La Tunisie célèbre ce 27 mars la journée mondiale du théâtre. Une belle occasion de jeter un regard rétrospectif sur une tradition tunisienne commencée avec les auteurs de l'antiquité. Depuis vingt-trois siècles, le théâtre continue sa longue marche et rassemble un public fidèle et engagé... Comme chaque 27 mars, la journée mondiale du théâtre sera célébrée avec faste en Tunisie. De nombreuses représentations, un festival au Kef et la présence de troupes arabes et européennes comptent parmi les principales balises de cette journée qui rassemble la grande famille universelle du quatrième art. De Dougga à Carthage, les théâtres de l'antiquité La tradition du théâtre remonte en Tunisie à l'antiquité latine, comme en témoignent les nombreux théâtres romains qui se trouvent un peu partout dans le pays. De Carthage à Dougga en passant par Sbeitla ou Bulla Regia, ces théâtres antiques sont les témoins par excellence de la profondeur de cet ancrage. De plus, dans la tradition latine, Terence Afer est l'un des auteurs classiques les plus importants. Né en Tunisie, Terence a poursuivi l'oeuvre des grands dramaturges grecs et a laissé un important patrimoine composé de comédies. Cet auteur du deuxième siècle avant notre ère est lui aussi le témoin de la présence du théâtre sous nos cieux. Il faudra attendre le dix-neuvième siècle pour voir le quatrième art renaître en Tunisie. C'est en 1907 que sera en effet créée la première compagnie de théâtre en langue arabe en Tunisie. Nommée "Ennejma", cette troupe allait mettre en scène "Othello" de Shakespeare mais ce projet tomba à l'eau à cause de l'arrivée à Tunis d'une troupe de théâtre venue d'Egypte, qui allait phagocyter "Ennejma". C'est de ce début du vingtième siècle qu'allait commencer la longue marche du théâtre tunisien. De nombreuses troupes comme "Al Adab", "Al Chahama" ou "Al Mostaqbal" allaient faire les beaux jours de la comédie et de la tragédie avec un répertoire international traduit en arabe. Partout dans le pays, les années trente allaient voir surgir de nombreuses compagnies qui mettront le théâtre au service de la cause nationale tunisienne. La naissance de la Troupe de la Ville de Tunis allait constituer un tournant car il s'agissait structurellement de la première troupe professionnelle. Cette compagnie allait connaitre un essor fulgurant sous la férule de Aly Ben Ayed et ouvrir la voie à de nouvelles générations théâtrales représentées par Moncef Souissi, Samir Ayadi ou Ezzeddine Madani, tenants du Théâtre du patrimoine. Naissance des Journées théâtrales de Carthage La pratique du quatrième art allait ensuite connaitre un développement sans précédent. Lamine Nahdi fondait un théâtre populaire, plusieurs groupes expérimentaux voyaient le jour dans le sillage du théâtre scolaire et universitaire, le théâtre régional évoluait rapidement avec des bastions à Gafsa et au Kef. Enfin, un véritable théâtre professionnel s'affirmait en 1975 avec le collectif du Nouveau Théâtre. Quant aux années 1980, elles verront la naissance du Théâtre national tunisien et la dissémination des centres d'art dramatique. Côté festivals, c'était une grande effervescence avec le traditionnel rendez-vous des amateurs à Korba et la naissance des Journées théâtrales de Carthage. De nos jours, les festivals se comptent par dizaines et investissent toutes les singularités d'un théâtre tunisien qui s'exporte plutôt bien. A la veille de la journée mondiale du théâtre, ce rappel historique est de nature à souligner la remarquable continuité du quatrième art en Tunisie et la forte tradition de cet art que célébraient déjà les mosaïques du deuxième siècle et que nous fêtons chaque 27 mars. Bonne fête à la grande famille du théâtre!