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M'Hamed Driss
Publié dans Leaders le 14 - 03 - 2009

Mhamed Driss, un capitaine d'industrie comme il y en a peu en Tunisie: à 86 ans, ce doyen des hommes d'affaires tunisiens n'a rien perdu de sa combativité. Alors que d'autres aspirent -à juste titre-à un repos bien mérité, il continue à avoir la haute main sur ses affaires et à échafauder des projets. Une belle leçon de courage et de ténacité.
Le Tenor rien ou presque ne prédestinait cet homme de taille moyenne à de telles réussites
* Né le 13 octobre 1923 à Sousse.
* 1943 : Commerçant en produits hydrauliques
* 1965 : Inauguration de l'hôtel «Marhaba», le premier de la chaîne.
* Fondation du «Comptoir National du plastique».
* Lancement d'un grand projet d'aquaculture.
* Actionnaire dans la compagnie «Nouvelair».
* Actionnaire dans le golf «Palm Links», à Monastir.
* Rachat de l'hôtel travaillant, aujourd'hui, sous l'enseigne du «Sheraton».
Issu d'une famille nombreuse (3 garçons et 4 filles) bien modeste qui accordait beaucoup d'importance à l'éducation de sa progéniture, M'hammed Driss, l'aîné, pensait qu'il n'était pas fait pour des études très poussées malgré l'insistance de son père, instituteur. Au lycée de Sousse, «je m'enfuyais de la classe pour éviter le supplice qu'étaient pour moi les cours» nous dit-il à la fois amusé et étonné par la fièvre des études qui prit ses enfants (Hichem, Zohra, Aïcha et Myriam).
Ce n'est certainement pas moi qui leur ai transmis ce virus, répète-t-il ironique, comme pour se disculper d'une charge retenue contre lui. La satisfaction qu'il a de sa progéniture ne fait pourtant pas l'ombre d'un doute.
En homme comblé, comme il nous l'a souligné lui-même dans sa suite à l'hôtel «Sheraton», sa propriété, M'hammed Driss, toujours égal à lui-même, a constamment eu la main heureuse ou plus exactement la Baraka, pour reprendre un terme bien de chez nous.
Très jeune, et plus précisément à l'âge de 20 ans, il commença sa vie professionnelle en tant que commerçant en équipements hydrauliques. La Tunisie venait juste de recouvrer son indépendance. Les affaires marchaient bien et l'espoir était permis d'autant que la nouvelle équipe dirigeante travaillait d'arrachepied pour la reconstruction du pays et son développement qui doit passer inévitablement par l'essor du secteur agricole. Politique rassurante, pensait-il à l'époque. Et il commença à se frayer un chemin dans un domaine lui permettant de vivre confortablement.
Mais c'était compter sans l'orientation socialiste dans laquelle le gouvernement allait s'engager et qui allait contraindre M'hammed Driss et bien d'autres hommes d'affaires à se reconvertir dans un autre secteur, l'un des plus méconnus puisque nouveau, le tourisme en l'occurrence. Son flair aidant, il allait y plonger mains pieds et poings liés. Il ne le regrettera pas. «J'ai investi dans ce secteur parce qu'une étude d'experts excluait ma ville natale d'une vocation touristique qui, pour moi, était évidente.Cette conclusion n'était pas juste et j'en ai donné la preuve irréfutable en investissant dans ce secteur».
Mais ce qui l'amena au secteur touristique, c'était surtout l'imposition du système des coopératives à tous les secteurs de l'activité économique. Seul le tourisme échappait à cette vague et M'Hammed Driss trouvait dans ce secteur le seul refuge et l'unique échappatoire.
Le 29 février Habib Bourguiba Jr, Conseiller auprès du Président de la République à l'époque posait la première
pierre du «Marhaba», nom qu'il choisit pour la petite unité de 50 chambres dont il entamait la construction en grande pompe. Le 29 mars 1965, le Président Bourguiba faisait le déplacement à Sousse pour l'inauguration du même «Marhaba» dont la capacité est passée à 900 lits.
M'Hammed Driss avait toutes les raisons d'être fier. On avait tous les crédits qu'on voulait, commente-t-il, et Abdelaziz Mathari, Président Directeur Général de la Société Tunisienne de Banque -STBétait constamment à notre écoute et mettait tous les moyens financiers de la banque pour la réalisation de nos projets, ajoute-t-il, satisfait d'avoir réussi à comprimer le coût du lit à 1.500 dinars seulement.
Une véritable prouesse à l'époque qui laissa pantois plus d'un promoteur.
Réalisant des bénéfices substantiels et ayant le vent en poupe, il continua sur la même lancée en réinvestissant les bénéfices, presque immédiats, dans l'édification de nouveaux établissements hôteliers tout en refusant les avances des tours Opérateurs qui, souligne-t-il, nous pressaient de construire à chaque fois de nouvelles unités. L'offre était nettement inférieure à la demande. Remplir un hôtel ne posait aucun problème. Bien au contraire on était en manque d'hôtels.
Homme dont le capital relationnel est très important, M'Hammed Driss jouait la transparence et obtenait en contrepartie l'adhésion des bailleurs de fonds à tous les projets qu'il entreprenait. On lui faisait confiance. Sa sérénité rassurait et sa modestie désarmait.
Aujourd'hui, il est à la tête d'un petit empire de plus de 8000 lits répartis sur une dizaine d'unités dont la commercialisation n'a quasiment pas posé de problèmes. Mieux encore, son groupe est le baromètre de toute la région touristique de Sousse. C'est son groupe «Marhaba» qui donne chaque année une idée aussi précise que possible des prix à négocier avec les T.O et autres agents de voyages. C'est aussi le groupe «Marhaba» qui s'est le plus reproduit, si on peut s'exprimer ainsi, pour construire des hôtels toujours plus beaux et d'un standing plus élevé avec toujours la même constante à laquelle il tient beaucoup, à savoir : la qualité de l'accueil.
C'est précisément pour cette raison qu'il a baptisé sa chaîne «Marhaba» (littéralement Bienvenue).
Aujourd'hui, on dénombre pas moins de 10 hôtels : L'Impérial Marhaba, Le Marhaba Palace, le Marhaba Royal Salem, le Marhaba Beach, le Tour Khalaf, le Tèj Marhaba, le Marhaba Salem, le Marhaba et le Marhaba Club.Tous édifiés en front de mer.
Un atout supplémentaire pour une meilleure qualité de service. Le second atout est la mise à niveau de toutes les unités du groupe afin de répondre aux exigences d'une clientèle qui n'a rien à voir avec celle des années soixante et soixante dix qui, elle, se contentait de peu et s'émerveillait à l'idée de voyager, de voir d'autres horizons et de se dépayser.
Homme courtois, affable et à la démarche majestueuse et quelque peu nonchalante, M'hammed Driss pensa très tôt à la diversification de ses investissements. «Non pas que j'avais peur de mettre mes œufs dans un même panier, mais pour m'essayer à d'autres domaines qui m'interpellaient en quelque sorte».
Son intérêt pour le secteur du plastique remonte au début des années soixante, années au cours desquelles il lança le «Comptoir National du plastique» incontestablement la plus grande usine de plastique du pays.
Quelques années plus tard, il poussa la diversification au secteur de la pêche et plus précisément à l'aquaculture en y investissant la bagatelle de six millions de dinars sans compter les crédits bancaires.Aujourd'hui cet investissement s'élève à 20 millions de dinars, précise-t-il.
Ce grand projet innovant et innovateur, il en parle avec émerveillement. C'est le projet le plus délicat et le plus risqué, dit-il, ajoutant qu'il peut-être très juteux comme il peut occasionner des pertes sèches de plusieurs millions de dinars en l'espace de quelques heures. Les 200 personnes qui travaillent dans ce projet doivent veiller au grain et être vigilant 24 heures sur 24 heures.
Poursuivant la diversification de ses projets, il se tourne, aujourd'hui vers l'agriculture en louant pour une période de 35 années, un domaine de l'état couvrant pas moins de 650 hectares plantés de citronniers, orangers, poiriers, etc. Il est également présent au capital de nombreuses compagnies : Sotrapil, ICF, Al Kimia, comme dans le secteur bancaire, notamment à Attijari Bank. Son mérite est d'avoir bien réparti la charge de la supervision de la gestion de ses différentes entreprises entre ses enfants et membres de sa famille.
Pour lui, le changement est radical. Habitué à voir devant lui des hôtels où le luxe le dispute au grouillement des touristes et du personnel, il se trouve devant ces immenses plantations où la nature impose sa loi faite de silence, de dépouillement et de simplicité. Il n'en est pas moins ravi de ce nouveau projet qui, souligne-t-il, marche et réalise des bénéfices alors que l'état n'en tirait pas un traître millime.
Mais cette diversification a également intéressé le secteur touristique lui-même. Son dada de toujours. Et ses autres activités ne sont en fait que de petites ou grandes parenthèses qui s'ouvrent et se referment aussitôt pour revenir aux origines… au tourisme et y investir et y réinvestir.
Ainsi, l'animation touristique qui constitue le maillon faible du tourisme tunisien l'interpelle : il construit «Marakana», une méga–discothèque, sans compter sa participation effective dans le centre d'animation dans la banlieue de Sousse, la perle du Sahel ainsi que dans le golf de «Palm Links» dans la zone touristique de Monastir.
Sur un autre plan, M'hammed Driss participe au capital de «Nouvelair», certes «pour participer à la consolidation de la première compagnie charter privée de la Tunisie» mais surtout par amitié pour Aziz Milad auquel il voue une grande admiration pour le sérieux qui a constamment accompagné son parcours. C'est un grand homme, souligne- t-il. Calme et serein, M'hammed Driss est certainement de la trempe de ceux qui ne cesseront, leur vie durant, de projeter, d'entreprendre et de réaliser des projets touristiques à Sousse et en dehors de Sousse puisque la dernière acquisition du groupe «Marhaba» n'est autre que l'hôtel «Sheraton».
Un grand nom de l'hôtellerie mondiale disposant de grands moyens de commercialisation, dit-il, mais aussi la preuve que M'hammed Driss, octogénaire est toujours à la barre. Il travaille la quasitotalité des jours de la semaine.
Même le dimanche. Car ce fut un dimanche en début d'après-midi qu'il nous avait fixé, un premier rendez-vous à l'hôtel «Marhaba», le premier de la chaîne, celui qui lui a certainement porté bonheur, celui qu'il préfère aux autres «Marhaba». Quelques heures plus tard, il s'est excusé pour ne pas rater le match que disputait l'Etoile Sportive du Sahel –ESS- contre une équipe africaine.
Pour lui, un match de l'ESS, c'est sacré. Comment voulez-vous que le premier supporter de l'équipe de la perle du Sahel rate une telle rencontre, lui qui n'en a jamais raté une ?
«Entre l'étoile et moi, c'est une longue et passionnante histoire d'amour» aime-t-il dire et répéter à ceux qui veulent l'entendre ajoutant que «ce qui est vrai pour moi est vrai pour toute ma famille : les weekend, nous vivons au rythme de l'étoile et nous vibrons avec elle».
Aimant par dessus tout son équipe, celui qui a cumulé pendant plusieurs années les fonctions de conseiller municipal de la ville de Sousse, de Président de la Fédération régionale de l'hôtellerie (aujourd'hui son fils Hichem lui a succédé à ce même poste) et de premier supporter de l'ESS, est très fier de sa progéniture. Et s'il n'affectionne pas de parler de succession, il semble avoir tout fait pour que chacun de ses enfants ait la société qu'il désirait.
Une sorte de partage naturel, commente-t-il ajoutant que chacun y trouve son compte et que celui qui gère actuellement des sociétés de moindre importance est automatiquement associé dans les autres sociétés et recevra, en conséquence, les dividendes. Mais au-delà de ces considérations, M'hammed Driss, l'homme à la main heureuse, est un homme comblé.

Par Mohamed BARGAOUI
in– "Tourisme Tunisien 1956-2006 : Figures de Proue – 286 p. Tunis 2006"


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