De nombreux musées nés d'initiatives familiales ou locales pourraient venir instituer un véritable réseau de la mémoire artistique. Après la création du musée Safia Farhat à Radès, les initiatives pourraient se multiplier et concerner de nombreux artistes à l'instar de Salah Mehdi ou Abdelaziz Jemaiel. En attendant, la semaine prochaine, Douz rend hommage à Mhamed Marzouki à l'occasion du centenaire de sa naissance... Enfin, un musée Safia Farhat à Radès! Le projet a vu le jour à la fin de l'année 2016 et a été rendu possible par la conjonction des efforts de Aicha Filali qui a entrepris un véritable travail de fond e t le soutien du ministère des Affaires culturelles. L'ouverture de ce musée Farhat, dédié à l'une des pionnières des arts plastiques en Tunisie est en soi une bonne nouvelle et constitue aussi un exemple vertueux pour de nombreuses initiatives qui attendent de voir le jour ou qui demeurent en souffrance à cause du manque de moyens ou d'une expertise insuffisante des héritiers de nos artistes. De Zoubeir Turki à Salah Khemissi En effet, par ricochet, l'ouverture de ce musée Farhat relance de nombreux autres projets de musée qui n'attendent qu'un déclic ou un coup de pouce des autorités gouvernementales ou locales voire parfois de certaines structures associatives. Ainsi, on peut à l'heure actuelle recenser plusieurs initiatives en ce sens dont certaines sont en voie d'aboutir alors que d'autres restent en friche. Il existe aussi plusieurs exemples de musées complètement réalisés ou en instance de création. Il y a quelques mois, l'idée d'un musée Zoubeir Turki était relancée par ses héritiers à l'occasion d'une exposition des oeuvres de ce ténor des arts en Tunisie. De son vivant, Zoubeir Turki avait caressé le projet de création d'un musée, avait choisi la banlieue de Ben Arous pour l'installer mais n'avait pu mener l'entreprise à son terme. Pareil musée aurait doublement sa place dans notre réseau encore virtuel. En effet, un musée Zoubeir Turki à Ben Arous dynamiserait la vie culturelle dans la région tout en rendant hommage à ce grand maître des arts plastiques. De même à Bab Souika, à Tunis, la famille de Salah Khemissi a créé un petit musée à la mémoire de ce chansonnier dans la demeure familiale. Toutefois, complexe, l'entreprise reste bancale car, malgré toute la bonne volonté du monde, la famille ne parvient pas à inscrire cette initiative dans la durée. Que faire alors? Faudrait-il créer une fondation ou encore demander le soutien des pouvoirs publics? La question demeure posée. Dans cet ordre d'idées, une initiative intéressante devrait avoir Douz pour théâtre dans les prochains jours. En effet, le musée du Sahara né à l'initiative du regretté Mhamed Marzouki devrait désormais accueillir une section à la mémoire de ce dernier. A l'initiative du ministère des Affaires culturelles et de la famille Marzouki, cette nouvelle section dans un musée local existant devrait être effective dans quelques jours à l'occasion du centenaire de la naissance de l'écrivain et poète natif de Douz. Dans le même ordre d'idées, l'association Aloes qui tente de préserver la mémoire de Hamadi Cherif, un galeriste et collectionneur d'art, essaie de relancer le centre culturel que ce dernier avait créé à Djerba. De facto, ce centre culturel pourrait continuer l'oeuvre de Cherif et devenir de facto un musée d'art contemporain réunissant les collections de l'ancien directeur de la galerie Cherif Fine Arts. De Noureddine Khayachi à Aly Ben Ayed Plus largement, les exemples sont nombreux de musées dans le domaine des arts plastiques ou de la musique qui pourraient avoir un impact appréciable sur la vie et la mémoire culturelle. Ainsi, la ville de la Marsa pourrait par exemple accueillir un musée Noureddine Khayachi qui rendrait hommage à ce grand peintre des traditions tunisiennes. Quid d'un musée Abdelaziz Gorgi? Ou encore de musées qui, avec le concours des familles, pourraient être consacrés à Alexandre Roubtzoff ou Pierre Boucherle. Et dans le monde de la musique, qu'attendons-nous pour concevoir un musée Abdelaziz Jemail ou Salah Mehdi? De même, pourquoi ne pas songer à un musée Aly Ben Ayed pour saluer ce que ce grand metteur en scène a donné au théâtre tunisien? De nombreuses initiatives pourraient voir le jour. Il suffit pour cela de synergies entre les familles, le département de la culture et éventuellement des fondations et des associations. Créer de petits musées serait une belle manière d'activer la mémoire culturelle et, au fond, par rapport aux gains artistiques, les investissements se justifieraient largement. Une question à creuser et des exemples à méditer...