Le président du gouvernement Youssef Chahed n'a pas pris de gants pour frapper la tête de l'hydre malfaisante qui est la corruption et le pouvoir de l'argent sale dans le pays, et on se demande jusqu'où peut-il aller? Le mécanisme est enclenché et il serait difficile pour ceux qui ont mis la machine en marche de revenir en arrière sous peine de conduire le pays vers l'inconnu (voir précédent article dans notre livraison du 9 juillet 2017 - P.3) . De nombreuses têtes sont tombées, en attendant beaucoup d'autres qui sont, aujourd'hui, sur le qui-vive. L'opinion publique a commencé à croire en cette campagne de lutte contre la corruption menée par Youssef Chahed, le président du gouvernement, surtout après l'émission de mandats de dépôt contre les deux hommes d'affaires véreux Néjib Ben Ismail et Fethi Jenayeh, pour « avoir commis des crimes de blanchiment d'argent « , avec, en plus l'obligation de payer des amendes financières douanières de l'ordre d'un milliard de dinars (l'équivalent de près de 3 % du budget de l'Etat). Par ailleurs, deux autres têtes sont tombées, avec la mise en détention de l'entrepreneur Khaled Kobbi et de Imed Dridi, directeur de l'administration pénitentiaire de la prison de la Manouba, impliqués tous deux dans une affaire de malversation. Selon les données et alors qu'il était en prison entre 2011 et 2013, le richissime Khaled Kobbi a offert des pots-de-vin à Imed Dridi à qui il aurait vendu pour la somme dérisoire de cinq mille dinars, un lot de terrain, dans la zone de la cité Ennasr, alors que sa valeur réelle est de 500 mille dinars. C'est dire que, même en prison, les malfrats ne cessent pas de faire des « affaires » Les arrestations se poursuivent et, de jour en jour, la liste s'allonge, comme c'est le cas, récemment, avec la mise en détention d'un cadre douanier qui s'est fait une immense fortune, en milliards, grâce à des services aux contrebandiers et aux malfrats. Samir Ben Rached est un cadre des douanes à la retraite connu, depuis longtemps, par ses méfaits, alors qu'il était en exercice à l'aéroport international TunisCarthage. Pourtant, il avait été honoré par l'ancien président provisoire de la République, Mohamed Moncef Marzouki, pour avoir, selon des allégations, dressé un piège à des contrebandiers, dans la région de Kasserine. Le couperet de la justice a frappé, aussi, un président de parti politique qui est, en même temps, président d'un prestigieux club sportif, à savoir le Club Africain (CA), soit Slim Riahi (Union patriotique libre - UPL), impliqué dans une affaire de blanchiment d'argent. Leurres et dénigrements Comme de coutume, les malfaisants ont recours à des leurres pour faire croire que celui qui mène la guerre contre le terrorisme cherche à cacher ses dérapages personnels et Youssef Chahed n'a pas échappé aux coups de boutoir dans la citadelle orchestrés par les chantres de la corruption qui cherchent à faire croire, avec l'apport de ceux qui mangent à leur râtelier, qu'il est impliqué, ainsi que certains de ses proches dans « des affaires ». C'est le cas, avec ce qui vient d'être publié par l'avocat de Chafik Jarraya qui tente de faire croire que le président du gouvernement est impliqué dans des marchés douteux, alors qu'il était secrétaire d'Etat chargé de la Pêche, dans le gouvernement de Habib Essid. Mais, il s'est avéré que ce sont des cartouches mouillées et cela, montre, toutefois, de quoi sont capables ces barons de la contrebande, de la corruption et des malversations qui ont même pu soudoyer des personnes du ministère de l'Intérieur pour obtenir et publier des dossiers pourtant classés secrets. Et ce sera peine perdue, car il est inimaginable que quelqu'un de corrompu puisse engager une guerre contre ce fléau, et jusqu'à nouvel ordre, Youssef Chahed est hors d'atteinte quelles que soient les tentatives. D'ailleurs, aussi, cette guerre n'est plus l'affaire de Chahed et de son gouvernement, seulement, elle l'est aussi pour l'opinion publique, le citoyen ordinaire et la société civile « propre » avec des organisations et des associations qui n'ont rien à se reprocher. Le retour en arrière est donc impossible, mais les Tunisiens doivent être patients, parce que la constitution d'un dossier contre les corrompus, les contrebandiers et les malfaisants demande une gymnastique qui n'accepte aucune erreur, si l'on prend en compte le pouvoir de l'argent et ce qu'en peuvent en faire les concernés, pour sortir blancs comme neiges. Le président du gouvernement marche sur des charbons ardents, alors que tout le monde regarde et attend la suite. Afin qu'il ne se sente pas isolé dans cette guerre, il est dans la logique des choses que tous les pouvoirs et les responsables s'investissent dans cette guerre sans merci, parce que les corrompus ne vont pas y aller de main morte pour contre-attaquer.