Depuis sa création il y a deux mois, le mouvement Nida Tounès et son fondateur ont été la cible préférée d'Ennahdha et de ses deux partenaires. Ils croyaient bien faire en cherchant à discréditer cette formation aux yeux de l'opinion publique. Ils doivent d'en mordre les doigts aujourd'hui car cet acharnement a eu un effet de boomerang auquel ils étaient loin de s'attendre : la montée fulgurante du parti de Beji Caïd Essebsi dans les sondages. Moins de 10 points séparent les deux formations. Et rien ne dit que cet écart ne sera pas réduit dans les prochaines semaines. Car ce parti semble désormais dans une dynamique qui doit le porter en avant. La bipolarisation inquiète beaucoup de partis parce qu'elle risque de les laminer et non parce qu'elle est dangereuse pour la démocratie comme ils le prétendent. Après tout, la plupart des pays démocratiques et en particulier les Etats Unis et la Grande Bretagne vivent sous ce régime et s'en accommodent fort bien. On ne voit donc pas pourquoi il ne réussirait pas dans une démocratie naissante comme la Tunisie. En fait le véritable danger pour la démocratie vient du régime du parti dominant vers lequel on semblait s'acheminer inexorablement et qui porte en lui les germes de la dictature. Les Tunisiens sont bien placés pour le savoir. Cela dit, si Nida Tounès a le vent en poupe, il devra résoudre un problème qui s'apparente à la quadrature du cercle. Tel qu'il est aujourd'hui, ce parti ressemble à un Arche de Noé où cohabitent des militants venus de tous les horizons : communistes, destouriens, nationalistes arabes, Rcédistes repentis, islamistes modérés, hommes d'affaires et dans une moindre mesure, ouvriers, paysans ou chômeurs. Une véritable mosaïque qu'il sera difficile d'unir autour de valeurs communes. Le retard mis pour rédiger le programme du parti et son règlement intérieur montrent toute la difficulté de l'entreprise. Mais, c'est à ce prix que ce mouvement pourra constituer le jour venu une alternative à Ennahdha.