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Que doit en attendre le monde ?
Publié dans Le Temps le 05 - 11 - 2016

Quelques jours seulement séparent le monde du jour de l'élection du 45ème Président des Etats-Unis d'Amérique. On se réfère au « monde » car, qu'on le veuille ou non, le choix que fera le peuple américain n'affectera pas seulement son propre avenir pour les quatre, voire les huit prochaines années, mais aussi celui du monde. L'occupant de la Maison Blanche ne dirige certes plus «l'hyperpuissance » sortie vainqueur de la guerre froide et qui s'est crue durablement et confortablement installée dans la situation d'unique force dominante, il n'en reste pas moins que ses doctrines en politique étrangère et ses prises de position restent déterminantes pour la communauté internationale dans son ensemble.
Depuis que les candidats des deux principaux Partis, Démocrate et Républicain, respectivement Hillary CLINTON et Donald TRUMP, ont été identifiés, les analyses n'ont pas manqué pour disséquer les personnalités et les orientations politiques de chacun d'entre eux. Le rédacteur de ces lignes ne se propose pas d'en ajouter une à ce stade tardif du processus. Mais force est de constater que le candidat républicain, par le nombre d'erreurs stratégiques et tactiques qu'il a commises et les déclarations intempestives dont certaines ont été tirées d'un passé lointain, a sérieusement réduit ses chances, bien que sa rivale soit elle aussi rattrapée par le passé et peine à faire oublier l'affaire des Emails officiels qu'elle avait échangés du temps où elle était Secrétaire d'Etat à partir d'un serveur privé non sécurisé. Ainsi, les américains auront à décider si cette « maladresse » peut être considérée comme signe de manque de jugement ou même de manque de crédibilité et de respect de la loi pour justifier qu'ils donnent, contre toutes les prévisions, leurs faveurs à M.TRUMP. Quelle que soit la réponse qui sera donnée à cette question, le temps est peut-être venu de commencer à se demander que doit attendre le monde du prochain président ou de la prochaine présidente des Etats-Unis, que doivent en attendre les pays arabo-musulmans ainsi que la Tunisie. Etant donné que les vues de M.TRUMP en matière de politique étrangères restent plutôt fumeuses et bien éloignées des positions traditionnelles du Parti Républicain qui le soutient, nous mettrons l'accent dans les lignes qui suivent essentiellement sur les positions de Mme Hillary CLINTON.
1/Que doit en attendre le monde ?
Contrairement à M.TRUMP qui soulève de nombreuses interrogations, voire des inquiétudes, Mme CLINTON n'est pas une inconnue dans le monde et son passage en particulier au Département d'Etat (Ministère américain des Affaires Etrangères) a laissé le souvenir d'une femme déterminée, d'aucuns diraient un « faucon » en politique extérieure, convaincue du rôle d'avant-garde ou de « leadership » que Washington peut et doit jouer dans le monde. Sa conseillère en politique étrangère, Mme Madeleine ALBRIGHT, elle-même ancien Secrétaire d'Etat sous le Président Bill CLINTON, a déclaré en février 1998 que les Etats-Unis d'Amérique est la « nation indispensable ». « Nous nous tenons grands-we stand tall-et nous voyons plus loin dans le futur que les autres nations » a-t-elle poursuivi. Ceci, a-t-elle affirmé, parce que l'Amérique est capable et se doit de « mettre la force en appui àla diplomatie ».A première vue, cette approche pourrait être celle de Mme CLINTON en tant que présidente des Etats-Unis d'Amérique. A ce titre, elle sort de la ligne habituellement plus nuancée des démocrates et en tout cas du Président actuel, M. Barack OBAMA. «Elle n'a pas peur d'avoir recours à la force militaire » disait l'un de ses anciens collaborateurs. « Certains démocrates parlent de n'utiliser l'armée qu'en dernier recours....ce n'est pas sa façon naturelle de penser ». Le Président OBAMA, quant à lui, avait nettement conscience des limites de la force, y compris celle que les Etats-Unis d'Amérique peuvent déployer, comme il l'a laissé entendre dans son discours d'acceptation du Prix Nobel en 2009 (ce qui ne l'a pas empêché de se laisser entraîner dans des actions militaires aux conséquences graves comme celle ayant mené au renversement de l'ancien régime libyen sans penser au « jour d'après »)
Cependant, le monde de la fin du vingtième siècle est différent de celui où nous vivons actuellement et l'on peut s'attendre à ce que l'application de la doctrine consistant à mettre toujours « la force en appui à la diplomatie » se heurte à des difficultés de plus en plus grandes. Certes, l'engagement sans ambivalence des Etats-Unis d'Amérique dans les affaires internationales sera toujours nécessaire (l'isolationnisme étriqué et tapageur de M.TRUMP n'a d'ailleurs pas fait recette en Amérique ni dans le monde), mais le retour pur et simple au comportement « unilatéraliste » de l'après deuxième guerre mondiale ou même au « bipolarisme »ayant prévalu durant la guerre froide, ne semble pas être de mise et ce malgré la résistance des milieux qui restent attachés au passé : le « multipolarisme » est là pour rester et même si Mme CLINTON venait à l'oublier la Russie de M.PUTIN, dont l'assurance ne cesse de s'affirmer, la CHINE, nouvelle superpuissance économique, voire militaire, et plusieurs autres puissances émergentes, sans parler de l'Union Européenne qui pourrait refuser de continuer à jouer le rôle de puissance d'appoint pour l'Amérique, sont là pour le rappeler aux nouveaux responsables de l'Administration américaine.
Il n'en demeure pas moins que le monde des quatre, voire des huit prochaines années, n'est pas complètement immunisé contre des soubresauts de dimensions régionales et même globales surtout si la tendance actuelle chez certains de s'assurer toujours davantage de zones d'influence devait durer et si leur volonté d'endiguer militairement, conformément à la vieille doctrine du «containment», les puissances jugées dangereuses (Russie, Chine, Iran...) devait se poursuivre et même s'aggraver en s'étendant à de nouvelles zones, telles la Méditerranée comme on le laisse entendre...Les velléités hégémoniques ressuscitées et la détermination de certaines alliances politico-militaires et de certains pays se trouvant à proximité de ces puissances à « crier au loup » pour pousser à des attitudes toujours plus offensives pourraient mener à des situations échappant à tout contrôle et on ne serait pas alors loin d'une nouvelle conflagration mondiale dont certains esprits chagrins voient déjà l'arrivée imminente...Il faut espérer que le prochain Président des Etats Unis, au lieu de se fier uniquement à ses instincts ou à des conseillers trop portés sur l'intervention armée, se rappellera que dans un monde multipolaire seule une approche multilatérale peut être efficace et durable et qu'à ce titre une Organisation des Nations Unies revigorée et réformée, pourrait assurer la stabilité du monde (voir à cet égard l'article du même auteur publié dans ce même espace en date du 17 octobre 2016,suite à la désignation du nouveau Secrétaire Général de l'ONU). Je sais que des voix vont s'élever pour demander : que peut faire ce « machin faible et asservi » ? C'est pourquoi j'ai parlé d'une Organisation « revigorée et réformée » pour qu'elle soit enfin au service de tous. Certes, le nouveau Président des Etats Unis et le nouveau Secrétaire Général des Nations Unies (ils prennent tous les deux leurs fonctions en janvier 2017) héritent d'une multitude de conflits locaux et régionaux produits des tendances et velléités centrifuges décrites plus haut, mais en travaillant ensemble et avec les autres «leaders »du monde ils auront de meilleures chances de venir à bout de ces conflits et empêcher leur extension.
2 /Que doivent en attendre les pays arabo-musulmans ?
La zone arabo-musulmane avec ses ailes Maghreb et Machrek, en y incluant l'Afghanistan, fait malheureusement partie des zones de conflit qui connaissent des bouleversements alarmants. Alors que la zone est confrontée depuis 1948 à une injustice consistant en la spoliation du peuple palestinien de ses droits, sans que cette injustice trouve depuis cette date un début de solution,voilà que les tendances hégémoniques extérieures et le désir de domination économique de certains, joints à l'absence de discernement chez certaines élites locales toujours prêtes à sacrifier l'unité nationale sur l'autel des ambitions personnelles, plongent les pays arabo-musulmans dans de graves défis sécuritaires et,pour certains, des guerres sans pitié. Est venu ensuite se greffer le phénomène du terrorisme religieux pour rendre cette zone un vivier d'extrémistes de tous bords. Ce n'est sûrement pas accréditer une quelconque théorie du complot que de dire qu'avant l'invasion par les forces de la coalition à prédominance occidentale de l'Irak de Saddam Hussein en 2003, Daech n'avait aucune existence, comme auparavant l'organisation El Qaeda n'a vu le jour qu'à la faveur de la riposte occidentale à l'invasion de l'Afghanistan par les troupes soviétiques suivie de l'intervention des Etats-Unis et de leurs alliés contre les Talibans entre 2011 et 2014. De même peut-on dire que ni la Syrie, ni la Libye, ni le Yémen n'auraient été atteints du virus de Daech et El Qaeda si les interventions extérieures n'avaient pas affaibli les Etats de ces pays par leur appui politique puis militaire aux forces de l'opposition « démocratique ».Les théories nées dans les esprits appartenant à des « think tanks » influents, essentiellement américains ,dont des organisations proches d'Israël et certains intérêts stratégiques et économiques ne sont pas bien loin, selon lesquelles le salut du monde arabo-musulman et de ses voisins, voire du monde entier, viendrait du démembrement de certaines de ses unités sur des bases ethniques, ont introduit le dernier élément de déstabilisation dans cette région. Maintenant que le phénomène du terrorisme islamiste a débordé et a atteint les villes européennes et américaines, l'Occident commence à ressentir le besoin de l'arrêter mais en l'attaquant du ciel par des drones et des avions et en laissant aux musulmans le soin de s'entretuer. Ceci sans que l'on sache si ce « réveil » tardif au danger terroriste dans la région est doublé ou non de la renonciation aux plans de balkanisation ou s'il s'agit d'un prélude à son extension, comme certaines études récentes le laissent entendre en parlant d'une prochaine nouvelle vague de pays qui seraient touchés par le « printemps arabe » dans le sens déstabilisateur du terme et non dans sa portée salvatrice.
M .TRUMP s'est distingué par un anti-islamisme primaire qui ne présage rien de bon s'il était élu. Mme Hillary CLINTON, quant à elle, semble avoir une approche plus modérée de l'Islam et des musulmans et certains voient même sa marque dans la politique d'ouverture de Barak OBAMA à l'égard de « l'Islam politique modéré »en favorisant, certains disent prématurément, son rapprochement avec les élites « laïques ». Sur un autre plan, elle a tout de même été dénommée par certains « reine du chaos » pour avoir été favorable, au cours des deux dernières décennies, à toutes les interventions militaires américaines(ou de l'OTAN) dans des pays musulmans à commencer par la Bosnie et le Kosovo en 1995 et 1999,en passant par l'Afghanistan et l'Irak avant d'arriver à la Libye en 2011-2012 et à la Syrie actuellement. Cependant, elle a été, dit-on, fortement affectée par les attaques meurtrières contre le Consulat américain à Benghazi et l'Ambassade américaine à Tunis alors qu'elle était encore Secrétaire d'Etat de son pays et plus récemment par le massacre terroriste islamiste d'Orlando sur le territoire même des Etats Unis. Quelles conclusions a-t-elle tirées de ces événements douloureux et dans quelle mesure cela influencerait-il son approche de la zone arabo-musulmane en tant que présidente des Etats-Unis d'Amérique ? Certes, ses liens avec les milieux proches d'Israël sont connus et se sont renforcés depuis qu'elle a annoncé sa candidature à la Maison Blanche, comme l'indique son dernier discours devant l'AIPAC en mars dernier. On peut dire la même chose de sa proximité des « think tanks »qui appellent à la modification de la carte politique de la région, à commencer par celle de la Syrie dont le dossier sera sur son bureau au cas où elle serait élue, surtout si auparavant les extrémistes étaient éliminés de l'Irak. Voudrait-elle faire du pays de Bachar EL ASSAD son « champ d'essai »personnel pour une telle carte ?
Même ses ennemis reconnaissent à Mme CLINTON un degré de réalisme qui, faut-il l'espérer, lui permettra de réaliser que la stabilité de la région arabo-musulmane, et partant l'excellence de ses liens futurs avec l'Occident, ne viendront pas bien sûr de la victoire des obscurantistes ni, au même titre, de celle des forces ayant une vue réductrice de la démocratie et des rapports entre les diverses composantes des nations arabes et musulmanes et que,enfin, l'Amérique aurait tout à gagner à aider et à maintenir l'unité territoriale des pays arabes et musulmans en contribuant à y réduire les tensions et en évitant d'en créer d'autres et en assistant leurs peuples dans la recherche, sans interventions étrangères, de leur chemin vers la coexistence, la démocratie et le développement durable. Pouvons-nous pousser le rêve jusqu'à espérer que, sous une présidence CLINTON , sera enfin levée l'injustice à l'égard des palestiniens qui crée tant de frustration parmi les arabes et les musulmans(et contre laquelle, faut-il le rappeler, elle s'est élevée au tout début de sa carrière politique, précisément en 1998 devant un groupe de jeunes palestiniens et israéliens) et que l'Etat palestinien indépendant, qu'elle appela alors de ses vœux, verra le jour et que la concorde sera enfin rétablie en cette terre sainte pour les trois religions monothéistes ?
3 /Que doit en attendre la Tunisie ?
Contrairement à M.TRUMP, la Tunisie n'est pas une terre inconnue pour Mme CLINTON. Elle est venue déjà à la fin des années 1990 en tant que première dame de son pays. Ce voyage l'aurait marquée, selon un témoignage, et reste pour elle « un excellent souvenir qui lui a permis de découvrir à la fois la richesse de la civilisation du pays, la vitalité de sa société civile et le rôle joué par les femmes ».Au début de la révolution tunisienne Mme CLINTON, alors Secrétaire d'Etat,aurait immédiatement saisi « l'ampleur de ce qui se jouait en Tunisie »et aurait réagi immédiatement en envoyant son sous-secrétaire d'Etat Jeffrey Feltman qui, selon le même témoignage « a été le premier responsable occidental à nouer des contacts directs avec les autorités de la transition ». Il faut aussi reconnaître à Mme CLINTON qu'elle a, pendant son mandat de Secrétaire d'Etat, fait un effort pour l'aide à la Tunisie, notamment par le biais du « Tunisian American Entreprise Fund » et à travers les bourses universitaires Thomas Jefferson. Toutefois, la Tunisie, confrontée aujourd'hui aux défis sécuritaires et économiques que l'on sait, aurait besoin de beaucoup plus que le dit fonds et les dites bourses. Certes, le Président actuel Barack OBAMA, dont le respect pour l'expérience démocratique tunisienne est manifeste, outre les garanties de prêts consentis, a budgétisé une augmentation de l'aide fédérale américaine à la Tunisie qui atteindra en 2017 le niveau de 140 millions de dollars. La moitié de cette enveloppe ira à l'aide militaire et à la lutte antiterroriste, domaines qui bénéficient de l'attention particulière des deux parties, surtout depuis l'octroi à la Tunisie par l'Administration américaine du statut « d'allié majeur n'appartenant pas à l'OTAN » (Major Non Nato Ally). Peut-on espérer que Mme Hillary CLINTON, si elle est élue présidente, fera un effort économique supplémentaire en faveur de la Tunisie ? D'une manière plus générale, le pays de la première transition politique en terre arabe et islamique bénéficiera –t-il de la considération stratégique qu'il mérite au milieu de cette zone agitée ?
La solidité des relations traditionnelles existant entre la Tunisie et les Etats-Unis d'Amérique ainsi que la connaissance personnelle (l'amitié ?) que l'éventuelle prochaine locataire de la Maison Blanche semble avoir pour notre pays, laissent supposer une réponse par l'affirmative à cette question. Toutefois, Mme CLINTON, si elle est élue, sera sollicitée de toutes parts et sera sûrement guidée dans ses relations extérieures par les intérêts stratégiques et économiques de son pays et sa propre vision telle qu'esquissée dans les paragraphes précédents. Il appartient à nos services compétents d'effectuer, si ce n'est déjà fait, des études pour identifier les points de rencontre éventuels entre nos intérêts et ceux du partenaire américain en cette nouvelle période pour les deux pays. Ces études devraient également prévoir d'ores et déjà (à commencer par la période de transition) des moyens performants pour faire entendre notre voix auprès de la nouvelle équipe qui va accompagner la présidente ainsi qu'au Congrès américain qui sera lui aussi largement renouvelé dans les prochains jours. Outre les circuits officiels, les réseaux informels et neutres dans le contexte politique tunisien, ont leur importance outre-Atlantique et il semble que certaines bases existent déjà, représentées notamment par l'Association « Tunisian American Young Professionals »(TAYP) dont il faut appuyer les efforts par d'autres réseaux informels et ce à l'instar de ce qui est fait par d'autres pays proches et lointains.
A.H.
Ancien Ambassadeur, ancien Représentant Permanent de la Tunisie auprès de l'ONU
Source : Le Diplomate Tunisien


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