Dan sa réunion tenue jeudi après-midi, le bureau fédéral de la FTF décide de radier à vie le président du CSS, Moncef Khemekhem. Avant d'examiner à la fois, la légalité, l'opportunité et les répercussions que cette décision pourrait avoir sur le paysage social et sécuritaire de la deuxième ville du pays, il faudrait tout d'abord bien préciser qu'il n'est nullement dans notre intention et loin de toute prétention de nous ériger en défenseur d'aucune partie qui soit. Il est vrai que dans son intervention à l'émission Dimanche Sport, Moncef Khemakhem n'a pas mâché ses mots et l'on convient aussi que le président du CSS a manqué de bienséance en prononçant des propos qui auraient pu offenser, voire choquer, une partie des téléspectateurs. De ce fait, l'on admet que Moncef Khemakemem méritait, d'une manière ou d'une autre, d'être sanctionné. Mais, il faudrait, néanmoins relativiser et faire la part des choses. La FTF se réfère à l'article 7 du code disciplinaire de la FIFA D'abord il y lieu de poser la question suivante : La FTF est-elle en droit de radier à vie un président élu démocratiquement par les supporters du club à l'issue d'une assemblée générale souveraine? Pour justifier sa décision, l'instance nationale du football se réfère à l'article 63 du code disciplinaire, stipulant qu'au cas où les règlements généraux ne mentionnent pas, de manière explicite, la sanction à prendre dans un cas spécifique d'entrave à la discipline sportive, la FTF pourraient alors se référer au code disciplinaire de la FIFA dont l'article 69, dans son paragraphe 7, stipule ceci : ( je traduits) « tout recours à des moyens et procédures anti- sportifs graves dans le but d'influer sur le résultat final d'une rencontre sera radié à vie de toute activité ayant un rapport avec le football ». Le CSS, face au risque du vide administratif La FTF estime que l'article du code disciplinaire de la FIFA s'applique concrètement aux « agissements anti sportifs » de Moncef Khemakhem envers l'arbitre du match CSS-ESS et de ses déclarations à l'émission Dimanche Sport où il affirma avoir « piqué » à deux reprises le dit arbitre pour obtenir un pénalty inexistant qui a influé sur le résultat final du « Clasico ». Mais à supposer que pareille sanction serait juridiquement légale, chose qui reste bien sûr à prouver, l'instance fédérale a-t-elle mesuré les retombées d'une pareille sanction sur la marche d'un club considéré, à juste titre, comme étant le porte fanion de toute une région de plus d'un million et demi d'habitants et qui compte dans ses rangs, toutes catégories confondues, plus de mille footballeurs ? Décision d'autant plus grave qu'elle crée, du jour au lendemain, un vide administratif grave au sein du club du fait que le vice président et le secrétaire général, sensés suppléer, ne serait-ce que partiellement, le premier responsable du club pendant son absence, ont gelé, depuis plus d'un mois, leurs activités au sein du bureau directeur. La FTF a-t-elle mûrement médité sur les conséquences de cette décision ? Déjà et dans une première réaction, Moncef Khemakhem a appelé les supporters du club à plus de retenue dans le dessein d'apaiser les tensions et d‘éviter tout risque de dérapage du public à l'occasion du match prévu hier contre le RC Kadiogo. Pour terminer, une dernière question : pourquoi la FTF, n'a-t-elle pas fait preuve, par le passé, d'autant de fermeté et de détermination à l'encontre de responsables d'autres clubs, auteurs, en direct, de dérapages verbaux et physiques non moins graves. Ne donnerait-elle pas ainsi à tous ceux qui croient, dur comme fer, que le bureau fédéral, au grès des circonstances et des couleurs, ne se gêne pas du tout pour recourir à la pratique des deux poids deux mesures ?