Après les réactions à chaud qui ne font qu'envenimer la situation, il est temps d'opter pour une démarche pragmatique et engager un dialogue entre les deux parties. A qui profite le bras de fer actuel entre les responsables du Stade Tunisien et le bureau fédéral ? A coup sûr, ni aux uns ni aux autres. Dans tous les cas de figure, ce n'est pas dans l'intérêt du football tunisien. Après un premier forfait non déclaré à l'avance, conformément à l'article 174 des règlements généraux de la FTF, devant l'ESM, les Stadistes auront tort de continuer dans cette voie sans issue et d'aligner un deuxième forfait consécutif devant l'USBG au Bardo. Ça ne mènera nulle part, ça ne changera pas le destin sportif du ST cette saison et ça ne lui épargnera pas la rétrogradation en Ligue 2. Le président du ST Ghazi Ben Tounès et son conseiller juridique Anis Ben Mime peuvent répéter à qui veut les entendre que seul l'article 39 des règlements généraux est applicable au cas actuel du ST, en cas de deux forfaits consécutifs, et pas l'article 38. L'article 39 qui stipule que «la catégorie seniors en état de forfait général rétrograde en division inférieure». C'est vrai que la rétrogradation ne peut pas être en dernière division (ligue régionale), mais «la Commission juridique la plus compétente dans nos clubs professionnels», selon M. Ben Mime, oublie ou ignore qu'à malin, il y a malin et demi et que la FTF dispose d'un arsenal juridique qui lui permet d'aller loin dans le cas du ST, et de prendre des mesures et des sanctions plus graves que la descente en division inférieure. Un pas que Wadii El Jary ne franchira pas malgré la campagne de dénigrement dont il est l'objet en ce moment. L'article 32 de ces mêmes règlements généraux autorise, en effet, la FTF à «radier de la compétition, en application de l'article 11 des statuts, toute association reconnue responsable d'actes graves portant préjudice à la pratique du football ou en mettant en danger les règles du jeu ou contraires aux objectifs de la FTF». Même si une telle décision doit être entérinée par l'assemblée générale ordinaire qui suit pour entrer en vigueur. Les Stadistes ont le droit de recourir au Tribunal arbitral du sport (TAS) à Lausanne pour casser les décisions du bureau fédéral, mais leurs chances de remporter cette bataille juridique sont assez minces, pour ne pas dire nulles. L'article 11 des statuts de la FTF, auquel fait référence l'article 32 des RG cité, et qui autorise le bureau fédéral à «suspendre ou exclure le membre (ou association) ayant commis une violation grave des statuts, des règlements ou des décisions de la FTF, de la CAF et de la Fifa» sous condition d'approbation d'une pareille décision par l'assemblée générale ordinaire qui suit, peut constituer le socle de la stratégie de défense de la fédération sur lequel buterait le recours stadiste. De même que les images choquantes d'agressions graves commises par les joueurs incriminés feraient en sorte que le Tribunal arbitral sportif, qui ne badine pas avec les principes de fair-play et de respect de l'éthique sportive et des organes, se range du côté de la FTF et juge que les sanctions prononcées sont appropriées. Sans oublier qu'une probable démission «qui est l'expression de la volonté d'un club de se retirer définitivement de la compétition» peut avoir des répercussions juridiques sur la qualification des joueurs stadistes qui «peuvent demander l'obtention d'une nouvelle licence avec le club de leur choix avant le 31 octobre sans avoir à démissionner», en s'appuyant sur l'article 35 des règlements généraux. Pour toutes ces raisons, un retour à la raison côté stadiste est la meilleure solution à un conflit qui risque de s'enliser. Le premier pas dans ce sens, c'est de ne pas se retirer de la compétition et de jouer le match contre l'USBG. Les discours mielleux ne font que mettre de l'huile sur le feu alors que les démarches pragmatiques sont souvent fructueuses et bénéfiques.