Tout le monde parle de positions modérées, mais personne parmi les politiciens n'applique cette règle et cela se reflète à travers les débats houleux et tendus, à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) qui, en principe, abrite la crème de nos politiciens. C'est dommage que la Tunisie soit arrivée à ce stade où l'avenir du citoyen est laissé pour compte au profit d'une démocratie balbutiante qui ne se dessine pas dans le vécu, avec en parallèle, un pouvoir d'achat qui dégringole à forte vitesse, faisant le bonheur des spéculateurs sans vergogne qui en tirent des profits forts lucratifs. Et comme toujours, le débat tourne autour des positions politiques, comme ce fut le cas, récemment, avec le secrétaire général du Mouvement Ennahdha, Ali Larayedh, qui a émis le souhait de voir le Front populaire adopter des positions modérées afin de garantir la stabilité du pays. "Les positions modérées sont la meilleure voie pour garantir la réussite de la transition démocratique en Tunisie", a-t-il souligné en marge de la réunion du Conseil de la Choura, ajoutant qu'il est bien "qu'il soit proche de l'ancien régime et comporte des radicaux, le Mouvement Nidaa Tounes fait preuve de souplesse et de modération", a-t-il cité en exemple. "Le Mouvement Ennahdha est aujourd'hui la locomotive des courants islamiques en termes de modération, d'innovation, d'authenticité et de modernité et nul ne peut le rivaliser dans ce domaine", s'est-il félicité. "A la faveur d'une lecture édifiante de la nouvelle Constitution, plusieurs partis de l'ancien régime ont réussi à se débarrasser des pratiques d'exclusion à l'encontre du Mouvement Ennahdha et de certains partis de gauche", a-t-il encore argué. Se présenter en donneur de leçon, en pareille circonstance, c'est une chose, mais interférer dans le fonctionnement des autres partis en est une autre, et M. Larayedh n'a aucune compétence pour donner son avis sur un autre parti. Le Secrétaire général d'Ennahdha ne doit pas oublier qu'il est en train de remuer une fourmilière et que nombreux sont ceux qui ont des griefs contre lui, notamment, pour ses agissements lorsqu'il était ministre de l'Intérieur et qu'il avait autorisé l'emploi de la chevrotine contre les manifestants à Siliana. Parler de modération ne doit pas lui faire oublier que ce sont les circonstances et la situation au niveau international qui ont condamné Ennahdha à regagner les rangs pour éviter le courroux des grandes puissances qui ne lésinent pas dans la lutte contre le terrorisme et l'islam politique des Frères musulmans. Et dans ce sens, il n'y a que se rappeler la situation, au début de la période post-révolution, lorsque les membres du mouvement islamiste parlaient de la "Khilafa" et lorsqu'ils voulaient faire croire que les terroristes qui s'entrainaient dans les montagnes de Kasserine étaient "simplement des personnes qui faisaient du sport". Il y a lieu, aussi, de rappeler les paroles du président de la République Béji Caïd Essebsi, qui a, dans une interview, appelé le mouvement Ennahdha à faire plus.... Et cela veut tout dire de la part de quelqu'un qui a initié la coalition au pouvoir et dont le mouvement islamiste fait partie et que c'est lui qui l'a choisi comme allié. Toutefois, il serait judicieux, aussi, que le Front populaire quitte ses positions négativistes et soit plus constructif. Aujourd'hui, le blocage est partout et il n'y a comme meilleure preuve que l'impossibilité d'élire un président pour l'Instance supérieure indépendante pour les élections, pour des raisons partisanes, afin de tout comprendre. Les jeux d'intérêts partisans doivent être modérés, parce qu'il y va de l'avenir du pays et des futures générations... parce que le train du développement n'attend pas les retardataires. Le blocage dans l'élection du nouveau président de l'ISIE a démontré beaucoup de choses et, en particulier, que le mouvement Ennahdha n'a pas d'amis, que seuls ses propres intérêts comptent et qu'il cherche à se positionner dans la durée en obtenant le plus grand nombre de places sur l'échiquier des composantes des institutions républicaines, jusque là démocratiques.