En début de cette semaine, le secrétaire-général du Mouvement projet pour la Tunisie (MPT), Mohsen Marzouk, le leader du groupe de sauvetage au sein du mouvement de Nidaa Tounes, Ridha Belhadj et le président de l'Union patriotique libre (UPL), Slim Riahi, se sont entretenus - accompagnés, chacun d'entre eux, par d'autres dirigeants de leurs partis respectifs - sur l'éventualité de créer un nouveau Front politique. Selon le MPT, cette réunion viserait, entre autres, à réunir les rangs des partis progressistes et démocrates et de limiter la dispersion actuelle. Dans l'optique de Mohsen Marzouk l'invitation est ouverte à toutes les personnalités politiques qui voudraient se joindre à ce nouveau projet dont les mécanismes n'ont pas encore été fixés. Cette réunion nous renvoie à celles qui ont eu lieu en 2013 après l'assassinat de Mohamed Brahmi. A l'époque, Béji Caïd Essebsi, fondateur du mouvement de Nidaa Tounes, avait rassemblé tous les partis centristes et démocratiques et fondé ce que l'on appelait le Front du sauvetage. Grâce à ce Front, le très célèbre sit-in Errahil (organisé devant le siège de l'Assemblée des représentants du peuple au cours de l'été 2013) a été bien encadré et ses résultats ont été déterminants. Toutefois, ce même Front s'est éteint avec l'arrivée des élections législatives de 2014. Après avoir réuni les rangs des démocrates, Nidaa Tounes n'avait pas réussi à garder l'équilibre et la coalition s'était éteinte. Pour combler le vide laissé par tous ceux qui ont déserté, Nidaa Tounes a rassemblé autour de lui ceux qui ont été convaincus par l'importance du fameux vote utile. Aujourd'hui, les circonstances politique et sociale ont bien changé. Les résultats des élections de 2014 ont grandement été influencés par l'alliance des ennemis d'hier. Nidaa Tounes et Ennahdha ont causé, par cette même alliance, une crise de confiance sans nom entre l'électeur et les entités politiques. Cela sans compter les effets de la crise du Nidaa - dont deux clans se retrouvent aujourd'hui mêlés à cette affaire de création d'un nouveau Front - qui, à force, a fini par créer une atmosphère très tendue. Au cours de ces deux années de batailles, tous les dirigeants phares de Nidaa Tounes ont été impliqués dans des discours, voire des actes par moment, de violence et des attitudes particulièrement douteuses. Cette nouvelle étiquette des Nidaïestes risque de les poursuivre là où ils comptent aller dans leur projet et cela peut donc très bien devenir une sorte de malédiction qui les empêcherait, toujours, d'atteindre leur objectif. Du côté de l'UPL, les choses sont tout aussi compliquées puisque le parti vit, lui aussi, une crise rythmée par des démissions significatives. De plus, l'UPL n'en est pas à sa première tentative de fusion ou d'alliance. Après l'échec des négociations avec Al Moubadara de Kamel Morjane, Slim Riahi avait tenté, il y a quelques mois de cela, de trouver un compromis avec Nidaa Tounes en vue d'une union, d'une seule entité. Cet historique nous amène à nous poser des questions sur la possibilité de voir ce nouveau projet voir le jour surtout qu'au moins deux des dirigeants qui s'y trouvent sont connus pour avoir des egos assez démesurés...