Comment promouvoir une image de la Tunisie qui trouverait son ancrage dans les dynamiques artistiques contemporaines? Tel est l'objectif de cette rencontre entre journalistes spécialisés européens et artistes tunisiens. Quatre jours durant, les découvertes devraient être au rendez-vous pour cet événement original piloté par Sadika Keskes et soutenu par des professionnels de l'art qui rêvent de futures synergies. A suivre du 30 septembre au 3 octobre... Tunis, Sousse et Kairouan accueilleront du 30 septembre au 3 octobre un important événement placé sous le double patronage des ministères du Tourisme et des Affaires culturelles. Intitulée "Art contemporain en Tunisie: un possible potentiel ou entre potentiel et possible", cette rencontre porte aussi en abrégé la dénomination "PoPo", reprenant ainsi les premières lettres des termes "Potentiel" et "Possible". Regards sur un laboratoire qui demeure peu connu Pilotée par l'artiste Sadika Keskes, cette rencontre a un double objectif. Dans l'immédiat, il s'agit de faire découvrir l'art contemporain tunisien et ses tendances à un groupe de journalistes spécialisés, français, italiens et allemands. Ces journalistes seront invités à rencontrer plusieurs artistes afin de se faire une idée sur le potentiel tunisien en la matière. En effet, la Tunisie n'est pas toujours perçue à l'étranger comme un laboratoire où se développent plusieurs tendances contemporaines. Dans cet ordre d'idées, il s'agira de mettre en relief cette identité artistique tout en découvrant le foisonnement d'oeuvres et de créateurs. Par ailleurs, les liens entre patrimoine et création ainsi que la proximité des artistes tunisiens des grandes tendances seront aussi mis en valeur. Ce premier objectif est des plus clairs: il consiste à contribuer à instaurer une nouvelle perception de la Tunisie en se fondant sur le dynamisme créatif de ses artistes et la profonde modernité de leurs travaux. Plus lointain, le second objectif de cette rencontre répond à une dimension plus locale mais tout aussi essentielle. Il s'agit en effet de semer les graines qui pourraient permettre dans un futur proche d'établir synergies et passerelles entre les différents acteurs de la scène artistique en Tunisie. Dans cette optique, le renforcement des liens entre artistes, la sensibilisation des pouvoirs publics et des mécènes ainsi que l'implication des galeries d'art pourraient mener à structurer de nouvelles approches et participer à un développement global du secteur. Le but ultime de cette démarche fédératrice serait de dessiner les contours d'un projet commun viable qui puisse concilier les points de vue et donner plus de cohérence à un domaine où les parcours sont souvent solitaires. Quatre jours à la rencontre de l'art contemporain en Tunisie Afin de réaliser ces objectifs, un programme de quatre jours a été établi et comprendra des visites d'ateliers d'artistes, des rendez-vous dans plusieurs galeries et espaces créatifs, des débats, spectacles et performances ainsi que des promenades en médina dans les villes participant à l'événement. Plusieurs artistes ouvriront ainsi leurs ateliers. De Omar Bey à Feriel Lakhdhar en passant par Mouna Jemal Siala, ce sont plusieurs créateurs contemporains qui discuteront avec les journalistes européens des ressorts de leurs oeuvres et de leur regard sur les dynamiques actuelles. De même, six galeries sont au programme des visiteurs. Ces galeries sont des plus actives sur la scène actuelle et comptent parmi celles qui donnent une visibilité à la création tunisienne hors de nos frontières tout en appuyant le mouvement contemporain. Ces galeries sont les suivantes: Bchira Art Center, El Birrou, galerie Alain Nadaud, galerie El Marsa, Musk and Amber, galerie Selma Feriani et enfin galerie Gorgi. Comme on le constate, toutes ces galeries se trouvent en banlieue nord de Tunis, soulignant la contribution de cette région dans la promotion des arts. De plus, El Birrou est vite devenu un épicentre créatif à Sousse alors que Bchira Art Center rayonne depuis Sidi Thabet, nouvel havre des créateurs. Le programme est complété par des visites dans les médinas de Sousse, Tunis et Kairouan. Les journalistes invités pourront aussi découvrir le mausolée de Sidi Abada dans la capitale des Aghlabides et le musée archéologique de Sousse, fleuron de nos institutions muséales avec sa scénographie moderne et ses collections prestigieuses. Une rencontre-débat permettra aux invités de faire le point et dialoguer avec leurs différents interlocuteurs tunisiens. Enfin, le spectacle "Zoufri" de Rochdi Belgasmi servira aussi de révélateur quant aux tendances actuelles de la danse et du spectacle vivant. "Tombeaux de la Dignité", une nouvelle création de Sadika Comme on peut le voir, le programme de cette manifestation est des plus riches et devrait permettre d'établir un panorama pertinent de la scène artistique. Bien entendu, nul ne saurait être exhaustif en si peu de temps et offrir un regard complet sur les artistes et les oeuvres. Toutefois, le programme pourra indéniablement réaliser cet objectif majeur qui consiste à donner aux médiateurs invités un regard synthétique sur les réalités de l'art contemporain en Tunisie. Par ailleurs, une performance de Sadika Keskes constituera l'un des temps forts de l'ensemble du projet. Il s'agit d'une déambulation/installation/performance intitulée "Tombeaux de la Dignité". Avec des modules de verre qui symbolisent des tombes, Sadika relie symboliquement les deux rives de la Méditerranée. En effet, cette oeuvre se déploiera en deux temps et selon le même déroulement à Gammarth, le dimanche 1er octobre puis à Lampedusa, le dimanche 8 octobre. Pour Gammarth, le rassemblement initial aura lieu devant la galerie Alain Nadaud et le groupe ainsi formé se dirigera vers la plage afin d'y retrouver des bateaux de pêcheurs. C'est alors que seront installés ces tombeaux flottants, métaphores d'une Méditerranée où planent tous les dangers et voguent des milliers de désespérés qui souvent, n'iront pas au bout de leur projet d'atteindre l'autre rive de la mer intérieure. Une semaine plus tard, le même événement aura lieu à Lampedusa, île sicilienne dont le nom résume toutes les migrations, les espoirs et les drames de la mer. Telles sont les grandes lignes de "PoPo", un moment à grande teneur artistique qui instaure la dialectique du potentiel et du possible dans le monde de l'art contemporain en Tunisie.