Tunisie et en Suisse pour des étudiants et les hommes d'affaires en management, en gestion de ressources humaines et en leadership. Enfin, j'étais à la fois l'homme d'affaires et l'expert.
Comment s'est opéré votre retour en Tunisie ?

Deux facteurs ont été derrière mon retour en Tunisie en 2003. D'une part, les événements du 11 septembre 2001 ont influé sur ma position aux Etats-Unis. J'ai du ainsi vendre ma participation dans une entreprise de Télécommunication et de Marketing ayant une présence à Houston et à Orlando en Floride, ainsi qu'à Genève, en Suisse, pour venir m'installer en Tunisie. D'autre part, et c'est ce qui avait définitivement scellé ma décision, mes filles grandissaient. Je tenais à ce qu'elles vivaient leur métamorphose sociale en Tunisie. J'avais peur pour elles. Je tenais à ce qu'elles s'imbibaient de cette culture tunisienne avec ses valeurs et son essence spirituelle. Je ne les voyais réussir dans la vie sans ce passage tunisien, obligatoire à mes yeux. Ce furent ces deux raisons qui étaient derrière mon retour en Tunisie en 2003. Certes, je ne me suis pas vraiment installé en Tunisie. En tant que ‘strategic planner', j'ai supervisé plusieurs projets, notamment à Abou Dhabi. Mais, je suis tranquille pour mes filles, elles ont pu accéder aux acquis culturels fondamentaux dans leur éducation. Elles sont certes rentrées aux Etats-Unis après leur Baccalauréat mais, comme des jeunes filles posées respectant les valeurs arabo-musulmanes de leur culture d'appartenance.

Pourquoi avez-vous créé l'ANPP ?

J'ai omis de vous dire que depuis mes premières années aux Etats-Unis, j'étais militant avec l'Union des Etudiants Musulmans et la Ligue des Jeunes Etudiants Arabes. J'avais noué des relations avec des étudiants de diverses nationalités, notamment des Malais. Ils étaient près de 25.000 Malais alors que les Tunisiens n'étaient que quelques centaines. Ces Malais m'avaient impressionné par leur apport dans l'édification de leur pays. Mes amis d'université y ont largement contribué. Ils occupent aujourd'hui des postes importants. J'étais par ailleurs ami avec le fils du leader Mahatir Muhamed.

A la fin de mes études universitaires, J'ai milité dans les rangs d'Amnesty International, au sein de la communauté arabo-musulmane de Washington où nous avions lutté pour défendre les prisonniers politiques et les victimes de la torture en Tunisie et dans toutes les Pays Arabes. J'ai du bien-sur utiliser un pseudonyme pour éviter les réactions de la dictature pendant les années de plomb.

Mais une fois de retour en Tunisie, et armé de mes convictions démocratiques, je ne pouvais survivre longtemps en feignant d'ignorer la dictature qui m'entourait. Même le travail ne me permettait plus de tout oublier. Je sais pertinemment que j'ai réussi dans la vie. Mais que valait ma réussite matérielle alors que je ne parvenais pas du tout à m'exprimer. J'étais un être humain handicapé de sa pensée libre et j'avais décidé de retourner aux Etats-Unis pour quelques années durant l'été précédant la révolution. Au moins, je serais auprès de mes filles.

Et, à la surprise générale, la révolution éclatait. J'étais alors aux premiers rangs, le 14 janvier. Ce jour-là, j'avais porté M. Abderraouf Ayadi (CPR) sur mes épaules pour qu'il s'adresse à la foule devant le ministère de l'Intérieur.

Après la chute du régime de Ben Ali, je me sentais dans le devoir de rendre service à mon pays pour l'aider à accéder au rang des pays démocratiques. Surtout que j'étais en possession des éléments fondamentaux pour réussir en politique : d'abord, la volonté de servir son pays et les idées pour concrétiser. Ensuite, le temps car la politique accapare ; Et moi, j'étais pratiquement à la retraite. Enfin, les possibilités financières, indispensables en politique. Ce serait de l'ingratitude envers son pays que de ne pas chercher à faire valoir ses idées dans un parti pour quelqu'un dans ma situation. C'est la raison pour laquelle, j'ai participe à la création de l'Alliance nationale pour la paix et la prospérité (ANPP).

Quelles sont vos relations avec la mouvance islamique ?

Je tiens d'abord à préciser que je suis un musulman pratiquant et que j'essaie de faire prévaloir les normes d'excellence dans ma vie, même dans le cadre de ma lutte quotidienne contre les divers appels au mal et à la nuisance. Le respect des valeurs est d'une importance capitale pour moi. Je ne suis certes pas un saint mais je me sens très attaché à Dieu et j'essaie de parvenir autant que possible à la correction dans mon comportement. Ceci ne m'a certes pas empêché de m'attacher aux valeurs de liberté dans ma famille. Ainsi, deux de mes filles portent le voile alors que deux autres ne le portent pas. Je respecte le choix de chacune d'elles.

En politique, je prône également la correction et j'encourage ceux qui défendent les valeurs. Notre société est musulmane. Je n'approuve donc pas les propos qui essaient d'instaurer une différence entre musulman et islamiste. Une telle différence nuit à la société et n'aide qu'à installer du flou dans les esprits. Je respecte toutefois toutes les idéologies mais je suis plus proche de celles qui se réfèrent à notre identité Arabo Musulmane. Pour ce qui est d'Ennahdha, je considère que ce mouvement a bien milité contre Ben Ali. Il a même consenti beaucoup de sacrifices. Nous avons avec lui certaines similitudes mais, aussi, des points de divergence.

Si vous êtes porté chef du gouvernement, le 24 octobre, quelles sont les premières décisions que vous prendriez?

Je suis convaincu que l'Armée Nationale doit être la dynamo du processus de développement, non pas uniquement en œuvrant à garantir la sécurité et la quiétude des citoyens mais, aussi, en contribuant activement à la formation des ressources humaines nécessaires pour l'essor économique. Donc, la première mesure à annoncer sera d'appeler les jeunes diplômés chômeurs à rallier l'Armée pour une durée de deux ans afin d'enrichir leur formation scolaire et universitaire à travers le développement de leur savoir-faire professionnel et leur potentiel citoyen. Une telle décision aidera dans l'absorption du chômage et le développement du potentiel créateur du pays. Une rétribution financière sera bien-sur accordée à ces jeunes. Mais, ce que la jeunesse gagnera essentiellement, c'est plutôt au niveau du savoir-faire et de la personnalité.

En plus d'une telle décision dans le sens du processus révolutionnaire, plusieurs domaines nécessitent des interventions immédiates pour les remettre sur la voie. Le potentiel humain de la Tunisie a besoin d'essor pour stimuler la croissance avec comme slogan ‘l'efficacité au service de la patrie'. Lequel slogan se concrétise par, d'une part, un programme de formation intensive dans l'administration pour lutter contre la bureaucratie

Et, d'autre part, par l'envoi de 20.000 étudiants pour des Masters à l'étranger à la recherche d'un transfert technologique. Il faudrait aussi restructurer le système bancaire pour qu'il soit au service du développement. Il faudrait également donner de l'élan à l'action municipale et à celle du tissu associatif pour la mise en place d'une gestion participative de la communauté. Il faudrait enfin penser au développement durable en plantant un million de pieds d'oliviers et un million d'arbres fruitiers afin d'arrêter l'avancée de la désertification. D'autres mesures seront décidées dans des concertations régionales et de jeunesse pour choisir les programmes de lutte contre le chômage et le déséquilibre régional.


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