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Interviews avec des responsables du Fatah, du Hamaset le porte-parole de la délégation israélienne
Exclusif
Publié dans Le Temps le 28 - 11 - 2007

Quarante pays se réunissent à Annapolis afin de discuter un sujet, presque enterré à l'échelle mondiale depuis quelques temps. Le conflit israélo-palestinien refait surface et tous les partis semblent déterminés, aujourd'hui, à parvenir à un résultat tangible. Ce n'est que le coup d'envoi du retour des négociations, certes, mais des dossiers importants seront rouverts et les décisions internationales légitimant le gouvernement palestinien seront peut-être enfin concrétisées.
Beaucoup de suspicion entoure le sommet entamé hier. La peur plane du côté de beaucoup de Palestiniens qui appréhendent la perte de leurs droits et leurs exigences. Le côté israélien promet de son côté de faire avancer les choses, n'attendant que la collaboration des Palestiniens.
Hamas refuse catégoriquement ce sommet et assure que cela ne présage rien de bon. Les manifestations ont débuté, hier, dans les territoires palestiniens. Un climat de tension s'installe à l'heure où le président Mahmoud Abass enclenche les initiatives pour la paix.
Cette paix qui sera peut-être conclue entre Israéliens et Palestiniens, annonce-t-elle par la même occasion l'approfondissement de la crise entre Hamas et le gouvernement de Fath ?
Nous avons contacté - afin d'éclairer la position de chaque parti - Le Docteur Mohamed Madhoune, Chef du cabinet du conseil des ministres du gouvernement de Hamas, M. Ahmed Abderrahmane, le conseiller politique du président Mahmoud Abass et porte-parole officiel du mouvement Fath et M. Spox Yigal Palmor, porte-parole de la délégation officielle israélienne à Annapolis et directeur du département du Maghreb au ministère israélien des Affaires étrangères.

Monsieur Ahmed Abderrahmane, le conseiller politique du Président Mahmoud Abass et porte parole-officiel du mouvement Fath, en direct de la Cisjordanie
« Des concessions de notre part ? Non, nous aurons tout donné ! »
* Quelque soit le résultat du sommet, nous ne serons jamais la main dans la main avec le Hamas.
Le Temps : Quels sont les dossiers que vous traitez durant le sommet d'Annapolis ?

Monsieur Ahmed Abderrahmane :Aujourd'hui, il y aura l'ouverture du sommet avec des allocutions du président Georges Bush, du président Mahmoud Abass et du premier ministre Ehud Olmert. Jusque-là, nous nous sommes trouvés confrontés à un « entêtement israélien » et nous comptons aborder le processus de paix à partir d'un angle précis.
Au fur et à mesure seront évoqués les dossiers des frontières de 67, d'Al-Qods Est, des implantations israéliennes, du retour des refugiés, des prisonniers, de la paix israélo-palestinienne, mais aussi arabo-israélienne et la feuille de route. Nous nous attendons à la proclamation de deux Etats comme l'avait dit le président Bush.
Etes-vous optimiste concernant l'issue de ce sommet ?
Il est impossible que le sommet se solde par un échec car cela aura des percussions économiques, sociales et politiques dangereuses. Il nous faut trouver une formule internationale qu'Israël acceptera afin que nous avancions vers les négociations finales.
Quelles sont les concessions que vous êtes prêts à faire afin de faire réussir le sommet ?
On n'a plus rien à donner ! Nous avons accepté les frontières de 67 au lieu de revenir à celles de 48. Nous avons reconnu l'Etat et la souveraineté d'Israël. Il n'y aura pas de paix tant qu'il y aura des implantations et tant que les frontières de 67 ne soient pas reconnues. C'est ce que l'ONU nous a accordé et on ne peut pas renoncer à nos droits légitimes.
En ce moment même, Hamas ainsi que beaucoup de palestiniens sont en train de manifester affichant leur refus à l'égard de ce sommet, cela ne conduit-il pas à un conflit ?
Cela est normal puisqu'ils voient tous les jours ce que font le gouvernement et l'armée israéliens. Ils ont des doutes et ils ont peur que nous soyons sous pression et que nous finissions par faire des concessions.
Qu'en est-il du conflit avec le Hamas ? Ne risque-t-il pas de s'aggraver suite à ce sommet ?
De toutes les façons, le sommet n'a aucun lien avec le conflit entre le Fath et le Hamas et qu'il réussisse ou pas, les conséquences ne changeront rien à la situation.
Nous entamerons le dialogue avec Hamas quand la présence de l'armée prendra fin. Que l'on réussisse ou que l'on échoue, nous n'allons pas mettre la main dans la main avec le mouvement de Hamas. Ces membres ont fait un coup d'Etat et ne reconnaissent pas la légitimité du gouvernement.
Ce sommet et ses résultats ne peuvent-ils pas nuire à la légitimité du président Mahmoud Abass ?
Mahmoud Abass jouit du soutien de 80% du peuple palestinien. Il a réussi à remettre la cause palestinienne sur le tapis à l'échelle mondiale après 7 ans d'oubli et à lever le siège. 40 pays se réunissent, aujourd'hui, et cela ne constitue qu'un soutien de plus envers notre président. Si le sommet se solde par un échec personne n'aura rien à lui reprocher, mais il sera imputé aux Israéliens.
Je répète que nous ne ferons pas de concessions et qu'on va à Annapolis pour récupérer nos droits. Il n'y aura pas d'expansion israélienne. Si Israël veut deux pays ; le sien ainsi que la Cisjordanie, nous n'allons pas accepter !
Les frontières de 67, qui constituent 20% des terres, rassemblent la Cisjordanie, Al Qods-Est est la bande de Gaza et il faudra qu'ils nous soient restitués.

Docteur Mouhamed Madhoune, Chef du cabinet du conseil des ministres du gouvernement de Hamas, en direct de la bande de Gaza
Il ne s'agit là que de projets israélo-américains dont l'un est la proclamation Etat juif, la Palestine
Le temps : Pourquoi le mouvement Hamas refuse-t-il le sommet d'Annapolis ?
Docteur Mohamed Madhoune : Parce que ce sommet ne nous apporte rien de nouveau ! Il ne s'agit là que de projets israélo-américains dont l'un est la proclamation de la Palestine en tant qu'état juif.
Nous allons y perdre le droit des refugiés au retour et les Palestiniens occupant les territoires de 48 y seront évacués.
L'Etat palestinien ne se limite point aux frontières de 67 d'autant que les implantations israéliennes ne sont considérées que comme assemblement d'habitats et non pas comme colonies. Il y aura aussi échange de terres et les promesses du président Bush dans sa lettre des garanties à Sharon comprend les points ci-dessus cités entre-autres l'appellation d'assemblement d'habitats. Ces zones-là seront dorénavant incluses dans l'Etat israélien et nous n'aurons en échange qu'un morceau du désert Ennagueb.
Le dossier d'Al Qods ne sera pas évoqué et Al Qods-Est ne reviendra pas aux Palestiniens. Il est possible que l'on ne nous restitue qu'Aboudiss et El Ayrazeya (régions à proximité d'Al Qods). De même qu'El Aqssa ne reviendra pas à l'Autorité palestinienne.
Ce sommet ouvre lieu à la normalisation des pays arabes avec l'Etat d'Israël sans que nous, Palestiniens, n'y gagnions quoi que ce soit. La participation des pays arabes constitue même un danger pour le projet palestinien et l'acquisition de notre indépendance et notre liberté.
Non seulement le sommet ne nous apportera rien, mais il consacrera, au contraire, de nouveaux acquis israéliens et un plus aux Etats-Unis dans la perspective où Bush quitte ainsi la présidentielle dans une ambiance de fête et de grand assemblement mondial dans un processus de paix initié ou chapoté par lui. Certains leaders palestiniens, quant à eux, auront droit à une séance-photos prises aux Etats-Unis en compagnie de leaders israéliens et américains...
Y aura-t-il plus de conflits, voire de violence entre le gouvernement du Fath et vous suite à ce sommet ?
Il est clair qu'il ne peut résulter de ce sommet que l'approfondissement du fossé qui nous sépare. En réagissant ainsi, Mahmoud Abass s'éloigne de son peuple et coupe court au dialogue inter-palestiniens. Quand à la violence ou au conflit, cela dépendra du comportement de Mahmoud Abass et des résultats du sommet.
Quels seraient les résultats qui pourraient conduire à l'éclatement ?
Renoncer à nos droits légitimes et nier nos acquis historiques, cela pourra engendrer un grand fossé entre le gouvernement et le peuple. Cela a commencé, aujourd'hui même, avec les manifestations et pourra dégénérer en révolte. Celui qui négocie n'aura plus de légitimité (Mahmoud Abass) !
Y aura-t-il une possibilité de retour à un conflit armé ?
Il n'y aura pas de guerre civile, par contre, en cas de perte de nos droits la violence contre l'occupant s'amplifiera...

Monsieur Spox Yigal Palmor, porte-parole de la délégation officielle israélienne à Anapolis et directeur du département du Maghreb au ministère israélien des Affaires Etrangères, en direct d'Annapolis, Washington
Partager « Al Qods » oui ; le diviser, non... Ce serait pire que le mur de Berlin
Le Temps : Quels sont les dossiers que vous comptez évoquer durant la conférence d'Anapolis ?
Monsieur Spox Yigal Palmor : Il s'agit d'un coup d'envoi du processus des négociations. Le Premier ministre Ehud Olmert annoncera, aujourd'hui, les grandes lignes et même quelques détails lors de son allocution d'ouverture. Il y aura après le début des tables rondes où seront donnés les discours des délégations et qui concerneront surtout la construction des institutions palestiniennes.
Les sujets susceptibles d'être évoqués sont les conditions de sécurité ainsi que la discussion des volets israélo-syrien, israélo-libanais et bien évidemment israélo-palestinien.
Notons qu'il s'agit là d'une présence internationale sans précédent (40 pays présents) et qui ne sont sûrement pas ici pour faire de la figuration, mais pour participer à une vraie issue.
Allez-vous discuter du sort des prisonniers et des réfugiés et évoquer les sujets d'El Qods et des implantations ?
Le problème des prisonniers accompagne les négociations. Nous avons déjà commencé à libérer des centaines de prisonniers en signe de notre bonne foi et nous allons en libérer d'autres afin d'instaurer un climat de confiance. La question de Jérusalem (NDLR : El Qods) est au cœur même de la conférence, il n'est pas question de diviser la ville comme en 67, cela sera pire que pour le mur de Berlin. Il faut trouver une autre solution mais qui puisse satisfaire les deux parties.
Quant aux refugiés, il reste très clair que nous ne pouvons permettre le retour de millions de Palestiniens à Israël, mais leur destination pourra être l'Etat palestinien. On évoquera l'aspect économique dans les négociations et étudier la façon de leur donner des indemnités et les soutenir financièrement pour pouvoir revenir.
Par ailleurs les frontières de l'Etat palestinien, englobant la bande de Gaza et la Cisjordanie, elles doivent être négociées et bien définies.
Les implantations constituent un important sujet à débattre, mais l'Etat israélien ne présente pas d'obstacle à l'évacuation. Rappelons que nous avons déjà évacué Sinaï par le passé et la bande de Gaza en 2005. Nous pouvons donc démanteler les implantations. Néanmoins, nous souhaitons que celles qui sont sur les frontières israélo-palestiniennes puissent rester sur place. Nous procéderont alors à un échange de terres pour que les Palestiniens ne perdent pas une parcelle de la superficie du territoire qui leur revient. Nous leur proposerons évidemment les endroits qui leur paraîtront acceptables.
Vous avez signalé votre refus de diviser Al Qods, cela veut-il dire que vous acceptez le partage de la ville ?
En effet, il existe une différence entre diviser et partager. Ce dernier est tout à fait envisageable. Reste à discuter les modalités que cela prendra. Il faut faire preuve de beaucoup de créativité, certes, mais je persiste : non à la division. Je ne peux pas en parler maintenant, rue par rue et quartier par quartier, mais cela nécessite d'être discuté, il y a, par exemple, la vieille ville ainsi que d'autres endroits importants...
Qu'en est-il du mur ? Existera-t-il encore ?
Ce mur ne constitue qu'un obstacle civique à l'infiltration des kamikazes. Il est construit par des éléments de module de béton et n'a pas de fondations profondes. Il est fait dès le départ pour être détruit et il n'est pas destiné à durer.
Quand le gouvernement palestinien mettra en place un système de sécurité et une police solide pour empêcher les infiltrations, le mur n'aura plus de raison d'exister et il sera détruit.
Si vous parvenez à des résultats, les décisions seront-elles appliquées dans l'immédiat ou cela prendra-t-il du temps ?
Votre question est vraiment opportune compte tenu du retard qu'a déjà accusé l'application d'autres décisions comme celles faisant suite à la conférence de Madrid et d'autres sommets, mais je rappelle qu'Annapolis est le coup d'envoi des négociations. Nous souhaitons suite à cette conférence parvenir à un accord définitif durant 2008 et on procédera immédiatement à son application. Le progrès dépendra évidemment de l'application parallèle de la part des deux côtés ; israélien et palestinien...

Alors qu'un grand assemblement mondial se mobilise pour la paix à Annapolis, chacune des parties palestiniennes ou israéliennes y va avec une détermination d'en finir avec la guerre et le conflit.
Néanmoins, la paix semble ne tenir qu'à un fil et tout paraît encore fragile. Il est encore tôt de parler de droits palestiniens acquis, ainsi que de considérer que les cartes sont déjà jouées de la part des Israéliens.
Ce qui reste clair c'est que le dialogue inter-palestinien se bloque encore plus et le sommet n'arrange pas vraiment les choses. Certaines personnes ont tout au long des interviews exprimé leur appréhension et leur refus, d'autres leurs détermination et leurs espoirs et d'autres leur bonne volonté et leur disposition à faire avancer le processus de paix. Cette paix, une fois conclue, rassemblera-t-elle les Palestiniens dans un Etat enfin sous leur totale souveraineté ou nous trouverons nous dans un processus de division dont l'issue reste à craindre ?


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