L'Union générale tunisienne du travail (UGTT) a réitéré, dans un communiqué publié hier à l'issue d'une réunion de sa commission administrative, son refus du gel des salaires jusqu'en 2019, tout en exigeant un audit des finances publiques. «Nous réitérons notre refus de la proposition du gouvernement relative au report des négociations sur les augmentations des salaires jusqu'en 2019, qui constitue à nos yeux une atteinte à la crédibilité du dialogue social triennal et une violation de l'accord de Carthage susceptible d'affecter la paix sociale», a souligné la centrale tout en mettant en garde contre toute décision unilatérale dans ce cadre. Ainsi, l'UGTT semble camper sur sa position initiale malgré le tableau précis de la situation économique difficile du pays présenté lundi par le chef du gouvernement Youssef Chahed aux membres du Bureau exécutif de l'Organisation. Les membres de la commission administrative de l'UGTT se sont cependant déclarés «pleinement conscients de la dangerosité de la crise économique que traverse le pays et de ses répercussions sociales catastrophiques sur le peuple et plus particulièrement sur les couches sociales les plus vulnérables ». Ils ont aussi rappelé qu'ils avaient tiré à maintes reprises la sonnette d'alarme contre l'improvisation dont ont fait preuve les gouvernements successifs ayant dirigé le pays depuis la révolution et plaidé pour des réformes profondes. L'UGTT a souligné, dans ce même ordre d'idées, son attachement au principe du partage des charges pour sortir de l'ornière, affirmant que les salariés sont prédisposés à faire des sacrifices dans les limites de leurs moyens. Elle a, d'autre part, appelé à un audit des finances publiques afin de procéder à un diagnostic précis de la situation. Sur un autre plan, la centrale syndicale a estimé que les mesures figurant dans le projet de la loi des finances complémentaire 2016 et dans le projet de la loi des finances 2017 constituent «une atteinte aux droits des salariés et des classes défavorisées qui risquent de s'appauvrir davantage alors que d'autres catégories continuent à bénéficier de plusieurs privilèges». Elle s'est aussi déclarée attachés aux priorités inscrites dans l'accord de Carthage dont la lutte contre la corruption et l'évasion fiscale, le recouvrement des créances de l'Etat auprès des entreprises et l'éradication de la contrebande. L'UGTT a par ailleurs appelé l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'aArtisanat (UTICA) à accepter le lancement d'un nouveau round de négociations sociales dans le secteur privé au titre des années 2016 et 2017 conformément aux accords conclus précédemment, estimant que tout retard dans le lancement de ce dialogue social favorisera la détérioration du pouvoir d'achat des salariés et ne fera qu'aggraver la crise que connaît le pays. Elle également fait savoir qu'elle rejette toute tentative de blocage de la production à l'instar de ce qui se passe dans le bassin minier en dépit de sa position de principe soutenant le droit au travail de milliers de chômeurs que compte la région.