Hier, de gros poissons de la corruption et de la contrebande sont tombés dans les filets de la police. «D'autres arrestations suivront dans les jours à venir», assure une source gouvernementale On l'a déjà dit et on ne se lassera jamais de le répéter : la guerre anticorruption et anticontrebande n'a de signification auprès des Tunisiens qu'à la seule condition que «les gros poissons et les barons» soient arrêtés régulièrement et aussi sanctionnés lourdement et surtout rapidement. Youssef Chahed, chef du gouvernement, a beau répéter quotidiennement que sa priorité n°1, à côté de l'éradication du terrorisme, est d'envoyer tous les corrupteurs et corrompus en prison et de récupérer l'argent public qu'ils ont spolié, alors que Chaouki Tabib organise quotidiennement des séminaires de formation pour que les corrompus soient démasqués rapidement et assure que les lanceurs d'alerte seront protégés par l'Etat et aussi récompensés en contrepartie des informations qu'ils vont délivrer à ses instances, les services de la police, de la douane et de la Garde nationale saisissent pratiquement tous les jours des quantités énormes de produits alimentaires destinés aux marchés, des sommes d'argent en dinars tunisiens et en devises à transmettre aux contrebandiers, des centaines de milliers de cartouches de cigarettes de contrefaçon et aussi des pièces archédogiques d'une valeur historique inestimable et aussi de l'or (hier, 12 kilos d'or ont été interceptés par les douaniers), les citoyens tunisiens encore intéressés par la guerre anticorruption demeurent convaincus qu'ils ont droit à voir tomber régulièrement un gros gibier. Et il semble que Youssef Chahed et ses ministres ont compris que la préservation du pouvoir d'achat et la lutte contre la vente au public des viandes avariées sont d'égale importance que l'arrestation de nouveaux barons de la corruption et de la contrebande. Ils ont aussi saisi qu'il est temps d'élargir le champ d'intervention et que les gros poissons n'évoluent pas uniquement dans le Grand Tunis ou au port de Radès. Hier, c'est dans la région de Sfax, «la grande oubliée du train de développement aux époques de Bourguiba et Ben Ali», la région que Youssef Chahed a pris dernièrement l'engagement solennel de réhabiliter en considération des sacrifices consentis par ses habitants à l'essor économique et social de la Tunisie, que les services de sécurité ont opéré. Ont été arrêtés Wadi Rekik, actif dans les domaines des faux bijoux et du prêt-à-porter et accusé d'évasion douanière et de contrebande, Jawhar Dammak, contre qui sont portées des accusations de falsification de déclarations douanières et de contrebande de prêt-à-porter et enfin le contrebandier Mohamed Fekih dit Hamadi, connu pour ses activités de contrebande de vêtements et de prêt-à-porter au niveau du port de Radès principalement. Les trois prévenus ont été placés en résidence surveillée en vertu du décret de 1978 sur l'état d'urgence. Au regard de l'identité des prévenus arrêtés et de la nature de leurs activités, il s'agit à coup sûr d'un grand coup accompli par le gouvernement en attendant que les «barons» qui font la loi dans d'autres régions comme, à titre d'exemple, El Jem, Menzel Kamel et Jebeniana soient aussi coffrés. L'opération, soulignent plusieurs observateurs «moins de deux semaines après l'installation dans ses fonctions du nouveau gouvernement Youssef Chahed et dans la foulée des dossiers urgents comme le report des élections municipales au 25 mars 2018, l'adoption par le parlement de la loi sur la réconciliation administratives, le comblement des postes vacants au sein de l'Isie, la rentrée scolaire 2017-2018 qui s'est déroulée dans des conditions difficiles marquées notamment par l'éclatement de l'affaire de l'institutrice Faïza Souissi à Sfax, l'affaire de Slim Riahi interdit de voyage par la justice alors qu'il croyait avoir réglé sa brouille avec le Palais de Carthage, la fronde rituelle de l'Association des magistrats tunisiens dénonçant le mouvement annuel des magistrats, etc.». Les mêmes observateurs estiment que Youssef Chahed «a placé de nouveau très haut la barre en coffrant trois parmi les grands ténors de la corruption et de la contrebande originaires de Sfax, une ville connue pour être très chaude politiquement où les partis de la coalition gouvernementale n'arrivent pas à maîtriser la situation et à offrir à Youssef Chahed et à son gouvernement le soutien dont il a besoin».