« Bizerte, otage de l'histoire », l'énième livre sur l'épisode le plus sanglant des rapports tuniso-français depuis le protectorat analysé par deux chercheurs français, Sébastien Abis auquel on doit, déjà, un ouvrage sur le même sujet préfacé par Béji Caïd Essebsi publié en 2004 et Damien Cordier-Féron. L'entretien Bourguiba-de Gaulle de Rambouillet en février 1961 avait donné à penser que les deux hommes étaient tombés d'accord sur le règlement de ce problème qui empoisonnait les relations entre les deux pays depuis la proclamation de l'indépendance, dès la fin de la guerre d'Algérie. Or des travaux d'extension de la piste d'atterrissage de la base aérienne au début du mois de juillet de la même année allaient mettre le feu aux poudres. Interprétant ce geste, comme une manifestation de la volonté de la France de rester à Bizerte, Bourguiba décrète le blocus de la base. Une mesure considérée comme un casus belli par de Gaulle. Aussitôt, des régiments de parachutistes stationnés en Algérie sont dépêchés sur les lieux avec pour mission de briser le blocus. Le 19 juillet 61 les forces françaises donnent l'assaut pour dégager la base. Les combats dureront 4 jours et feront des milliers de morts du côté tunisien, pour la plupart des jeunes destouriens qui servaient de boucliers humains, et à peine une cinquantaine du côté français. La base sera évacuée le 15 octobre 1963, mais l'affaire fera des vagues au sein de l'armée dont certains officiers estimaient qu'il ont été entrainés dans la guerre qu'ils n'y étaient pas préparés. Une tentative de coup d'Etat a été même fomentée en décembre 62 qui a été éventée in extrémis et ses auteurs condamnés à de très lourdes peines allant jusqu'à la peine capitale. Les deux auteurs reviennent par le menu détail sur ces différentes péripéties. Mais L'apport de ce livre, « Fruit de recherches menées des deux côtés de la méditerranée », est de « présenter, dans une démarche inédite, l'Affaire de Bizerte, dans un contexte historique global, en dévoilant, pour la première fois les projets démesurés que la France et l'OTAN entreprirent sur ce site stratégique exceptionnel » et qui expliquent en partie, les hésitations de Paris à évacuer la base. Bizerte, otage de l'histoire De la Seconde Guerre Mondiale aux indépendances du Maghreb, 231 pages 40 DT environ éditions de l'Harmattan 2011
