M.Youssef Chahed, Premier ministre entame, aujourd'hui, une visite officielle aux Etats-Unis d'Amérique à l'invitation de « l'Administration Trump » et qui sera axée sur le volet sécuritaire et financier essentiellement et quelque part « politique », bien que celle-ci exige d'autres paramètres que ceux que nous vivons actuellement avec les nouvelles orientations du nouveau patron de la Maison Blanche. Bien que mal engagée par cette proposition – décision de M. Trump de réduire l'aide militaire et économique à la Tunisie de près des 2/3 puisqu'elle passera à 54,6 millions de dollars avec une baisse de 85,8 millions de dollars, à un moment plus que délicat où l'ensemble du système politique, économique et social tunisien est fragilisé au plus haut point du fait de ce « printemps – hiver arabe », cette visite peut servir à marquer aussi bien le « territoire » tunisien par rapport à l'influence américaine depuis Bourguiba que celui de m. Youssef Chahed qui a intérêt à acquérir la « sympathie » de Washington, comme tout homme d'Etat, je dirais de par le monde qui aspire au leadership dans son propre pays. Tout le monde sait, en effet, qu'un appui américain, même « discret », peut énormément servir une ambition « présidentielle », encore que les choses ont l'air d'avoir bien changé en Amérique avec l'arrivée de Trump au bureau ovale. En effet, l'Amérique ne veut plus faire et défaire les Etats et les dirigeants des pays, comme elle l'a fait auparavant depuis un certain Henry Kissinger, l'architecte en chef et stratège du Département d'Etat et qui a laissé ses empreintes ineffaçables, surtout avec les Bush père et fils et même avec Bill Clinton et Obama. La « CIA » n'est plus la structure de destabilisation majeure des systèmes hostiles à l'Amérique dans le monde, surtout au Moyen-Orient, y compris l'Afrique du Nord. M. Trump ne veut plus dépenser de l'argent « américain » pour assurer la sécurité de ses partenaires les plus proches et même ses alliés d'Europe. Seule exception Israël, parce que les organes de soutiens internes, en Amérique même, à l'Etat hébreu, sont très puissants et ont une influence directe dans la nomination des dirigeants américains. Tout le reste doit « passer à la caisse », pour assurer sa propre défense au nom du « Aide-toi, le ciel (ici c'est l'Amérique) t'aidera : » M. Trump l'a bien martelé à ses alliés de l'OTAN, et surtout à Mme Angela Merkel, la chancelière allemande : « Augmentez vos contributions pour la défense de l'Europe et de l'OTAN, sinon les Etats-Unis ne débourseront plus rien et quitteront l'OTAN elle-même » ! Du jamais vu, et surtout du jamais entendu, depuis Roosevelt, le sauveur de l'Europe de l'invasion nazie. Alors, les 150 millions de dollars d'aide américaine à la Tunisie ressemblent plus à une goutte d'eau dans l'océan comparativement. Et avec cela, M. Trump a décidé de grignoter sur la petite aide accordée à la Tunisie quelque 85,8 millions de dollars ! Vous me direz c'est quand même de l'argent ! Je vous l'accorde et je vais même plus loin... A quelque chose malheur est bon ! En effet, ce « désengagement américain » de notre pays malgré les assurances empressées de l'ambassade U.S à Tunis, permettent à la Tunisie de prendre son destin en main et de relever les défis avec plus de détermination et de dignité. Autre leçon à tirer des orientations de M. Trump et qui peut finalement nous rendre les plus grands services : « Aide-toi, le ciel t'aidera !». Car, au fond, c'est quoi « 150 millions » de dollars dans un budget tunisien qui avoisine les 30.000 millions de dinars... Une poussière qu'on peut récupérer par une économie sur le pain jeté quotidiennement par les Tunisiens indisciplinés et inconscients des changements de par le monde. Aujourd'hui, plus personne ne donne rien pour rien... y compris l'Amérique. Alors, à nous de se serrer la ceinture, de faire les économies nécessaires, de travailler plus et de gaspiller moins. A nous de revoir ces revendications sociales et régionales coûteuses et démoralisantes, à la baisse et de dire aux Tunisiens et aux Tunisiennes la recréation est terminée ! A nous de ne plus tolérer pour quel que motif que ce soit ces arrêts de travail, de production, surtout ceux de l'énergie et des mines, qui grèvent les finances publiques et nous réduisent à la dépendance vis-à-vis d'une puissance amie comme l'Amérique pour 150 malheureux millions de dollars ! Si la Tunisie diversifie ses relations privilégiées avec des partenaires comme la Russie et la Chine, en plus de l'Europe proche, on peut largement s'en sortir, à condition de mobiliser le front intérieur et de mettre de l'ordre dans la « Maison Tunisie ». Si Bourguiba était encore vivant, il aurait remercié courtoisement son Excellence l'Ambassadeur des Etats-Unis à Tunis et refusé, tout simplement, une aide américaine risible de 54 millions de dollars ! Ceci dit nous ne pouvons que souhaiter bon vent à notre jeune Premier ministre Youssef Chahed, pour son voyage, test et découverte, au pays de l'oncle Sam. Nos relations amicales avec les Etats-Unis remontent à plus de deux siècles et l'amélioration de notre partenariat économique avec cette grande puissance est certainement le bienvenu. Mais, côté sécurité, retenons la leçon de M. Trump : « Ne comptons que sur nous-mêmes » ! K.G