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L'art de noyer le poisson
Publié dans Le Temps le 31 - 12 - 2014

Ce qui s'est passé vendredi dernier au Palais de Carthage dépasse, de loin, le cadre restreint de la simple polémique procédurale. Il suscite une question beaucoup plus importante qui a trait à la constitution et au fonctionnement de cette instance et donc à sa crédibilité et à sa capacité à mener à bien la tâche dont elle est investie. L'émission d'avant-hier de « Liman yajraâ fakat » (Uniquement pour ceux qui osent) a illustré toutes ces questions et dévoilé son parti pris, son dysfonctionnement et son inaptitude à dévoiler la vérité et à réconcilier les Tunisiens.
Le premier vice qui affecte l'Instance de Vérité et Dignité c'est la partialité flagrante des membres la composant. En effet, la plupart d'entre eux appartiennent à des associations ou sont proches de certains partis. Et cette partialité se vérifie encore plus avec Sihem Ben Sedrine, l'élue d'Ennahdha. En conclusion, l'IVD roule pour Ennahdha à 90% si on en exclut les démissionnaires, notamment, Noura Borsali. Alors, comment une telle instance pourrait-elle ouvrir les archives et les traiter objectivement sans en occulter ceux qui incriminent les obscurantistes ? Le peuple tunisien et la société civile et politique sont appelés à intervenir pour arrêter cette farce de très mauvais goût et imposer des conditions objectives, garantissant les droits de toutes les parties et satisfaisant tout le monde. La première de ces conditions, c'est la recomposition de cette instance qui doit comporter des représentants de tous les protagonistes politiques, de la société civile et des institutions de l'Etat afin que les dossiers soient traités sous le regard de tous, ainsi que la nécessité qu'elle soit présidée par une personnalité bénéficiant de l'unanimité de tous ces acteurs. Donc, la question est beaucoup plus importante que celle qui était soulevée relativement au comportement du syndicat de la sécurité présidentielle et du procès que l'IVD de Ben Sedrine va lui faire. Ce sont des manœuvres qui visent à noyer le poisson et qui sont appuyées par quelques maîtres du barreau qui essayent de nous embourber dans les méandres de la loi pour nous faire oublier l'essentiel. Dr Sadok Belaid n'avait-il pas raison de dire que l'événement des archives de vendredi dernier n'était rien d'autre qu'une opportunité politique dont les auteurs cherchaient à marquer des points en ce moment de passation des pouvoirs entre le président sortant et le président entrant?
Des informations erronées
Pour revenir à Noura Borsali, il faut rappeler qu'elle s'est indignée, sur sa page facebook, des déclarations de Sihem Ben Sedrine, expliquant les raisons de sa démission par ses craintes des élections, et qui s'est refusée à donner tout commentaire, se contentant de dire que de tels propos indignes d'une présidente d'une commission de vérité ne méritaient pas de commentaire. Toutefois, elle lui a lancé un défi maintenant qu'elle a violé l'obligation de réserve imposée aux membres et dont elle les menace : celui de publier sa lettre de démission. « Si elle ne le fait pas, je le ferais moi-même pour que la vérité soit dévoilée ; je me limiterais à dire ce soir qu'une des raisons de ma démission, ce sont ses mensonges dont elle a fait une règle de gestion du groupe », entonna-t-elle, en faisant référence à l'émission de dimanche dernier. Parmi ces « mensonges », elle cite le salaire du président du comité marocain qui, selon elle, ne correspond pas à la somme qu'elle a révélée. De plus, Borsali soulignait que Ben Sedrine n'a pas dit qu'en dehors d'importants salaires, Mohamed VI n'a pas accordé de voitures de fonction aux membres de l'Instance et que seul le président en disposait d'une. Ce qu'elle trouvait scandaleux c'est le fait qu'elle se comparait à Desmond Tutu, le Sud-africain. « Quelle vérité attendez-vous de cette femme dont je continuerai à demander le départ de la tête de l'IVD ? Que de bévues jusque-là ! Elle est en train de décrédibiliser l'IVD et tout le processus de justice transitionnelle. Ce soir, en suivant l'émission, j'avais honte pour mon pays », conclua avec exaspération la démissionnaire Noura Borsali. Une dernière chose : l'invitation du Rcdiste, Ridha Mellouli, n'était pas arrangée pour assurer de la sympathie à Sihem Ben Sedrine et justifier sa sortie du plateau ?
Faouzi KSIBI
Noura Borsali ironique :
« Je remercie Sihem Ben Sedrine d'avoir déclenché un grand élan de sympathie à mon égard »
L'Instance Vérité et Dignité est au cœur de l'actualité depuis quelques jours à cause de l'affaire de la saisie des archives. Une occasion pour remettre sur le tapis la démission de Noura Borsali. Abdication face aux pressions comme l'a affirmé Sihem Ben Sedrine, peur des représailles ou refus de la gestion douteuse de l'Instance et des abus de pouvoir de sa présidente, que cache vraiment cette démission ? Noura Borsali répond à nos questions. Interview.
Le Temps : Sihem Ben Sedrine a déclaré sur Al Hiwar Ettounsi que vous aviez quitté l'IDV par peur. Pouvez-vous nous dévoiler les vraies raisons de votre démission?
Noura Borsali : Je ne souhaiterais pas rentrer dans une polémique avec Sihem Ben Sedrin. Tout ce que je peux dire, c'est qu'elle a déjà tenu de tels propos sur Express FM, il n'y a pas longtemps et que je n'ai pas jugé important ou opportun d'y répondre. Mais qu'elle continue dans son bas dénigrement et dans ses contre-vérités devant des milliers de téléspectateurs, j'ai jugé qu'il était de mon droit d'y répondre cette fois-ci. Elle sait pertinemment les raisons réelles de ma démission que j'ai consignées dans ma lettre de démission. J'ai également remis cette lettre à chacun des membres du conseil de l'IVD le jour de la réunion du 10 novembre 2014 en insistant sur le caractère irrévocable de cette démission. Elle aurait pu répondre à la question de l'animateur qui lui a lu un extrait de mon communiqué de presse que j'ai publié pour annoncer ma démission et dans lequel je demandais la révision de la loi de justice transitionnelle et aussi de la composition et de la présidence de l'IVD que mon droit à l'expression était bien garanti par la Constitution de notre pays. Ceci étant dit, les propos qu'elle a tenus l'ont discréditée. A cette occasion, je voudrais remercier tout ceux qui m'ont soutenue et je remercie même Ben Sedrine, d'avoir réussi, sans le vouloir bien sûr, à susciter tout cet élan de sympathie à mon égard. Pour finir, je souhaiterais que cette polémique cesse parce qu'elle n'est ni dans l'intérêt de l'IVD ni dans celui de la justice transitionnelle. Toutefois, elle aurait eu le mérite de dévoiler qu'un changement à la tête de l'IVD s'impose. L'IVD a besoin d'une présidence sereine, au-dessus de tous les conflits et suspicions et surtout des rancunes et des haines.
Vous ne regrettez donc pas votre démission ? N'aurait-il pas été plus utile d'opposer une résistance de l'intérieur même de l'IVD ?
Si j'ai déposé ma candidature pour l'IVD, c'est parce que je demeure fortement convaincue de l'importance de la justice transitionnelle qui est, pour moi, au cœur de la transition démocratique. Dans mon ouvrage "Bourguiba à l'épreuve de la démocratie", j'ai publié des témoignages de quelques victimes de la période 1956-1963 et de leurs familles qui sont émouvants. Je me suis beaucoup intéressée à cette question dans mes écrits journalistiques et dans mon combat pour la démocratie dans mon pays. En rejoignant l'IVD, j'ai fait confiance à Ben Sedrine en votant pour elle et j'ai fermé les yeux sur l'appartenance politique de certains membres. Pour moi, il fallait que ce processus aboutisse même avec ses imperfections. Mais, la gestion interne de cette institution nationale m'a écœurée. J'ai bataillé de l'intérieur pour que le fonctionnement soit meilleur et digne d'une institution pareille, en vain... Je ne pouvais plus continuer de cautionner des choses, une manière de faire et une mentalité qui ne correspondaient pas à mes attentes ni à mes ambitions. J'ai alors démissionné et je vous avoue que cette décision m'a soulagée. Et heureusement que je n'étais pas encore à l'IVD le 26 décembre. De toutes les façons, s'il nous avait été donné l'occasion en tant que membres de l'IVD de discuter amplement de cette opération et de ne pas travailler dans l'urgence, je m'y serais opposée et, minoritaire, j'aurais démissionné. La majorité n'a pas toujours raison et peut commettre des erreurs. Cette expérience passée à l'IVD m'a donné à réfléchir sur les maux qui pourraient mettre en difficulté le processus de justice transitionnelle dans notre pays. Et d'abord sur cette loi que nous avons pratiquée de l'intérieur. Je me suis rendu compte de ses failles et des difficultés qu'elle suscite ainsi que du pouvoir exorbitant qu'elle accorde à cette structure et aussi à sa présidence. L'exemple en a été donné le 26 décembre dernier. Les experts internationaux que nous avons rencontrés dans le cadre de l'IVD ont affirmé qu'une telle loi n'a jamais existé dans aucun pays du monde qui a connu une expérience de justice transitionnelle. Ensuite et enfin, il me semble indispensable de revoir la composition et la présidence de l'IVD pour plus d'indépendance... J'appelle, à ce propos, à un débat national sur cette loi et sur le processus de justice transitionnelle tel qu'entamé pour que ce dernier soit rectifié afin de lui garantir plus de succès. Nous n'avons pas le droit de badiner avec les victimes des différentes répressions qu'a connues notre pays durant de longues décennies. Elles doivent témoigner de leurs souffrances et des injustices commises à leur encontre et être réhabilitées. Le but ultime est, d'une part, "plus jamais ça" et donc la non répétition d'un tel système qui réprime, et, d'autre part, la réconciliation nationale après l'identification des responsabilités de tous ces crimes commis. Les Tunisiens ont besoin aujourd'hui de se réconcilier avec leurs institutions, leur mémoire collective et leur histoire. Ce sont ces défis que la justice transitionnelle est appelée à relever pour que notre pays devienne un véritable Etat de droit. Pour réaliser cela, il est impératif que l'IVD et tout le processus de justice transitionnelle demeurent en dehors des conflits partisans et de l'instrumentalisation politique.
Pour conclure, quelle est votre position par rapport à l'affaire des archives présidentielles ?
La question des archives est une des questions centrales pour la recherche de la vérité qui constitue la mission fondamentale de l'IVD. Donc, mettre à la disposition de l'Instance cette somme de documents est un droit indéniable. Toutefois, la loi ne stipule à aucun moment, dans ses articles relatifs aux archives et aux documents indispensables à la mission de l'IVD, que l'Instance a le droit de prendre possession de nos archives nationales. Elle a l'ample ddroit d'y avoir accès, qu'on mette à sa disposition les documents nécessaires à sa mission et aussi de prendre des mesures conservatoires si elle juge que les documents en question sont menacés de disparition ou de destruction. Mais, que l'IVD prenne possession de la totalité des archives de la présidence, comme elle a tenté de le faire le 26 décembre dernier, cela est illégal d'une part, et inadmissible d'autre part parce que les archives constituent un patrimoine précieux et un bien commun de tous les Tunisiens. Cette appropriation désirée de nos archives par une Instance, serait-elle une commission de vérité, n'existe dans aucun des pays qui ont connu un processus de justice transitionnelle comme la Pologne, l'Allemagne, le Pérou, l'Argentine, l'Afrique du Sud etc...Dans ces pays, les archives nationales et autres sont bien protégées et accessibles à tous les citoyens selon des normes internationales. Un autre point qui me semble important: Selon l'accord entre le président sortant et l'IVD qui a été lu dans l'émission télévisée du samedi, la destination des archives était le siège de l'IVD. Or, l'Instance ne dispose, à ce jour, d'aucun moyen humain et matériel, pour garantir la protection et la sauvegarde des archives selon les normes en cours comme l'a expliqué le Directeur général des archives. Et puis, pourquoi la totalité des archives de la présidence ? Nos juristes Sadok Belaïd et Ali Mezghani ont bien expliqué que l'accès aux archives auquel a droit l'IVD s'inscrit dans le cadre de sa mission et pour éclairer un dossier précis qui exige le recours à cet outil. Personnellement, je joins ma voix aux historiens tels Abdeljelil Temimi pour que les archives de la présidence soient transmises aux Archives nationales et donc accessibles aux Tunisiens. Selon d'autres, une seconde solution est également envisageable, c'est la création d'une structure indépendante qui puisse se charger d'un tel patrimoine. Je propose que les nouveaux gouvernants mettent en place une commission de réflexion composée de toutes les parties concernées par cette question (Archives nationales, archivistes, institutions publiques, historiens, IVD, société civile travaillant sur la question comme "le labo démocratique" etc....) pour réfléchir sur cette question et lui trouver les solutions adéquates. Ceci étant dit, je pense que l'opération de l'IVD du 26 décembre est précipitée compte tenu de ce que j'ai dit précédemment et aussi du timing qui ne se prêtait pas à une telle action. D'autre part, on a voulu réduire cette importante question des archives à un conflit IVD- syndicat de la sécurité présidentielle alors qu'il le dépasse et pose une question fondamentale, celle de l'accès à nos archives nationales. C'est de cela qu'il faut discuter parce qu'il s'agit d'une question fondamentale pour le pays, surtout après que certains de nos archives et documents ont disparu et ont été détruits après le 14 janvier. C'est une urgence d'y répondre pour protéger notre patrimoine et notre histoire nationale. Pour moi, il faut traiter les questions de fond.


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