La galerie Saladin organise du 17 au 30 septembre une exposition d'oeuvres du peintre et sculpteur Zoubeir Turki. Artiste majeur, disparu en 2009, Turki constitue l'un des promoteurs de la scène picturale tunisienne des lendemains de l'indépendance au début du nouveau siècle. Un artiste à redécouvrir, une oeuvre à saluer... Pour sa rentrée automnale, la galerie Saladin frappe un grand coup en organisant une rétrospective dédiée à Zoubeir Turki, l'un des témoins majeurs du mouvement artistique tunisien contemporain. Avec un nombre important de toiles et de dessins, cette exposition permettra de rendre hommage à Turki près de sept ans après sa disparition. Encore une fois, Ridha Souabni, le dynamique animateur de la galerie de Sidi Bou Said, parvient à mobiliser beaucoup d'énergies et met en place un événement qui donne du piment à cette rentrée. Le témoin d'une aventure artistique naissante C'est que Zoubeir Turki est une figure incontournable de la scène culturelle et artistique tunisienne! En effet, cet artiste a dominé de sa stature une longue période allant des années 1960 au début de ce siècle. Omniprésent, il a réalisé de nombreuses oeuvres peintes ou sculptées et rayonné sur les mondes du théâtre et du cinéma pour lesquels il avait créé de nombreux décors. Créateur de nombreuses fresques murales et oeuvres monumentales, Zoubeir Turki signa entre autres la statue de Ibn Khaldoun qui se trouve au coeur de Tunis. Auteur de plusieurs ouvrages dans lesquels son art du dessin figuratif sublimait la vie traditionnelle des familles tunisiennes, Turki est ainsi un témoin de la continuité et des changements qui ont touché la société tunisienne, essentiellement dans ses modes de vie, ses costumes, ses petits métiers ou ses personnages de légende. Avec Yahia Turki et Noureddine Khayachi, il est celui qui a transmis par la peinture et le dessin, un patrimoine aujourd'hui disparu et qui ne survit que grâce à cette présence artistique. Ainsi, les intérieurs à l'ancienne, le travail et les loisirs des femmes, un raffinement à la fois bourgeois et princier sont la trame humaine de l'oeuvre de Zoubeir Turki dont chaque esquisse est en soi un chef-d'oeuvre, qui plus est hautement coté sur le marché de l'art. En effet, Zoubeir Turki constitue une valeur sûre et ses oeuvres – quel que soit leur format - sont très demandées par les collectionneurs et les marchands d'art. Ces oeuvres demeurent relativement rares et plusieurs études et esquisses de cet artiste sont aujourd'hui dans le circuit artistique qui en est très friand. C'est dire l'importance de l'initiative de Ridha Souabni d'ouvrir la saison sous le signe fécond du grand maître. Importance commerciale certes mais aussi et surtout culturelle, car cette exposition permettra aux plus jeunes de découvrir certains aspects de l'oeuvre de Turki et au public culturel de se retremper dans l'univers nostalgique de cet artiste de la haute tradition représentée par une Ecole de Tunis dans toute sa splendeur et sa relation insécable avec le patrimoine. De la Zitouna à l'Ecole des Beaux-Arts Né en 1924 à Tunis, Zoubeir Turki est décédé en octobre 2009. Ayant fréquenté aussi bien les bancs de la Zitouna que ceux de l'Ecole des Beaux'Arts, il a parfait sa formation artistique à l'Académie des Beaux-Arts de Stockholm, en Suède. Haut responsable au ministère de la Culture, il est à l'origine du Centre d'art vivant du Belvédère et de l'Union des plasticiens. Son oeuvre gigantesque et diversifiée lui donne une position centrale dans la vie artistique tunisienne. L'exposition de ses oeuvres à la galerie Saladin se poursuivra du 17 au 30 septembre et devrait connaitre un vernissage des plus brillants. On y annonce en effet la présence de Frederick Floren, ambassadeur de Suède en Tunisie, celle de Dorra Bouzid qui présentera un exposé sur le parcours de Turki et également celle de Béchir Lakhdhar et Hassen Turki, respectivement compagnon de route et fils de cet artiste majeur. Peut-être bien que cette exposition d'automne remettra à l'honneur le projet d'un musée consacré à Zoubeir Turki que l'artiste avait initié lui-même à Ben Arous mais qui n'aura pas connu de continuité... Et, sans doute qu'à l'horizon 2019, une décennie après la disparition du maître, un hommage d'envergure internationale lui sera-t-il rendu... Pour l'heure, la galerie Saladin se distingue une nouvelle fois en remettant la figure de Zoubeir Turki au coeur de la vie des arts.