La Tunisie vit une situation bizarre dans le sens où certaines parties semblent se plaire dans un climat de tension et d'incertitudes faisant fi de la bonne marche des intérêts supérieurs du pays en faisant maintenir une grosse pression avec un recours excessif à des procédés contraires à la loi. Dernière illustration en date, l'attitude des sit-inneurs d'El Kamour à Tataouine. En effet, après les propositions faites par le gouvernement, via le ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle, Imed Hammami, les événements ont pris une tournure grave. C'est ainsi qu'à El Kamour , théâtre d'un sit-in qui s'installe dans la durée entravant la bonne marche des activités des sites pétroliers dans la région de Tataouine, l'escalade est le maître mot prôné par une minorité des protestataires. Il faut dire que la majorité des sit-inneurs se sont déclarés en faveur de la fin de leur mouvement de protestation, comme l'a bien précisé le coordinateur du mouvement de contestation, Mongi Maïz. Qu'à cela ne tienne ! « Une minorité de manifestants a, toutefois, choisi l'escalade et s'est, dirigée vers la station de pompage du pétrole d'El Kamour », a tenu à préciser le même coordinateur, à l'issue d'une réunion élargie tenue par la coordination du sit-in et consacrée à l'examen des décisions annoncées par le chef du gouvernement. Bon à savoir que la décision d'arrêter le mouvement a été prise à l'issue d'un vote libre par les protestataires à El Kamour. La majorité s'est donc prononcée pour la fin du mouvement au terme d'une réunion plénière tenue dans le campement. Reste que la minorité a refusé cette position et s'est dirigée vers la station de pompage du pétrole dans un geste symbolique d'escalade. A titre de rappel, le gouvernement avait, récemment, fait, via le ministre Hammami, des propositions aux sit-inneurs dont notamment : -Le recrutement de 1 000 personnes dans les compagnies pétrolières à partir du mois de juin prochain -Le recrutement de 500 personnes dans les sociétés mères d'ici la fin de 2018 -Le recrutement de 1 000 personnes dans la société de l'environnement et ce, à partir de la semaine prochaine -Le recrutement de 1 000 personnes à partir de janvier 2018. -La création d'un Fonds d'investissement pour la région et la contribution de l'Etat sera de 50 millions de dinars annuellement. -Pas de poursuites judiciaires contre les manifestants -Les sit-inneurs d'El Kamour seront les premiers bénéficiaires de ces décisions Ce sont là, les principaux points de réponses du gouvernement aux jeunes sans emploi qui observent, depuis le 23 avril dernier, un mouvement de protestation dans la région d'El Kamour, bloquant ainsi le passage des camions et des véhicules qui se dirigent vers les champs pétroliers de Tataouine. A noter que les manifestants réclamaient la création de 5000 emplois dans les compagnies pétrolières et 3000 postes d'emploi dans la Société de l'environnement et du jardinage, outre une allocation de 100 millions de dinars au profit du Fonds du développement de la région. Une situation de confusion Au vu des ces derniers développements, la situation à El Kamour reste confuse puisque les coordinations n'ont pas publié de déclaration officielle annonçant la fin du sit-in comme elles en avaient pris l'engagement après que la route GP19 ait été coupée au niveau de la zone Raqba au sud de Tataouine pendant un court moment et que le feu ait été mis aux pneus par les personnes hostiles à la fin du mouvement. Tout en émettant l'espoir qu'il y ait un retour à la raison et à la sagesse, ceci confirme ce que nous avions écrit sur ces mêmes colonnes, il y a quelques jours, dans le sens où, ces derniers temps, on assiste à un phénomène curieux consistant à ce qu'une minorité prenne en « otage » la majorité. Ceci est bien visible au niveau de certains partis et autres organisations, théoriquement minoritaires, qui tentent de crier très fort et jouent de la provocation sur les plateaux radiotélévisés et, surtout, à travers les réseaux sociaux de Facebook pour imposer leurs desiderata. Le hic est qu'ils s'arrogent, à chaque fois, le droit de parler au nom du peule en usant de la fameuse expression « magique : «le peuple veut ». Et comme par enchantement, les représentants de ces parties minoritaires, qui ont certes le droit à la parole et à exprimer leurs opinions et autres revendications dans le cadre de la légalité et d'une manière pacifique, sont les plus invités par les médias à la recherche du buzz et de l'audimat. Ainsi, on n'entend pratiquement qu'eux, généralement, les mêmes donnant l'impression erronée qu'ils forment une importante proportion de la population et des forces politiques en présence. La meilleure et triste illustration de cet état de fait, n'est autre que ce mouvement qui se fait appeler « je ne pardonne pas » (ménich m'sameh) et qui prend de l'ampleur, toujours au vu du contenu des réseaux sociaux et desdits plateaux. Ce mouvement dont rien que l'intitulé dénote de son aspect intolérant, semble avoir cru à ce phénomène en se présentant, dans les divers débats, comme étant représentatif du peuple tunisien en criant que l'Etat doit les écouter et, surtout, répondre positivement, à leurs exigences. Il faut dire que la campagne « je ne pardonne pas » a été encouragée et enhardie par les propos jugés « irresponsables » d'une certaine classe politique jusqu'au-boutiste ayant pour chef de file, le couple Samia et Mohamed Abbou. Or, la manifestation, organisée samedi dernier et censée démontrer le poids de cette campagne, a prouvé, au contraire, la très faible mobilisation en faveur de ce mouvement. A peine mille deux cents personnes ont défilé à l'Avenue Habib Bourguiba, sachant que les manifestants étaient conduits par des figures dirigeantes de certains partis sans représentation significative à l'ARP ni au sein du paysage politique et partisan sans oublier que la présence des leaders des tristement défuntes Ligues de protection de la révolution ne peut que discréditer une pareille initiative. En tout état de cause, les différentes forces en présence sur la scène nationale, à savoir, les présidences de la République et du gouvernement, l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), les partis de l'opposition et les organisations de la société civile ainsi que les médias sont appelées à tirer les enseignements des récents événements afin de mieux gérer les affaires et les dossiers conformément aux règles du jeu démocratique et à la vraie volonté du peuple !...