Le coup d'envoi des JMC a été donné le soir du samedi 08 avril au Palais des Congrès de Tunis. La soirée d'ouverture a été assurée par la chanteuse Raoudha Abdallah qui avait admirablement présenté son projet musical intitulé « Gattayti » devant les mélomanes. Il est à rappeler que les JMC se poursuivront jusqu'au 15 avril courant et deux concerts sont prévus chaque soir, mettant en compétition 12 artistes africains dont les lauréats seront récompensés à l'issue de l'événement. Parmi eux, 8 tunisiens mais aussi des talents venus du Maroc, d'Egypte, et de Centrafrique. Avant le démarrage du concert, Hamdi Makhlouf, directeur du Comité d'organisation des JMC, a prononcé un mot en donnant un petit aperçu sur cette manifestation qui ne cesse de s'améliorer d'une année à l'autre. Il a rappelé les points fondamentaux sur lesquels est axée l'orientation des JMC, à savoir, la compétition des projets de concerts, l'ouverture sur le monde arabo-africain, le Salon des Industries de la musique, le savoir et la formation et la décentralisation. Concernant la décentralisation, a indiqué le Directeur, cinq villes de la Tunisie (Douz, Monastir, Nabeul, Siliana et Le Kef) verront des spectacles des JMC, outre les animations plein air à la capitale Tunis. Par ailleurs, M. Mohamed Zine El Abidine, ministre des affaires culturelles, a souligné dans son bref discours l'importance des JMC, considérant cette manifestation comme une composante essentielle de la scène culturelle tunisienne à l'image des JCC (Journées Cinématographiques de Carthage) et des JTC (Journées Théâtrales de Carthage). Il a été procédé également à la présentation des membres du jury de la compétition officielle et ceux du jury de la nouvelle compétition pour les enfants créateurs. Après quoi, la jeune chanteuse tunisienne, Raoudha Abdallah, radieuse et somptueusement habillée, monta sur scène avec sa troupe composée des musiciens Sami Ben Saïd (piano), Houcine Ben Miloud (flûte), Sahbi Mustapha (luth), Zied Lekoud (basse), Mehdi Bahri (guitare), Imed Rezgui et Mohamed Khachnaoui (percussions) avec trois choristes. Rappelons que Raoudha Abdallah s'est distinguée en 2016, lors de la 3è session des JMC en remportant le Prix du meilleur spectacle musicien pour son projet « Asrar ». Elle revient cette année avec son nouveau projet intitulé « Gottayti » qui constitue le prolongement de « Asrar ». C'est un projet artistique inspiré de notre héritage patrimonial très riche en sons et en rythmes musicaux qui célèbrent la chanson tunisienne et celle du Maghreb arabe. « Gottayti » est un projet qui a valu plusieurs mois de travail acharné pour le choix des paroles et de la composition musicale. Le mot « Gouttaya », puisé dans notre patrimoine veut dire «la queue de cheval » qu'on appliquait jadis dans la chevelure de la petite fille et qui fait rappeler la chanson d'ouverture diffusée en vidéo par un écran géant au fond de la scène, interprétée par des petits enfants qui jouaient en chantant « Ya m'tar ya khalti, soubbi ala Gouttayti » (Ô Tante Pluie, arrose ma queue de cheval), une chanson infantile ancienne qui se chantait essentiellement au sud-est tunisien, histoire de se réjouir de la pluie. La chanteuse enchaina avec d'autres chansons qui rappellent la nostalgie du passé et les souvenirs d'enfance tout en exprimant les maux des temps contemporains : « Dana Dana », « Saât » (parfois), « Elli Fet » (ce qui s'est passé), « W Alèche »(Et pourquoi) ; toutes ces chansons sont écrites par la chanteuse elle-même et mises en musique par Mouna Chtourou. La chanteuse a également interprété des chansons puisée dans le patrimoine musical et appartenant au terroir, chantées surtout dans les zones désertiques tunisiennes, comme « Jmel Yahder » (un dromadaire blatère), « Ya Chababa » et la fameuse chanson populaire « Bin El Widiene ». La chanson « Anadi Anadi » (J'appelle, j'appelle) est une autre chanson écrite et composée par la chanteuse elle-même, une chanson qui qui marie différents genres musicaux provenant du Maroc et de la Mauritanie avec une touche tunisienne. La danse était présente dans ce spectacle ; des danseurs et des danseuses, habillés en traditionnel, se relayaient sur la scène pour danser aux rythmes des chansons débitées par l'artiste qui, à son tour, exécutait quelques légers mouvements de corps. Une ouverture qui finit à la satisfaction générale, à en juger avec les témoignages recueillis à la sortie !