Salah Essayel, président du CMF (Conseil du Marché Financier) a remis avant-hier au Président de la République le 21ème rapport annuel 2016 du régulateur du marché financier. Le rapport dresse le bilan du marché au cours de l'exercice 2016. Un diagnostic dans l'ensemble positif qui fait montre d'une certaine dynamisation boursière, soutenue par l'amélioration de la situation sécuritaire outre une quasi-stabilité politique. L'année 2016 a été marquée par le retour prudent des investisseurs. Une capitalisation boursière de 19 300 millions de dinars en 2016 Selon le CMF, le nombre de sociétés cotées en bourse a atteint 79 sociétés à la fin de l'année 2016 dont 12 sont listées sur le marché alternatif. Le marché a enregistré une capitalisation totale de 19 300 millions de dinars, soit 21.36% du PIB contre 17 830 millions de dinars en 2015 enregistrant ainsi une hausse de 8%. Autres indicateurs positifs, l'indice Tunindex a clôturé l'année 2016 avec 5488,77 points marquant une progression notable de 8,86% sur le marché secondaire de la bourse. « Cette hausse importante s'explique par l'amélioration de la situation politique corrélativement à la constitution du gouvernement d'union nationale ainsi qu'à la mise en place de nouveaux outils pour booster l'investissement en bourse à travers la création de plusieurs fonds d'investissement dédiés aux investisseurs institutionnels via l'établissement d'un partenariat entre les professionnels opérant sur le marché et la caisse des dépôts et des consignations. De même, le marché boursier a été impacté favorablement par la réussite de la conférence internationale sur l'investissement organisée à Tunis », souligne le rapport. La contribution du marché financier dans le financement de l'économie reste toutefois en deçà du potentiel existant. D'où l'appel à une libéralisation du marché et à une ouverture plus agressive aux capitaux étrangers. D'ailleurs, le taux de participation du marché financier dans le financement de l'investissement privé s'est pour sa part stabilisé au niveau de 9%. Ce qui est évident, beaucoup reste encore à faire pour faire de la Tunisie un hub financier régional. En mois d'avril 2017, la bourse de Tunis a annoncé le lancement effectif de "Tunis Place Financière". Une nouvelle structure fédérant l'écosystème du secteur afin de réaliser les objectifs assignés à la Bourse notamment en matière de financement de l'économie, de la mobilisation de l'épargne national à court, moyen et long termes et d'attraction des capitaux étrangers. Outre l'amélioration de l'environnement général des affaires, un redéploiement de la structure de la bourse et un assouplissement du cadre réglementaire restent des facteurs vitaux à l'attraction des investisseurs. En effet le plan réglementaire l'année 2016 a été marqué par l'élaboration d'un règlement relatif aux mesures pratiques pour juguler le blanchiment d'argent et la lutte contre le financement du terrorisme. Le CMF a ainsi publié un guide pratique en la matière. Assurer l'intégrité et la transparence des opérations financières tout en préservant les droits des petits comme des grands porteurs étant l'objectif recherché. 5 enquêtes en cours d'instruction Au total, six enquêtes ont été ouvertes par le « gendarme» de la Bourse en 2016 dont cinq sont encore en cours d'instruction et concernent des infractions commises par une société de gestion de portefeuilles de valeurs mobilières pour le compte de tiers, la survenance de manquements à l'occasion d'une offre publique, la non déclaration d'un franchissement de seuils de participation au capital d'une société cotée en bourse, l'existence d'un soupçon de manipulation du cours d'une valeur mobilière et une probable existence de risques entravant la bonne marche d'une société cotée. Salah Essayel, président du CMF, nous a affirmé qu'en tant qu'organe de régulation, le CMF s'attellera à poursuivre les efforts permettant d'améliorer les conditions du marché, d'enrichir la cote, de fignoler la réglementation en vigueur et surtout de s'assurer de l'application de la loi. En effet l'application de la réglementation en vigueur devra s'inscrire comme une politique d'Etat. Nous allons par ailleurs revoir la loi 94-117 portant réorganisation du marché financier et réviser le marché alternatif et ce à travers l'assouplissement des conditions d'accès aux PME tout en imposant plus de rigueur sur les conditions de demande. Autrement dit le marché sera plutôt ouvert qu'aux investisseurs les plus avisés. La bourse va plutôt bien mais faut-il que l'économie suive le tempo.