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Voilà le vrai sens de la souveraineté
Bizerte ou la dernière bataille de l'évacuation militaire (20 mars 1956/ 15 octobre 1963)
Publié dans Le Temps le 15 - 10 - 2011

Par Dr Abdarrahman LADGHAM - L'histoire est jalonnée d'événements qui marquent un peuple et méritent un devoir de mémoire. La bataille de Bizerte, dernière étape de l'évacuation militaire de la Tunisie indépendante, en est la parfaite illustration.
Elle n'est qu'un moment dans un processus plus long, de nature essentiellement diplomatique. Elle en est le volet militaire, dans un contexte plus large à savoir, la liquidation du colonialisme.
La volonté de demander le départ des soldats français a commencé des les premiers jours de l'indépendance, soit le 22 mars 1956, deux jours après sa proclamation, le président Bourguiba définit clairement son objectif : « Après une période transitoire, toutes les forces françaises devront évacuer la Tunisie, y compris Bizerte »
Les négociations entamées entre les deux gouvernements avaient pour objet de maintenir un régime provisoire destiné à maintenir la base stratégique de Bizerte en fonction, ceci jusqu'à ce que la situation sur le plan régional et international se prête à un accord définitif. Ainsi les discussions autour de l'évacuation de Bizerte eurent lieu dans ces conditions de réserves de février 1958 à juillet 1961. Pendant toute cette période les discussions étaient rythmée à une et parfois deux par mois, elles étaient purement politiques et diplomatiques ; l'armée tunisienne avait été tenue en dehors, pour insister sur la nature essentiellement politique du problème.
Mais ce provisoire pouvait durer, à la lumière de la guerre d'Algérie et la menace de la guerre froide pesant sur l'Occident. De Gaulle a toujours considéré ces circonstances comme particulières et n'a cessé de répéter que Bourguiba : « m'a imposé cette affaire-là ».
Les tunisiens de leur coté tentaient de discuter dans une perspective « futuriste » : les bases fixes comme Bizerte n'avaient plus l'avenir dans le nouveau dispositif, et ce sont les bases mobiles, comme les portes avions, les sous marins nucléaires et les missiles, qui seront le fleuron de la défense du « Monde libre ». D'autre part, la présence au sein de la base d'un dispositif antiatomique avec ses abris, ses tunnels creusés à flanc de montagne pour abriter les sous marins, une rade énorme et des cuves à carburant d'une capacité sans égale en Afrique, rendaient la situation insoutenable. Ceci sous la menace d'un déluge nucléaire « ennemi ». C'était un risque difficile, qu'aucun gouvernement sérieux et indépendant ne pouvait prendre, s'agissant d'un dispositif faisant partie d'un système de défense militaire et politique dans lequel, il n'est aucunement directement concerné. La preuve, de Gaulle lui-même, s'agissant de l'OTAN, a préféré plu tard quitter (1966) son commandement intégré pour faire assumer à la France seule, sa propre sécurité.
En réponse, à ses détracteurs de l'opposition qui décrivent la bombe atomique française, comme une bombinette, comparaison faite avec la force de frappe des supers grands, de Gaulle commenta :
« Dans dix ans, nous aurons de quoi tuer 80 millions de Russes. Eh bien je crois qu'on n'attaque pas volontiers des gens qui ont de quoi tuer 80 millions de Russes, même si on a soi-même de quoi tuer 800 millions de Français, à supposer qu'il y eût 800 millions de Français ».
Contexte diplomatique et politique
Juste après l'indépendance, le gouvernement tunisien ayant voulu contrôler son territoire s'est heurté au déploiement important de l'armée française ; celle-ci possédait des casernes dans tout le pays. Ce qui poussa le nouveau gouvernement à en faire la demande, la France dans un geste de bonne volonté accéda à cette dernière et évacua la caserne de la Kasbah située face au palais du gouvernement, mais la présence française est demeurée importante.
Car, la guerre d'Algérie faisant rage, la présence massive de réfugiés et de responsables algériens, de même que l'armée des frontières, font que la France a toujours considéré que la Tunisie faisait double jeu, entre la « pseudo-amitié franco-tunisienne « et la fraternité tuniso-algérienne. La France supportant mal, cette présence algérienne, prit prétexte de quelques escarmouches en territoire algérien, sous contrôle français, de maquisards du FLN postés en Tunisie, pour attaquer un jour de marché et de distribution de vivres et médicaments par la croix rouge internationale aux réfugiés algériens. Usant d'un supposé droit de suite, l'aviation française équipée de bombardiers américains B26 a pilonné en plusieurs passages le paisible village frontalier de Sakiet Sidi Youssef le matin du samedi 8 février 1958, semant la mort de dizaine victimes parmi lesquels des enfants et la destruction massives de bâtiments publics et privés.
Cet événement a crée une grave crise entre les deux pays, la Tunisie ayant porté plainte devant le conseil de sécurité de l'ONU, et abouti à la chute de la IVème république et le retour aux affaires du général de Gaulle, qui sitôt pris ses fonctions a déclaré vouloir faire évacuer ses troupes du territoire tunisien, sauf Bizerte et le Sud saharien. Ceci après une période de tractation diplomatique et les bons offices anglo-américains.
D'autres événements sont venus un peu plus tard accélérer le processus, ceci dans le cadre de la politique des étapes de Bourguiba :
1/ D'abord l'attitude de la France qui a fait fi de toutes les demandes internationales de sursoir à son premier essai nucléaire expérimental à Reggane (Désert algérien). De Gaulle lui-même obnubilé par l'indépendance de son pays en matière de défense, a voulu démontrer que la France était capable d'une telle prouesse technique et militaire, prélude à son entrée dans le concert des nations nucléaires et sa sortie prochaine du commandement militaire intégré de l'OTAN.
Prenant prétexte de cet événement, le président tunisien déclara lors de l'ouverture de réunion de la conférence des peuples africains à Tunis, le 25 janvier 1960, ne plus « tolérer la présence de troupes française sur le territoire national ».
2/ Ensuite, les négociations franco-algérienne ayant avancé, la France a organisé début janvier 1961, un référendum qui a donné un net pourcentage de oui en faveur de l'autodétermination de l'Algérie. La réponse à cette consultation populaire fut cinglante du coté d'Alger où quatre généraux commandés par le général le plus décoré de France, Raoul Salan, ont tenté un putsch militaire trois mois plus tard. Celui ci rapidement circonscrit, l'amirauté de Bizerte ayant joué un rôle déterminant où l'amiral Amman, commandant de la base est venu à la rescousse du général de Gaulle, menaçant les putschistes d'Alger des ses « foudres » s'ils ne renonçaient pas à leur action séditieuse.
C'est entre les deux événements cités plus haut, que le général de Gaulle reçut Bourguiba à Rambouillet, dialogue de sourds pour les tunisiens, manipulation sournoise pour les autres. Mais en réalité les deux présidents ont parlé de Bizerte et de la guerre en Algérie. Mais de Gaulle ne prit aucun engagement, il s'était contenté d'écouter.
En réalité il était préoccupé par la transformation de ses bases militaires fixes en bases mobiles en utilisant des porte avions à propulsion nucléaire, et son indépendance défensive par rapport aux Etats unis, en attendant le de dénouement du drame algérien.
Mais Bourguiba a cru à un accord donnant la possibilité à la France d'utiliser la base d'une manière restreinte et occasionnelle, peut-être dans le cadre de l'OTAN en cas de besoin, et une récupération des territoires sahariens sous contrôle militaire français jusqu'à la borne 233. Ceci dans le cadre d'une solution globale du problème algérien et un accord bilatéral librement consenti. Quant à de Gaulle, il prétendit dans ses mémoires qu'il aurait déclaré à son hôte à Rambouillet, qu'il quittera Bizerte dans un an. Il est difficile de retenir cette affirmation, car connaissant Bourguiba, il ne se serait jamais tu, en gardant un « secret » aussi important, sans le divulguer à son peuple, sinon à ses proches.
3/ Lors de sa visite à Washington, début mai, où il fut reçu en grandes pompes par John Kennedy qui lui aurait donné quelques assurances sur la sécurité de la Tunisie, Bourguiba déclara devant le congrès américain « la Tunisie n'est pas à même d'exercer sa pleine souveraineté sur une portion de son territoire toujours occupée par les forces françaises.»
4/ L'année 1961, n'a pas été très glorieuse pour l'occident, d'abord le succès du premier vol orbital humain, du soviétique Youri Gagarine le 12 avril 1961, comparé aux sauts de puce dans l'espace effectués deux mois plus tard par les équipages américains ; puis l'échec des discussions Kennedy- Kroutchev à Vienne, début juin et enfin la construction du mur de Berlin séparant les zones occidentale et orientale de la ville dans la nuit du 12 au 13 aout.
Ce fut la consécration de la guerre froide entre les puissances occidentales alliées dans le cadre de l'OTAN d'un coté et les pays alliés à l'Union Soviétique de l'autre dans celui du pacte de Varsovie.
Début de la crise
C'est dans ce contexte que l'amiral Amman commandant de l'amirauté française de Bizerte, décida de prolonger la piste d'envol de la base aérienne de Sidi Ahmed, il en fit la demande par écrit aux autorités locales faisant état de simples travaux. Une autorisation écrite lui a été délivrée par le gouverneur Bellamine et visée par Taieb Mehiri, ministre de l'intérieur. Cette autorisation a été purement administrative des lors que les travaux allaient avoir lieu à l'intérieur de l'enceinte de la base.
Mais rapidement les autorités tunisiennes se sont rendues compte qu'il s'agissaient bien de prolongation de la piste d'envol ; signifiant que les militaires français avaient l'intention d'une part de recevoir des avions plus puissants et plus modernes en vue d'améliorer leur capacité de frappe en Algérie, et d'autre part de rester pour longtemps encore à Bizerte. Il s'agit alors d'un problème de souveraineté nationale.
A ce propos Bahi Ladgham reçu par de Gaulle un an plus tard dit :
« De Gaulle me fit valoir cet accord écrit passé entre les autorités locales tunisiennes et l'amiral Amman, chef d'une marine sur laquelle lui-même s'appuyait contre le général Salan (N.D.L.R :maître d'Alger), Je répondis à de Gaulle que ces questions de souveraineté nationale ne se traitaient pas au plan local. Dans cette histoire, les positions des uns et des autres se coinçaient entre le juridisme naïf du gouverneur (Signataire de l'accord) et la volonté De Gaulle de ne pas déplaire provisoirement à sa marine pour laquelle, toutefois, il avait des projets de rénovation d'une plus haute envergure ».
Le gouvernement tunisien fit alors arrêter les travaux en utilisant tous les moyens en sa possession, ceci après la visite de Bahi Ladgham et Taieb Mehiri sur les lieux. La France intervint rapidement par l'intermédiaire de son chargé d'affaires à Tunis, Raoul Duval, d'abord diplomatiquement, ensuite en transmettant un ultimatum d'Amman ; celui-ci a été naturellement refusé.
Une lettre provocante
Le différend des deux chefs a commencé à prendre forme. Le parti destourien mobilisa ses troupes, des barrages sont mis en place autour de la base.
Bourguiba, ne voyant plus d'issu décida d'envoyer son homme à tout faire, Abdallah Farhat en émissaire spécial auprès de de Gaulle. Il était porteur d'une lettre rédigée par Béchir Ben Yahmed. Le président tunisien la préférant à un autre projet de lettre plus diplomatique, séant au statut du général, rédigé par Bahi Ladgham et Sadok Mokadem (Ministre des affaires étrangères). Cette lettre disait en substance : « Ce fait nouveau (parlant la prolongation de la piste ) apparaît grave parce qu'il traduit sans conteste la volonté de la France de s'installer dans le statu quo et même de l'aggraver le peuple tunisien et moi-même ne pouvons le prendre que comme la preuve que le gouvernement français semble faire fi de notre dignité nationale, de notre juste revendication et ne croit pas beaucoup à notre détermination de réaliser coûte la libération de notre territoire nationale ».
Arrivé à ce paragraphe, de Gaulle plia la lettre et la mit dans un tiroir. On ne la retrouva plus.
Une copie a été publiée à l'Institut Charles De Gaulle.
Abdallah Farhat, resté debout, dit au général : « C'est tout » et de Gaulle de répondre : « Vous donnerez mon salut à M. Bourguiba ».
C'était une humiliation et une fin de non recevoir de la partie française confirmée oralement par le chargé d'affaire français le 13 juillet « il n'est pas possible de régler ce problème dans une atmosphère de tension », Bourguiba en tira les conclusions, pour la suite des événements.
La bataille de Bizerte
C'était le 6 juillet, le ton a commencé à monter. Le ton de la lette et les manifestations organisées un peu partout en Tunisie semblent exaspérer le général de Gaulle qui s'estimait outragé. « Ainsi, Bourguiba ne pouvait pas attendre la fin de la guerre d'Algérie ».
Les protestations avaient déjà commencé là. Il s'agissait d'une bataille symbolique. L'armée tunisienne s'est positionnée autour des points stratégiques, dans le cadre d'un dispositif de « containement ».
Mais certains ont proposé alors que les civils se joignent à cette pression militaire. Une campagne de recrutement de volontaires a été organisée où chaque gouvernorat envoya un contingent de recrues proportionnel à sa population.
Les manifestations pacifiques continuaient de plus belle, mais le dispositif restait symbolique, jusqu'au 17 juillet où Bourguiba prononça un discours devant l'assemblée nationale dans une session spéciale. Le lendemain le gouvernement tunisien décida le blocus civil, maritime et aérien autour de la base.
L'Amiral Amman dans un moment d'exaspération, demanda à de Gaulle l'intervention de l'aviation, craignant que la base ne soit envahie .En réalité aucun ordre d'attaque ni d'investissement de la base n'a été donné aux troupes tunisiennes. L'artillerie arrivait et la base française pouvait était chargée au mortier. Mais rien n'a été fait, et personne n'imaginait que la France avec ses avions allait bombarder au napalm, surtout une masse humaine à majorité civile.
Dans l'esprit des tunisiens, il s'agissait d'une protestation musclée, une pression insoutenable pour les militaires français, mais une protestation non armée. Le gouvernement tunisien espérait tenir trois ou quatre jours, le temps de faire aboutir l'action diplomatique aux Nations Unies. Bourguiba et son gouvernement ne pouvaient imaginer que la réplique de Gaulle serait de donner un ordre direct et par téléphone à l'amiral Amman : « Frappez fort et vite ».
Les paras pleuvaient sur Bizerte, c'était le 19 juillet. L'espace aérien était fermé depuis la veille et sur le terrain notre armée tira sur les avions qui les survolaient, mais ceux ci ont commencé à bombarder sans discernement. Nos officiers, dont la plupart ont été formés pendant la guerre Indochine, les plus jeunes venaient de rentrer des écoles militaires françaises, se mettaient à tirer au mortier sur la piste d'atterrissage de la base.
Un nombre important de volontaires civils a été la cible d'attaques meurtrières de l'aviation, ils étaient parqués dans un endroit appelé le parc à fourrage
De l'aveu même d'Amman « les Tunisiens prennent à plusieurs reprises l'offensive » ; ils enfoncent la porte de l'arsenal de Menzel Bourguiba et attaquent au mortier la base aérienne de Sidi Ahmed.
L'Amiral reconnaît ainsi la hardiesse et la ténacité des Tunisiens. L'affrontement se généralisa, et les bombes et le napalm faisaient rage. Les victimes se comptaient par dizaines.
Plusieurs rapports et écrits de cette bataille coexistent, le premier est celui de l'officier des para-commandos Ferchichi, l'autre de Noureddine Boujallabia officier de liaison et de renseignement pendant la bataille, et le troisième de l'amiral Amman lui même. Celui-ci décrivait du coté tunisien : « un groupe d'artilleurs de 5000 hommes en plus de 700 Gardes Nationaux et un groupe de 6000 jeunes « sommairement armés mais fanatiques ». Du côté français, la 8ème compagnie de défense air et marine et une trentaine de compagnies de défense, la 7ème escadre de chasse, des formations aéronavales ; des escorteurs côtiers, des vedettes, etc.
L'amiral a mis en place le plan « petite charrue », consistant à occuper Bizerte, en attendant, « grande charrue », qui lui, autorise la reprise en main de Tunis puis le reste du pays
Le rapport est nettement déséquilibré en faveur des français. Mais ceux ci ne se rendaient pas compte de l'existence d'un peuple fier et impatient qui voulaient son indépendance totale et refusait de faciliter le travail des Français en Algérie à partir de son territoire.
* Professeur de médecine et militant d'Ettakatol, tête de liste à la circonscription de Manouba


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