L'incident survenu au Centre hospitalo-universitaire Farhat Hached de Sousse avec la mort d'un nouveau-né prématuré de six mois continue à soulever la polémique au sein de l'opinion publique impliquant le corps médical, la justice et le secteur des médias. La résidente, ayant pris en charge l'accouchement en question, a été placée en garde à vue avant d'être libérée sous la pression de la corporation des médecins, ministre de la Santé en personne en tête, alors qu'un autre médecin, auteur d'une transfusion sanguine à Gabès qui aurait causé la mort d'un patient, est toujours en garde à vue, mais à l'hôpital militaire de Tunis où il est hospitalisé suite à un AVC. Tous ces incidents cumulés ont été la cause d'un mécontentement généralisé chez le corps des médecins qui ont observé, hier, une grève générale d'une journée dans les deux secteurs, aussi bien public que privé, accompagnée d'un sit-in houleux devant le Palais du Gouvernement à La Kasbah réclamant une législation spécifique réglementant la responsabilité médicale dans le but de protéger et le praticien et le patient. Abstraction faite des derniers incidents mentionnés et sans revenir aux détails de ces accidents médicaux et des traitements qui leurs sont réservés par la justice et les différents médias sans oublier les réseaux sociaux, il convient d'aller au fond des choses et de voir, plutôt, les dysfonctionnements de tout le système sanitaire en Tunisie que toutes les parties concernées s'accordent à dire qu'il a besoin d'une réforme aussi urgente que profonde. Le système de santé, principalement public, est au plus mal dans la mesure où les hôpitaux sont, pour la plupart, dans un état vétuste tant ils pâtissent des circonstances et de leur condition. Ils souffrent de carences d'hygiène, de manque de personnel, de délabrement et d'un défaut manifeste de maintenance et d'entretien. Même la carte hospitalière est à revoir tant la répartition des hôpitaux sur le territoire est problématique avec des déserts sanitaires. Est-il admis qu'un patient meure à cause d'une simple méningite, à notre époque, simplement parce que la malade n'a pas pu être transportée à l'hôpital faute de moyen de transport et du fait d'une infrastructure routière défaillante ? Est-ce juste qu'en Tunisie nous ayons un système de santé à plusieurs vitesses en fonction de la situation sociale de la personne ? Est-ce pensable qu'il puisse encore exister des zones du pays sans présence médicale de proximité ? Autant de points d'interrogation et bien d'autres qui exigent des réponses claires et immédiates à un moment où le secteur souffre de carences, à la fois, conjoncturelles et structurelles. Or, au lieu de réunir tous les acteurs autour d'une même table pour débattre de la situation et essayer de trouver des solutions durables et au lieu de donner l'exemple quant à leur réelle volonté de résoudre les problèmes, on constate que les premiers responsables du secteur n'hésitent pas à se lancer des accusations et se rejeter les responsabilités quant à l'état des lieux. Ainsi, la ministre de la Santé, Samira Meraî s'évertue à énumérer les réalisations depuis sa prise de fonction, de quatre mois seulement, tout en faisant assumer la situation négative antérieure et présente sur son prédécesseur. « L'ancien ministre de la Santé et son équipe se sont contentés d'établir un simple diagnostic de la situation sans mettre en place une vraie stratégie digne de ce nom pour sortir de la crise », a-t-elle indiqué en substance se présentant, ainsi, comme étant le sauveur de la médecine en Tunisie N'admettant pas de telles accusations, l'ancien ministre de la Santé, Saïd Aïdi, est intervenu hier, sur le même plateau radiophonique utilisé par sa collègue, pour répondre à son successeur l'accusant, à son tour, de « mensonge ». Ni plus, ni moins. «Je suis vraiment désolé d'être amené à dire que c'est du pur mensonge ! », s'indigna M. Aïdi. Et de préciser qu'il existe bel et bien une stratégie qu'il avait établie au moment de son passage au ministère, assurant que son intervention n'a rien de personnel mais qu'il le fait pour garantir le principe fondamental de la continuité de l'Etat. « Personne n'est parfait, et on commet tous des erreurs, mais il y a des choses qu'on ne peut occulter », s'est-il écrié. Et d'enchaîner dans un style direct en s'adressant à la ministre actuelle : «Je vous invite à consulter le JORT pour constater les décisions que j'ai prises à l'époque », a-t-il souligné en substance. M. Aïdi a fait, également, des révélations quant à l'existence de pratiques consistant à réintégrer certains cadres soupçonnés d'être impliqués dans l'affaire des stents périmés et la réouverture des salles d'intervention, à l'encontre desquelles des décisions de fermeture définitive avaient été prises. Ainsi, au lieu d'être constructif, de regarder la réalité en face et de conjuguer les efforts pour tenter de pallier aux défaillances, l'on continue à se chamailler, à s'insulter et à se lancer des accusations graves, dont notamment le « mensonge » par médias interposés.... Aux politiciens et autres décideurs, au sein du gouvernement ou en dehors, nous disons tout simplement : arrêter de parader et de palabrer...nous voulons des actions concrètes, efficaces, qui répondent aux attentes des citoyens. Des actes pour la Tunisie.