L'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) a plaidé, dans un communiqué publié hier à l'issue de la réunion de sa commission administrative nationale tenue à Hammamet, à l'élaboration d'une initiative nationale visant à sauver le pays en proie à des tensions sociales sur fond de blocage politique et de crise économique. «Nous mettons en garde contre la dégradation de la situation dans le pays à tous les niveaux et enregistrons une montée en flèche des tiraillements politiques qui contribuent à la détérioration de l'économie et l'augmentation des tensions sociales notamment avec un accroissement des mouvements de protestation dans plusieurs régions en l'absence de solutions permettant d'absorber la colère des protestataires. (...). Et cette situation nécessite l'élaboration d'une initiative nationale de nature à sauver le pays et à lui épargner davantage de tensions», a précisé la centrale syndicale dans son communiqué. L'UGTT a réitéré, dans ce même cadre, sous soutien aux protestations sociales dans les régions défavorisées situés à l'intérieur du pays et près des frontières avec l'Algérie et la Libye. «Nous soutenons les aspirations légitimes des habitants des régions marginalisées et appelons toutes les parties à répondre positivement à leurs revendications», a-t-elle indiqué, notant que certains partis tentent d'instrumentaliser les protestations sociales pacifiques afin de redistribuer les cartes et de faire basculer le pays dans l'anarchie et l'inconnu. L'organisation, qui compte plus de 700 000 adhérents, a d'autre part exprimé sa préoccupation quant à la détérioration du pouvoir d'achat des citoyens sous l'effet de la baisse de la valeur du dinar, la poursuite des importations anarchiques et la prolifération des réseaux de contrebande et des circuits de commerce parallèle, tout en appelant le gouvernement à prendre les mesures qui s'imposent en toute urgence. Il s'agit là d'une pique adressée au ministre de l'Industrie et du Commerce, Zied Laâdhari, dont le département est accusé de fermer les yeux sur les dysfonctionnements dont souffre le commerce intérieur. Refus implicite de la réconciliation économique L'UGTT a, par ailleurs, exprimé implicitement son opposition au projet de loi sur la réconciliation économique et financière soumis récemment à l'Assemblée des représentants du peuple par la présidence de la République. «Nous considérons que le démantèlement du système de la corruption est l'une des principales aspirations de la révolution de la liberté et de la dignité, et partant de ce principe nous estimons que toute tentative de tourner la page du passé doit se faire conformément aux dispositions de la Constitution et sur la base du questionnement, de l'établissement de la vérité, du jugement et de la réconciliation », a-t-elle lancé. Sur un autre plan, la centrale syndicale a appelé à l'ouverture de négociations sur les grandes réformes comme celles de la protection sociale, de la fiscalité, de la santé publique et de l'enseignement. Elle a aussi réitéré son refus du projet de loi sur le partenariat public-privé, appelant les salariés des entreprises publiques à se mobiliser pour préserver le rôle stratégique de ces établissements et leur pérennité. L'UGTT a appelé, dans ce même ordre d'idées, le gouvernement à respecter les accords conclus, rappelle l'UGTT, tout en demandant l'accélération des procédures pour mettre fin à la question des emplois précaires et vulnérables. L'organisation ouvrière a, d'autre part, pressé l'Union Tunisienne de l'Industrie, du commerce et de l'Artisanat (UTICA) de signer les avenants relatifs aux augmentations salariales dans le secteur privé au titre des années 2016 et 2017.