La belle histoire d'amour, née d'un voisinage professionnel, s'est achevée par un drame qui a conduit la quadragénaire devant la justice, inculpée d'homicide volontaire avec préméditation sur la personne de son amant. Ce dernier ayant été brûlé vif dans le propre domicile de sa bien-aimée. Triste fin d'un homme, pourtant marié, qui n'a pas pu résister aux charmes d'une employée d'un magasin commercial ayant pignon sur rue à Bab El Khadra, en plein centre de la capitale. Il est vrai aussi que de nombreux problèmes familiaux s'étant amoncelés, il a trouvé refuge auprès de sa confidente qui a vite remplacé sa femme, source selon lui de tous les malheurs qui se sont abattus sur le couple depuis bientôt sept ans. Au fil des jours, leurs relations, qui étaient au début fort amicales, se consolidèrent au point qu'elles ne tardèrent pas à devenir de plus en plus intimes. La dame le recevait, le plus souvent, chez elle à la cité Intilaka, un quartier du Grand Tunis, pour recueillir ses confidences et le soulager, selon ses dires, de ses peines quotidiennes. Le couple devint ainsi inséparable, partageant une vie commune. Et l'homme épris de sa dulcinée est allé jusqu'à lui promettre le mariage, une fois son divorce obtenu. Tout allait pour le mieux pour les deux tourtereaux quand l'amant annonça à sa maîtresse qu'il allait se rendre dans sa ville natale pour voir sa sœur, de retour de France pour passer quelques jours de vacances au pays. C'était malheureusement le mauvais moment choisi par sa partenaire pour faire des emplettes dans un souk populaire alors qu'elle croyait son compagnon au bled. Là, elle fit la rencontre d'une vieille connaissance avec laquelle elle devisa suffisamment pour être finalement surprise par son amant qui, aveuglé par une jalousie morbide, déclencha les hostilités. D'abord, il s'attaqua à l'inconnu qu'il abreuva de propos orduriers, avant de s'en prendre à sa maîtresse qui, rouge de honte, rebroussa nerveusement chemin pour regagner son gîte. Dépité, son homme, bouillonnant de fureur, héla furtivement un taxi pour la rejoindre. De nouveau ensemble, la bagarre verbale reprit de plus belle, d'autant plus que la concubine ne pipa mot au sujet de cet illustre inconnu qu'elle rencontra fortuitement dans le souk, ce qui déplut terriblement à son chevalier servant. Néanmoins et contre toute attente, la visite prit fin d'une manière paisible puisque la victime tourna les talons et quitta les lieux, sans maugréer. C'était en fait l'accalmie avant la tempête. Le lendemain, taraudé par le doute, l'amant échaudé revint sur ses pas et profita de la sortie de la douche que prenait à ce moment-là sa compagne pour s'emparer du jerrican d'essence qui traînait par terre dans le couloir avant de s'en asperger tout le corps et craquer subitement une allumette. La lumière d'une véritable torche humaine se faufila alors subrepticement à travers la porte de la chambre à coucher entrouverte pour alerter la maîtresse de céans sur l'étendue du drame qui s'est abattu sur elle. Elle accourut comme une folle, à moitié nue, pour le secourir et l'arrosa d'un seau d'eau, mais rien n'y fit. La peau du pauvre amant continuait de grésiller. Paniquée, elle se résolut à le transporter à l'hôpital de La Rabta qui l'a dirigé vers l'établissement hospitalier Aziza Othmana. Trois jours plus tard, il succomba à ses brûlures du troisième degré, malgré les efforts intenses fournis par le corps médical pour le sauver. Telle est la version donnée par l'amante aux enquêteurs. Toutefois, poussant les investigations pour élucider complètement ce drame, l'inculpée a été soumise à un examen médical minutieux qui a dévoilé qu'elle portait des ecchymoses aux bras et des brûlures superficielles, ce qui laisse supposer qu'elle pourrait avoir commis cet acte infâme. Autre révélation : des incohérences dans ses déclarations ont été enregistrées, lors de l'enquête préliminaire.