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L'honneur rétabli par le sang
15 octobre 1963, départ du dernier soldat étranger
Publié dans La Presse de Tunisie le 15 - 10 - 2011

Après avoir recouvré, le 20 mars 1956, son indépendance, la Tunisie n'acceptait guère que sa souveraineté puisse rester amputée à cause de la présence de soldats français sur son sol
Il a fallu que le peuple tunisien consente d'énormes sacrifices, beaucoup de sang, de patience et d'énergie pour qu'il puisse conquérir sa pleine souveraineté après avoir chèrement acquis son indépendance le 20 mars 1956.
Le 15 octobre 1963, soit il y a 48 ans jour pour jour, ces sacrifices portèrent leurs fruits. Le dernier soldat français quittait en effet le sol tunisien depuis le port de Bizerte après plusieurs batailles politiques, diplomatiques et militaires dont certaines sont restées célèbres telles que celle de Remada (26 mai 1958) et celle de Bizerte (19-23 juillet 1961).
En acceptant de signer les accords mettant fin à 75 années d'occupation (12 mai 1881-20 mars 1956), la France tenait toutefois à garder une certaine présence militaire sur notre sol. Ce qui lui a été accordé en vertu de certaines clauses, la politique des étapes prônée par le mouvement national, surtout les partisans du leader Habib Bourguiba, oblige.
Ce que refusait catégoriquement, et depuis les accords du 3 juin 1955 dits de l'autonomie interne, une partie des militants, à leur tête le leader Salah Ben Youssef, qui dénonçaient ces choix et s'activaient à la fois contre la position bourguibienne et pour la poursuite de la lutte armée contre la France dans le Maghreb d'une façon générale.
Cela poussa Bourguiba, devenu le 11 avril 1956 premier président du Conseil des ministres de l'indépendance, à déclarer à la presse que la présence militaire de la France en Tunisie n'est qu'une affaire de temps et que celui-ci sera assez court pour ne pas compromettre la souveraineté nationale. Celle-ci a été rendue au peuple le 25 mars 1956 grâce à l'élection au suffrage universel libre et secret d'une Assemblée constituante qui, au bout de quelques mois (le 25 juillet 1957), décida d'abolir la monarchie et de faire de la Tunisie une République basée sur le principe de la séparation des pouvoirs.
La politique des «barrages» ouvre la voie
Mais le départ des Français le 15 octobre 1963 ne se fit pas spontanément, comme déjà dit. Plusieurs événements sanglants ont présidé à ce processus au cours duquel la France n'a pas manqué de faire montre d'un comportement belliqueux sans équivoque, exacerbé en cela par la guerre féroce qu'elle menait au peuple algérien frère depuis l'avènement de sa révolution nationale le 1er novembre 1954 et jusqu'aux accords dits d'Evian le 18 mars 1962 qui mirent fin aux combats. Révolution que la Tunisie soutenait à visage découvert et qui lui coûta plusieurs agressions sanglantes telles que l'attaque par l'armée française le 1er juin 1957 de la région de Aïn Drahem-Souk Lerbaâ (Jendouba) au cours de laquelle M. Khemaïs El Hajri, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, perdit la vie, et l'agression par l'aviation française du village tunisien près de la frontière avec l'Algérie de Sakiet Sidi Youssef le 8 février 1958 (74 morts dont 22 enfants et 11 femmes ainsi que 102 blessés). Un acte barbare, lâche et criminel car visant des civils regroupés sur la place du souk hebdomadaire, des écoliers en classe et des voitures humanitaires (Croix-Rouge internationale et Croissant-Rouge tunisien).
Déjà et même avant l'attaque du 1er juin 1957, le gouvernement instaura la politique dite «des barrages» afin d'empêcher le déplacement des troupes françaises en Tunisie et somma, après cette dernière agression, le commandement militaire français en Tunisie de ne plus quitter les casernes. Une requête fut également adressée dans ce sens au gouvernement français à Paris.
De Remada à Bizerte
Décision fut prise alors de donner l'ordre aux résistants de rendre la vie dure aux éléments de l'armée française, surtout ceux basés dans le Sud du pays. Plusieurs escarmouches eurent lieu et les troupes françaises ses retrouvèrent obligées de se replier à l'extrême-sud du pays. Là-bas, elles n'arrêtèrent pas de provoquer et même d'attaquer des patrouilles de l'Armée nationale. Le 26 mai 1958, un détachement de l'Armée nationale soutenu par des résistants (47 au total dirigés par le chef Mosbah Jarbou) attaqua la base de Remada à l'extrême-sud du pays et lui infligea des pertes sérieuses qui décidèrent le commandement français à réclamer l'aide de l'aviation française basée en Algérie. Plusieurs martyrs tombèrent ce jour-là au champ d'honneur dont le chef des résistants Mosbah Jarbou et plusieurs civils à cause de l'anarchie des bombardements.
Harcelée par les problèmes dus à son entêtement à vouloir mater la révolution algérienne, la France menait à cette époque-là une guerre au cours de laquelle elle bafoua en long et en large le droit humanitaire dans ce pays frère. Elle poursuivait en même temps un course folle pour devenir une puissance nucléaire. Pour elle, Bizerte était une pièce maîtresse de son échiquier stratégique et elle ne voulait rien entendre à son sujet.
La rencontre entre le président Bourguiba et le général de Gaulle, chef de l'Etat français, le 26 février 1961, à Rambouillet, en France, ne permit d'aboutir à aucun accord à propos de Bizerte. Toujours sous les critiques sévères du mouvement youssefiste, très actif à l'extérieur du pays, Bourguiba chercha à forcer la main à la France en utilisant, comme il l'a déjà fait plusieurs fois, l'arme de la mobilisation populaire puis de la pression internationale. Profitant de l'empiètement de l'armée française sur un terrain hors de la base, Bourguiba lança, fin juin 1961, la mobilisation de la population pour un large mouvement contestataire et prononça le 17 juillet à l'Assemblée nationale un discours incendiaire contre la France.
Le 19 juillet, alors que les manifestants affluaient de plusieurs régions du pays, l'armée française reçut l'ordre de De Gaulle de réagir brutalement et sans merci. Des centaines de martyrs tombèrent et l'armée nationale, non préparée à cette attaque, riposta tant bien que mal, mais ne put arrêter le massacre des civils par l'aviation française qui utilisa les bombes au napalm prohibées et lança ses paras contre les habitants de la ville jusqu'à chez eux.
La France ne récolta que la honte et le déshonneur suite à son forfait et une défaite diplomatique à l'ONU, cessa le feu le 23 juillet et garda la base de Bizerte. Bourguiba choquera l'opinion publique nationale en déclarant le 8 septembre qu'il acceptait le principe de la négociation, après l'avoir refusé et clairement rejeté plusieurs fois, y compris devant le Congrès américain le 4 mai 1961 à Washington.
Des festivités grandioses
Le 29 septembre 1961, un accord fut signé entre la Tunisie et la France en vertu duquel les troupes françaises étaient tenues de retourner à leurs bases de départ.
Après plusieurs mois de tension et d'hostilités, y compris les quelques jours de guerre, la France et la Tunisie rétablirent le 20 juillet 1962 leurs relations diplomatiques. La veille, de Gaulle informa Béhi Ladgham, à l'époque ministre de la Défense, de son intention de donner ses instructions pour l'évacuation de la base de Bizerte.
Le 15 octobre 1963, à 15h15, le dernier soldat français quittait le sol tunisien au cours d'une cérémonie solennelle qui sera suivie de manifestations de liesse populaire. Béhi Ladgham sur place téléphona à Bourguiba pour lui annoncer la nouvelle après avoir hissé le drapeau national sur la base.
Ce n'est que le 13 décembre de la même année que des festivités grandioses furent organisées à Bizerte pour marquer l'événement. Fêtes auxquelles participèrent le président égyptien Jamel Abdennasser, le président algérien Ahmed Ben Bella et le Prince héritier de la Libye Mohamed Erridha Snoussi.
Le 12 mai 1964, Bourguiba ratifia la loi sur la nationalisation des terres agricoles occupées jusque-là par les colons français, mettant ainsi fin aux vestiges d'une présence française autre qu'amicale. Son geste, il le concrétisa sur la même table qui, le 12 mai 1881, servit à la signature du fameux traité dit du Bardo, donnant ainsi un double sens à son acte.


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