Tunis : la Mairie déterre les parkings à étages, qui végètent depuis 2015    Israël : 120 000 manifestants pour exiger l'arrêt de la guerre, un record depuis le 7 octobre    Kaïs Saïed se rend au siège de la société chinoise BYD    Les produits du terroir tunisiens s'ouvrent des horizons en Italie    Attention danger en mer Rouge : Pour punir l'Occident le Soudan autorise une base navale russe    Ligue 1 — Play-out (13e journée): Ce sera un duel ASS-ESM    Equipe nationale: Louhichi : "J'espère qu'on a fait les bons choix"    USBG: Des atouts pour surprendre    Tunisie | Retour matinal de Kaïs Saïed après une visite stratégique en Chine    SECURITE ROUTIÈRE-PREVENTION: Sur les routes de l'incivisme, personne n'est à l'abri    Météo : Un peu plus de douceur et de la pluie par endroits    Fark: Tahar Elleuch    La stabilisation du Yen Japonais est essentielle pour les marchés financiers mondiaux    Top 10 mondial et arabe des pays producteurs et exportateurs de Lait    Mes Humeurs: Tourisme : de l'attention avant toute chose    Dr Ali Bousrih: Un illustre vétérinaire    Chroniques de la Byrsa: Le verre des riches et celui des pauvres    Activités du Chef du gouvernement du 27 au 31 mai 2024 | Retour des TRE : un projet de décret pour des avantages fiscaux    Tunisie-Chine: Déclaration commune sur un «partenariat stratégique»    Pourquoi: Des prix qui font tanguer…    «Je me suis bâti sur une colonne absente» de Meriam Bouderbela, Asma Ben Aissa, Ali Tnani et Haythem Zakaria à la galerie le Violon bleu: Filer les temps    Tunisie : accès gratuit aux sites historiques et musées ce dimanche    Relations sino-arabes...Cap sur une coopération solide    Ons Jabeur affrontera Clara Tausen    Solidarité mondiale : les capitales se lèvent pour dénoncer les crimes sionistes    Tunisie – Les avocats refusent l'intégration des magistrats limogés dans leur ordre    Tunisie – METEO : Pluies orageuses éparses sur le nord et le centre    Hamza Belloumi s'explique sur le reportage censuré des quatre vérités    Gestion des dons : le Croissant-Rouge tunisien répond aux accusations    Découvrez les trésors cachés des Peintres Italiens en Tunisie à la TGM Gallery    Gabès : Des projets qui amélioreront la qualité de vie et ils avancent bien    Un expert explique les séismes en Tunisie : Rassurant et terrifiant à la fois    Hydrogène vert : Un accord avec un géant saoudien, après le méga marché avec le français Total    Bizerte : mandat de dépôt contre le jeune qui a tué son père    Lancement de l'«Encyclopédie numérique des Couleurs» : Cartographie des infinités chromatiques, une initiative tunisienne !    Cessez-le-feu à Gaza : Le Hamas réagit positivement à la proposition de Biden    L'équipe nationale : Première séance d'entraînement au stade Chedly Zouiten    Olfa Abdelkefi Chakroun: L'architecture et l'empathie    La société Eagle Pictures de Tarak Ben Ammar distribuera le film Megalopolis de Coppola    Andriy Lunin écarté du groupe de Real Madrid avant la finale    Roland Garros : Ons Jabeur affronte Leylah Fernandez pour une place en huitièmes de finale    Sfax : Démantèlement d'un réseau criminel actif dans l'immigration illégale    Vague de chaleur mortelle en Inde    Urgent : Secousse tellurique à Bizerte    Météo : Légère hausse des températures    Tunisie: Ce dimanche, accès gratuit aux musées    Pour des raisons de santé, Wael Dahdouh met fin à sa visite en Tunisie    Le Festival du Cirque en Tunisie revient dans une 7e édition du 1er juin au 5 juillet 2024    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



L'appel des 130 permettra-t-il à la Faculté de la Manouba de retrouver la stabilité ?
Publié dans Leaders le 18 - 04 - 2012

Le calvaire de la faculté martyre continue. Aujourd'hui, le groupe des étudiants salafistes, qui sévit impunément depuis des mois à la FLAHM, a récidivé plongeant dans la consternation les enseignants, les étudiants et toute la famille de la prestigieuse institution. A trois semaines de la fin des cours et à l'orée d'une semaine qui verra l'organisation des premiers devoirs surveillés sanctionnant les unités de valeurs régies par le système du contrôle continu, les étudiants salafistes ont rompu la trêve annoncée, sur la chaîne Hannibal TV le vendredi 9 mars au cours de l'émission Ala Attarik, par leur gourou Abou Iyadh, faisant ainsi revivre le spectre de l'année blanche. Le marionnettiste fulminant contre le doyen et le ministère, tout en concédant une suspension provisoire des hostilités sans en préciser la durée, avait menacé de ses foudres l'institution, lui prédisant des lendemains qui déchantent si les revendications du groupe n'étaient pas satisfaites. Entendez le droit des niqabées à l'accès au cours et aux examens, l'octroi de la salle de prière et l'annulation des sanctions prononcées à l'encontre de leurs camarades par le conseil de discipline, exigence pour laquelle nous avons payé un lourd tribut ce mercredi noir du 7 mars où le bilan de la terreur salafiste s'était élevé à cinq étudiants blessés (je n'en avais annoncé que deux dans ma chronique).
Fidèle une stratégie du renfort à l'efficacité éprouvée pendant les derniers bras de fer, le groupuscule composé au départ de huit étudiants, dont certains arboraient un pantalon militaire, léopard sous le qamis afghan, a atteint la vingtaine, dont de nombreux intrus, en début d'après-midi. Nous faisant revivre les évènements du 6 décembre 2011, il a empêché, à nouveau le doyen d'accéder à son administration, lui demandant vers dix heures et demie de « dégager » après avoir placardé, sur les panneaux en verre de l'entrée, des affiches rappelant les doléances susmentionnés et ajoutant deux réclamations supplémentaires, d'abord celle de ne pas sanctionner par un zéro l'absence des niqabées pendant les examens du premier semestre, ensuite celle de valider l'examen des étudiantes qui ont passé les épreuves avec le voile intégral. Ces étudiants déchaînés n'ont pas hésité à bousculer le doyen quand il a essayé d'entrer dans son bureau et ils ont occupé l'administration, donnant au personnel l'occasion de se remémorer l'épisode traumatisant du sit-in de l'hiver dernier qui a duré un mois.
Choqués, incrédules ou émus jusqu'aux larmes, les enseignants ont spontanément exercé le droit de retrait qui permet, en cas de danger, dans certains pays où la législation du travail est très évoluée, de ne pas honorer le contrat de travail. Ce retrait a été, contrairement aux informations diffusées par la Télévision Nationale, mal informée, massif et a entraîné une suspension totale des cours motivée non seulement par le risque encouru mais aussi par la solidarité spontanée avec le doyen.
Les salafistes ont évacué la faculté après la prière d'El Asr et permis au doyen de rejoindre son bureau. La police n'est pas intervenue pour lever le blocus et évacuer les étudiants malgré la demande écrite faite dans ce sens par le doyen au ministre de l'intérieur, ce qui a donné l'occasion aux sit-ineurs de malmener des enseignants venus régler certaines affaires administratives. Un cameraman bousculé, car filmant l'une de ces scènes, a vu l'objectif de sa caméra atterrir par terre.
Les membres du groupuscule ont déclaré qu'ils reviendraient le lendemain occuper l'administration. Ces menaces, si elles étaient suivies d'effet, entraîneraient la dégradation de la situation sécuritaire à la faculté. Les syndicats des enseignants ont décidé, pour leur part et en guise de riposte à cette éventualité, d'organiser une assemblée générale syndicale « pour prendre les mesures appropriées exigées par la situation ».
Cette escalade dans la violence était prévisible. Elle a été précédée durant la semaine dernière par la perturbation du déroulement normal de certains cours qui ont été annulés parce que les niqabées voulaient y imposer leur présence. L'impunité dont jouit le groupuscule et les menaces d'Abou Yadh la laissaient pressentir.
Les cent trente signataires de l'appel pour la constitution d'un Comité de défense des valeurs universitaires, de l'autonomie institutionnelle, des libertés académiques et de soutien à la FLAHM, publié mercredi par le quotidien Al Maghrib ne s'y sont pas trompés. Après le rappel des différentes péripéties du bras de fer ayant opposé de nombreuses institutions d'enseignement supérieur aux salafistes, après la mise en exergue des violences salafistes et des tentatives de déstabilisation de ces établissements, et particulièrement celle de la Faculté de la Manouba, choisie « comme cible privilégiée » par les salafistes « pour tester la capacité de résistance des établissements d'enseignement supérieur à la violation de leurs lois », à cause « du rôle avant-gardiste qu'elle a toujours joué aussi bien dans la sauvegarde des valeurs universitaires, de l'autonomie institutionnelle et des libertés académiques que dans le développement de la tolérance, de l'esprit critique et du renouvellement de la recherche », les universitaires, les intellectuels tunisiens et les acteurs de la société civile n'hésitent pas à mettre en garde l'opinion publique contre les périls qui guettent l'enseignement supérieur et à annoncer des dérapages analogues à celui dont nous avons été les témoins aujourd'hui: « Encouragés par le laxisme du ministre de l'intérieur et de celui de l'enseignement supérieur et libres de déployer toute leur violence, ces salafistes pourraient aller encore plus loin et il n'est pas exclu que l'université compte des victimes à la FLAHM et ailleurs».
La constitution de ce comité qui comprendra vraisemblablement –et si l'on juge par la liste des premiers signataires - des personnalités de la société civile, des universitaires de renom, des doyens et des recteurs réputés pour leur acharnement dans la défense des valeurs universitaires permettra-t-elle de dissuader les salafistes de poursuivre leur entreprise de déstabilisation de la FLAHM ? Contribuera-t-elle à la sauvegarde des acquis de l'université tunisienne ? Les prochaines semaines nous permettront de faire à ce propos une évaluation correcte de la situation et de la capacité de mobilisation de ce nouveau comité.
Habib Mellakh,
universitaire, syndicaliste.
Département de français, Faculté des Lettres de la Manouba (Tunisie)
Lire aussi :
Reprise des cours et des négociations à la Faculté de la Manouba


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.