Commençons d'abord, par remercier Dieu pour ces pluies bénéfiques qui nous donnent de l'espoir et nous change de la cacophonie politique qui prend des proportions inquiétantes au vu de ce bazar de la souffrance érigé en commerce théâtral, non, pas pour la vérité et la dignité, mais pour pousser les Tunisiens à se haïr, à se culpabiliser les uns les autres et à jeter dans la boue l'essence de l'Etat, qui est la puissance publique ! Disons le haut et fort, il y a eu des dépassements et des répressions certaines en 60 ans, d'exercice du pouvoir par les systèmes politiques de l'indépendance et de la construction, à partir de presque rien, de l'Etat national moderne. Mais, de là à comparer le « tribunal » IVD (Instance, Vérité et Dignité) au Tribunal de « Nuremberg » c'est tout simplement donner la vraie dimension à ce théâtre de la misère humaine et de la souffrance avec des objectifs précis, non pas de réconciliation nationale mais d'approfondissement des fractures et des brisures entre Tunisiens, entre partis et entre courants de pensées. M. Rached Ghannouchi qui a tout fait pour imposer la création de l'IVD à la Constituante, jubile et a marqué de sa présence l'ouverture du tribunal « historique contre le despotisme ». Mais, il ne mesure pas ce qu'il perd en remuant les couteaux dans les plaies, parce que lui l'arroseur, finira par s'arroser à son tour, et parce que maintenant il y a une exigence nationale d'ouvrir les dossiers des violences terroristes... toutes les violences, y compris, celles d'Ennahdha, et de ses leaders les plus en vue. Nuremberg, c'est le procès contre le nazisme qui a fait 6 millions de morts, juifs, brûlés dans les camps de concentration et des dizaines de millions de morts sur les champs de bataille de la planète, tous continents confondus. Or, est-ce cela qu'a fait Bourguiba ou même Ben Ali, en presque 60 ans de pouvoirs confondus ! Allons, donc, la désinformation prend l'allure et le volume d'une tromperie honteuse et d'une déformation systématique de l'Histoire, pour dénigrer les systèmes politiques de la modernisation nationale, au profit d'un système autrement plus despotique et plus totalitaire de l'islamisme politique « frères musulmans ». L'amalgame ne passe pas. Et je ne suis pas étonné de la réaction énergique et de la mobilisation des vrais démocrates et des destouriens progressistes et bourguibiens pour dénoncer, non pas les victimes qui doivent être réhabilitées dans leur dignité, mais ces politiciens machiavéliques qui ont plus que des choses à se reprocher et qui ont répandu à grande échelle la pensée terroriste takfiriste, par toutes les cellules des partis islamistes qui se comptent par dizaines de milliers, depuis plus de quarante ans et qui ont créé cette armada de « jihadistes » et des colonnes de Daëch et dérivés. La souffrance est une et indivisible, la dignité aussi ! Les Tunisiens doivent exiger de Mme Ben Sedrine toute la vérité sur tous les assassinats politiques y compris parmi nos valeureux soldats, policiers et gardes nationaux ainsi que leurs commanditaires et toutes les loges des prédicateurs de l'obscurantisme qui ont bourré les crânes des criminels à qui on a appris que tuer un opposant politique (non islamiste) ou un soldat et policier est un devoir prescrit par Dieu ! Mme Ben Sedrine doit aussi faire parler ceux qui ont été derrière Soliman, Chaâmbi, le Bardo, Sousse, etc... y compris les idéologues et les formateurs de ces escadrons de la mort et qui sont intégrés dans les partis islamistes à ce jour dans des cellules dormantes. L'IVD ne doit pas faire le procès de la « moitié » de la souffrance mais de sa totalité si elle veut être une Instance « nationale » digne de ce nom et non pas un instrument de destruction massive au service des courants obscurantistes et rétrogrades qui veulent incriminer la modernisation et ses promoteurs. La « Réconciliation » doit aussi être « Nationale » et non pas partielle ! Ce n'est pas seulement aux islamistes de pardonner pour avoir subi la répression. Mais, c'est aux islamistes, aussi, de se faire pardonner par le peuple tunisien pour tous les crimes commis en leur nom ! Tous les systèmes politiques ont du bon et du mauvais. C'est l'exercice du pouvoir et les attributs de la puissance publique qui engendrent les dépassent et les dérives « illégales ». Mais, là encore qui est « légal » et qui est « illégal » dans l'acte de gouvernement en temps de crise et quand les systèmes politiques sont en danger ! M. Erdogan en Turquie, qui était menacé dans son existence en tant que système politique et peut être dans sa vie, a-t-il eu raison ou tort de faire toutes ces répressions sanguinaires après le coup d'Etat des militaires contre lui... M. Ghannouchi et tous ses cadres l'ont soutenu avec ferveur et approuvé en long et en large cette main de fer qui a décapité ses opposants. Mais le reste du monde n'est pas de cet avis ! Alors qui a raison et qui a tort... de « réprimer » en temps de crise. Mme Ben Sedrine devrait le savoir... pour que son « théâtre » soit le théâtre de la vérité... Toute la vérité, car la « vérité » orientée... est fallacieuse ! Les idéologies et les adeptes qui reconnaissent comme « légitime », le changement politique par la violence doivent-ils être réprimés ou non. Tous les systèmes du monde donnent aux seuls Etats la possession et l'exercice de la violence « légale » à travers la police et l'armée, contrôlées par le droit positif et la justice. Or, quand, un parti ou des « militants » de partis intègrent la violence dans leurs mécanismes et reconnaissent cette violence comme « légitime » pour le changement politique ou social, que doit faire un chef d'Etat ou de gouvernement !? Exercer ses compétences pour sauvegarder l'Etat puissance publique, ou laisser le pays sombrer dans l'anarchie et la guerre civile. L'Irak, la Syrie, la Libye et le Yémen, ont payé le prix fort des idéologies qui prônent le changement politique par la violence. La Tunisie a échappé par miracle à une guerre civile toute annoncée parce que les partis islamistes et les partis démocratiques ont arrondi les angles. Venir, aujourd'hui, réanimer la haine et la fanatisation partisane est de nature à réveiller les démons de la discorde ! Attention le théâtre qu'on a voulu « fiction » esthétique risque de nous replonger à nouveau dans l'inconnu de l'amère réalité et de l'instabilité ! M. Ghannouchi veut marquer des points... mais il peut en perdre beaucoup... comme en 2014 ! Qui sait plus ! K.G