La place Chelma est l'une des rares fenêtres ouvrant sur le golfe de Hammamet. Il s'agit d'un site situé sur le domaine public maritime (Dpm) jouxtant le cimetière musulman et à proximité immédiate de la Médina dont il constitue l'un des principaux accès. C'est depuis cette place que le visiteur peut admirer l'une des plus belles vues donnant sur la baie de Hammamet ou encore contempler le château fort tout proche. La plage de la Chelma fait face à la place, elle est fréquentée quasi-exclusivement par les résidents de la vielle ville qui la considère à juste titre comme « leur plage » tant elle a marqué leur mémoire collective et acquis avec le temps une signification patrimoniale. Mais cet espace est menacé comme en témoigne les cris des représentants de la société civile et des partis politiques qui ont observé un sit-in pour le protéger, et contrer les tentatives de son occupation. Ils étaient nombreux à réaffirmer leur engagement pour la préservation de ce site en tant que parc urbain et espace socioculturel, récréatif et écologique représentant l'unique poumon vert au centre ville de Hammamet. Ils en appellent enfin aux autorités compétentes pour répondre favorablement à leur requête formulée dans une pétition populaire demandant le gel de toutes les demandes d'autorisations de bâtir sur ce terrain. La place Chelma a été conçue dans une logique esthétique loin de tout mercantilisme. Tout inspire l'intimité et la convivialité, souligne Dr Salem Sahli, Secrétaire général de l'Association d'Education Relative à l'Environnement de Hammamet (Aere) « Et voilà qu'au lieu de préserver la vocation publique de la place et de sauvegarder le site qui présente un intérêt certain sur le plan paysager, patrimonial et social, l'Agence de Protection et d'Aménagement du Littoral (Apal) vient d'octroyer généreusement une autorisation d'occupation privative du Dpm sur la place Chelma pour l'aménagement d'une buvette. L'édifice une fois achevé constituera à coup sûr un obstacle inesthétique barrant l'horizon et sera une source de nuisances pour les milliers d'habitants qui résident dans la vielle ville. Nous sommes contre la privatisation de l'espace Chelma et déterminé à sauver ce lieu mythique d'Hammamet » Zeineb, une jeune cadre à Hammamet estime que les places publiques rétrécissent comme une peau de chagrin. « Nous sommes en droit de nous poser la question suivante: Que restera-t-il de nos sites balnéaires si les autorisations d'occupation du Dpm continuent à être généreusement délivrées aux promoteurs touristiques ?Les pressions sur le littoral hammamétois sont tellement intenses que, si nous n'y prenons garde, il ne restera pratiquement plus un pouce de rivage qui ne soit loti, bétonné ou doté d'équipements divers.Nous sommes, bien-sûr, convaincus de l'importance du secteur touristique dans l'économie du pays. Nous sommes conscients qu'il constitue un acquis national qu'il faut sauvegarder, promouvoir et auquel il faut garantir toutes les conditions d'un développement durable. Toutefois, nous refusons que ce secteur accapare les dernières plages publiques qui restent à Hammamet, et sollicitons l'intervention des autorités afin de sauver Chelma » Ezeddine Mankai estime que la plus belle place de Hammamet « Chelma risque fort d'être contaminée par des constructions anarchiques dans un but purement commercial. « Cette place précise t-il doit rester un lieu de promenade pour les hammamettois et les touristes et je là je lance un appel à tous les Hammametois, à tous les amoureux de Hammamet et à tous ceux qui protègent le littoral de contrer ce projet néfaste à la beauté de Hammamet. Il faut rappeler pour ceux qui ne la savent pas que la petite plage de la Place Chelma, est fréquentée par les familles les plus discrètes de la médina qui, depuis des siècles, nagent en toute discrétion. Cette place a été aménagée et financée par la Principauté de Monaco pour en faire un lieu mythique. La vigilance est de rigueur si l'on veut préserver la vocation de Chelma et sauver ce patrimoine des convoitises récurrentes des promoteurs privés ».