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Des héros parmi tant d'autres
Bizerte : il y a de cela 50 ans
Publié dans La Presse de Tunisie le 20 - 07 - 2011


Par Omar KHLIFI (cinéaste)
Le vendredi 21 juillet 1967, troisième jour de la bataille de Bizerte, devant l'avance mécanisée des troupes françaises et le harcèlement de l'aviation en terrain découvert, les officiers de la jeune armée tunisienne décident de placer des «bouchons» retardateurs formés de petits groupes de soldats sur les terrasses et les fenêtres des immeubles pour contrôler les artères principales de la ville et gêner la progression de l'adversaire afin de permettre aux troupes tunisiennes d'entamer, dans l'ordre, un repli stratégique vers la médina. En fin d'après-midi, un groupe de cinq soldats tunisiens prit position dans un immeuble qui fait l'angle de l'avenue Bourguiba et de la rue d'Algérie. L'avance des parachutistes fut difficile, des tireurs isolés les harcelaient de partout. Avançant par bonds successifs tout le long de l'avenue Bourguiba, les paras du Régiment de parachutistes d'infanterie de marine en tenues de camouflage, casquettes «Bigeart» vissées sur la tête, sûrs d'eux, pensaient pouvoir neutraliser sans difficulté les derniers nids de résistance. Brusquement, une longue rafale bien ajustée provenant d'un fusil-mitrailleur placé dans l'immeuble de la «Grande Teinturerie Populaire» soulève l'asphalte. Quelques paras sont blessés. La colonne s'arrête. On cherche à localiser la provenance des tirs. Mais dès que les paras tentent de progresser, ils sont cloués sur place par la précision des tireurs tunisiens. D'autres troupes françaises contournent l'avenue Bourguiba et progressent vers le goulet le long du canal. La présence et l'action des cinq soldats tunisiens embusqués dans l'immeuble de la teinturerie constituèrent, une fois débordés et dépassés, une faille gênante dans le dispositif français faisant œuvre de harcèlement sur ses flancs et ses arrières. Donc il fallait absolument réduire ce foyer de résistance d'autant plus que son emplacement était situé sur un axe névralgique donnant sur une artère très importante à partir de laquelle partaient les assauts des soldats français vers la médina, et où se faisaient de nombreux mouvements de troupes et de véhicules. Ordre fut donné de réduire coûte que coûte cet abcès au sein du dispositif français.
Résolus, les cinq soldats tunisiens se font de plus en plus intraitables et annihilent tous les assauts des paras. Le reporter de Paris Match Dominique Lapierre et le photographe Claude Azoulay sont témoins de l'héroïsme extraordinaire des soldats tunisiens durant cet épisode de la bataille de Bizerte. La section de parachutistes tente vainement, depuis la fin de l'après-midi, de réduire au silence le feu nourri des Tunisiens qui empêche tout mouvement hostile. Les tirs ravageurs des Tunisiens provenaient tantôt par l'embrasure de la porte de l'immeuble, tantôt du haut des escaliers et également de la terrasse et de quelques fenêtres. Cette mobilité avait coupé tous les élans des paras qui, vague après vague, tentaient d'investir les lieux. Chaque fois que les paras s'approchaient, des hommes tombaient. Le photographe Claude Azoulay, témoin oculaire, vit ainsi une bonne dizaine d'hommes s'écrouler, une ambulance, écrit-il, attendait en permanence au coin de l'avenue et embarquait à chaque instant un corps sanglant. Après une nuit de veille ponctuée par des tirs sporadiques, les paras tentèrent de se faufiler en profitant de la pénombre, sans résultat, la vigilance des Tunisiens les faisait rebrousser chemin. Dès les premières lumières de l'aube du samedi 22 juillet, les paras reprirent leurs tentatives de débordement en tirant de toutes leurs armes. L'immeuble était criblé de balles. Profitant de ce tir de barrage, une dizaine de paras réussirent à investir l'entrée de l'immeuble et firent évacuer les quelques familles françaises qui s'y trouvaient. Mais à leur grande surprise, au rez-de-chaussée, la résistance continuait et ils durent se replier devant la contre-attaque des soldats tunisiens.
C'était horrible, écrira Dominique Lapierre dans Paris Match, les paras, dit-il, se ruaient dans le couloir, lançaient des grenades, mais à chaque fois les rafales du fusil mitrailleur les contraignaient à reculer.
L'officier français, le lieutenant Constant, fit appel à un parachutiste musulman qui les harangua en arabe pour leur demander de se rendre... Pour unique réponse, le tir des Tunisiens reprit encore plus rageur. Devant cette détermination, vers 3 heures de l'après-midi, le lieutenant fit appel, par radio, à un tank qui arriva dans un assourdissant crissement de chenilles, pivota sur lui-même et vint se placer, presque à bout portant, face au rideau de fer de la teinturerie... Feu !... Tout le quartier trembla, tandis que la devanture volait en éclats. Alors que les taules disloquées et les gravats retombaient à terre, et que la poussière se dissipait peu à peu, les parachutistes devenus craintifs osèrent quelques pas. Aussi extraordinaire que cela puisse paraître, les soldats tunisiens firent, encore, parler la poudre, obligeant l'ennemi à rebrousser chemin, en emportant les blessés. Vexé, le lieutenant donna l'ordre au serveur du tank de tirer au canon sur toutes les portes métalliques du rez-de-chaussée, Le canon tonna à plusieurs reprises et le vacarme des déflagrations retentit à travers toute la ville. Normalement, pas même un chat ne pourra survivre à un tel cataclysme, rien que des ruines, des trous béants et partout la désolation... Sortis de leur abri, les paras, silencieux, guettent les lieux. Après quelques minutes, stupéfaits, ils voient sortir trois soldats... Miracle... exténués et à court de munitions, après plus de dix heures de combat, les trois courageux et braves soldats tunisiens survivants finissent par se rendre. Ils ont réussi, dira l'historien Charles Renaud, à mettre hors de combat près de la moitié d'une section de parachutistes, soit un tué et 17 blessés graves. Les trois Tunisiens habillés d'un treillis vert olive classique, le casque lourd en acier sur la tête sortis sans se presser tels des fantômes des décombres du rez-de-chaussée, dignement, la tête haute, sans lever les bras. Le photographe Claude Azoulay immortalisa cette scène surréaliste. Certains parachutistes tentèrent de molester les soldats tunisiens en se livrant sur eux à des actes dictés par l'esprit de vengeance. Heureusement les reporters de Paris Match s'interposèrent en clamant qu'il s'agissait de prisonniers de guerre, qu'il fallait traiter comme tels.
Ce fut l'une des belles pages de l'histoire de cette jeune armée tunisienne qui avait à l'époque juste cinq ans d'existence. Un bel exemple de courage, de sacrifice et d'abnégation à méditer par les jeunes générations en hommage à nos martyrs.


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