Depuis le 26 avril et jusqu'au 10 mai, la galerie Aïn aux Jardins de Salammbô abrite l'exposition personnelle de Bady Chouchène, l'un des artistes les plus fidèles à cet espace. Plus d'une vingtaine de tableaux récents décorent les cimaises de la galerie, illustrant le thème très cher à l'artiste, à savoir le patrimoine matériel et immatériel de la Médina. Force est de constater que, d'une exposition à l'autre, l'artiste ne cesse d'apporter de nouvelles recherches sur ce thème, notamment concernant la gamme chromatique, la composition des éléments et le jeu du clair-obscur qui caractérisent ses toiles, oscillant entre le figuratif et l'abstrait. Lors de cette exposition personnelle, l'artiste nous propose ses nouvelles créations faites de peinture à huile, riches en qualité et en diversité, autour du thème de la Médina, un thème qui lui tient particulièrement à cœur ! En effet, la Médina chez notre artiste est traitée différemment dans ces nouvelles œuvres où les éléments peints semblent dynamiques, pleins de mouvement et d'animation, si bien que l'ensemble de la toile semble mouvoir sous les touches longues ou courtes, épaisses ou minces, claires ou sombres, appliquées par l'artiste qui semble convaincu de cette continuité entre le passé (tradition et patrimoine) et le présent (l'actuel). Il est vrai que ce thème de la Médina est récurrent, traité par plusieurs artistes, mais le style de Bady Chouchène reste remarquable, dans la mesure où certains éléments sont traités d'une manière différente de celle d'autres peintres : le tableau intitulé « retour tardif » représente trois femmes au « safsari » qui se hâtent, surprises par l'obscurité de la nuit, de peur d'arriver en retard à leur foyer. Tout est presque noir autour de ces femmes qui émanent une lumière blanche qu'est la blancheur de leur « safsari ». D'autre part, certains travaux de l'artiste rattachent le passé au présent ou rappellent une question sociale toujours d'actualité, comme dans ce tableau intitulé « femmes en rose » où domine la couleur rose, une manière de faire sortir la femme de la couleur noire que certains conservateurs lui imposent et de la libérer des idées noires (rétrogrades) qu'ils portent sur elle. Ce qui montre aussi cette singularité de l'artiste à travers son approche du thème de la Médina, c'est cette vision qu'il porte sur les habitants de la Médina (entendez les citoyens) qui doivent s'ouvrir les uns sur les autres, s'unir, s'entraimer, s'entraider, comme dans ce tableau intitulé « ambiance festive » où il s'agit d'une foule de gens attroupée pour faire la fête et parmi lesquels on peut distinguer certains portant des habits traditionnels et d'autres vêtus en habits modernes, les uns portant des « chéchias », les autres des chapeaux ou des bérets, forme d'ouverture et de tolérance ! A part cette dimension sociale et humaine, les travaux de Bady Chouchène laissent voir différentes zones de contrastes, tantôt des zones où la lumière est très vive, d'autres sont plutôt moins lumineuses, des teints clairs, d'autres plus sombres, l'ambiance générale étant souvent douce et légère. Dans toutes les toiles, le souci de l'artiste est le contraste des couleurs et la transparence des lumières, deux éléments qui garantissent la profondeur et la réussite de la composition, créant toujours de fortes sensations chez le public. Le plus grand éloge que l'on peut faire à l'artiste, c'est de l'appeler « le peintre du patrimoine ». Bady Chouchène peint l'essentiel et l'accessoire, l'ensemble et le détail ; si sa peinture reflète l'essence des choses, elle met également en évidence la nature réelle et profonde des personnages et des objets représentés.