Après de longs mois de report, les composantes du Front du salut et du progrès ont officialisé, dimanche dernier, cette nouvelle entité politique. Un Front visant à regrouper « les rangs des forces démocratiques, des centristes et des opposants » face aux nombreuses menaces que vit notre démocratie naissante. Lors de la cérémonie, plusieurs personnalités politiques – à l'instar de Slim Riahi, Mohsen Marzouk, Abdelaziz Mzoughi, Ridha Belhadj, Abdelaziz Kotti ou encore Mahmoud Baroudi – ont tenu des discours où l'accent a été porté sur la gravité du projet sociétal, économique et politique du mouvement d'Ennahdha. D'ailleurs, le président de l'Union patriotique libre (UPL) a carrément qualifié le mouvement en question de terroriste en déclarant : ‘le problème en Tunisie c'est que le terrorisme est un terrorisme d'Etat ... le même Etat est tenu par Ennahdha depuis 2011, je pense que le message est assez clair'.De son côté, Ridha Belhadj a profité de son discours pour mettre en évidence les problèmes que subit le mouvement de Nidaa Tounes en expliquant que la crise qu'il connait s'est transformée en une crise du pouvoir où les décisions sont prises tantôt par « la famille », comprendre celle des Essebsi, tantôt par les lobbies d'Ennahdha. Des discours qui nous ont rappelé ceux tenus, par les mêmes personnalités d'ailleurs, au lendemain de l'assassinat du martyr Mohamed Brahmi. A l'époque, l'évincement d'Ennahdha du pouvoir avait été présenté comme étant le but suprême de tout parti politique patriotique qui se respecte. Quelques temps plus tard, le Front (du salut) avait été formé regroupant Gauche et Droite pour servir ce but. Un Front qui a mené, à merveille, le fameux sit-in Errahil qui avait émerveillé les Tunisiens en les laissant croire à des rêves sans fin pour le pays. Au bout de plus d'un an de douleur et de violence, tous ces rêves ont été anéantis par la cohabitation ‘imposée par les résultats des élections' entre Ennahdha et le Nidaa. Une manœuvre politique stratégique soutenue par ceux là mêmes qui la descendent aujourd'hui ; Slim Riahi, Mohsen Marzouk et Ridha Belhadj ont en effet joué des rôles majeurs dans la constitution de cette cohabitation. Le président de l'UPL a passé des mois à se vanter de la photo de la fameuse réunion de Paris entre les deux cheikhs d'Ennahdha et de Nidaa Tounes. En politique, il est bien évidemment permis de changer de posture et d'estimer que, finalement, ce que nous avons accompli jusqu'ici n'était pas bon. Tout cela est permis voire nécessaire pour un politicien. Toutefois, ce même politicien devrait, au moins, déclarer publiquement et clairement ses erreurs avant de changer, radicalement, de position. Les principaux dirigeants de ce nouveau Front ont donc changé, d'autres diront qu'ils ont plutôt évolué, ce qui n'est pas mauvais en soit. Maintenant, il leur reste à prouver que, d'une, ces changements sont réels et non circonstanciels et que, de deux, ils ne trahiraient pas de nouveau la confiance de leurs électeurs potentiels. Entre temps, il faut s'attendre à ce que le Courant de sauvetage au sein du mouvement de Nidaa Tounes, dirigé par Ridha Belhadj, soit juridiquement attaqué pour usage du logo et du nom du mouvement dans un cadre autre que celui du mouvement selon ce que nous a assuré une source proche du Nida.