La chaîne « Wataniya 1 » a diffusé récemment une rencontre réalisée avec le chanteur tunisien Kamel Raouf Nagati dans le cadre de l'émission : « Kahoua arbi » d'Inçaf Yahyaoui Ben Zeineb. L'occasion était propice pour retrouver un artiste de grand talent qui a connu ses moments de gloire durant les années soixante et soixante dix du siècle dernier. Il a évoqué au cours de ce programme son itinéraire artistique jalonné de succès et s'étalant sur soixante années. Un bail, car Kamel Raouf Nagati, en feuilletant les pages du livre de sa vie, n'a pu tout raconter, étant donné le temps quelque peu court imparti à l'émission. Pour cela, Inçaf Yahaoui a promis de lui consacrer un autre volet de son émission afin de découvrir d'autres facettes, d'autres histoires et d'autres exploits de K R Nagati en Tunisie, comme ailleurs. Et pour revenir à ladite émission, cette dernière est passée à une heure tardive vers 23 heures 5 minutes après deux bonnes émissions de débat. Kamel Raouf était habillé d'une Jebba tunisienne et coiffé d'une « Chéchia majidi. » Et malgré son attachement à la chanson occidentale et moderne, notre crooner a montré tout son amour pour l'habit traditionnel tunisien. Les extraits télévisés en noir et blanc et en couleurs, contenus dans l'émission, étaient rares et se comptaient sur les doigts d'une main. Les débuts de KRN étaient comme chanteur amateur dans l'émission de feu Hamadi Jaziri « Hissat al houet » où il avait remporté le premier prix et reçut un luth des mains de feu Ali Riahi « Motreb El Khadhra. » Kamel Raouf continuera avec passion pour avoir ses propres chansons sous le pseudonyme de « Hamidou », le personnage qui était joué à l'époque par Farid Chawki et pour que ses parents ne s'aperçoivent pas de la chose. Mais cela n'a pas été de tout repos vu l'indigence des paroliers. Seul, le compositeur et chanteur égyptien installé en Tunisie Sayed Chatta lui composera : « Fi ghaba jmila fattena » sur des paroles de Mahmoud Bourguiba. Nous comprenons que Nagati compte parmi la première génération des chanteurs de la Tunisie indépendante. Sa première apparition télévisée se faisait avec la chanson : « Attabla wel mizmar » dans une variété réalisée par feu Hédi Besbès, en 1966, aux débuts de la Télévision tunisienne. Une carrière internationale Mais son grand succès, il le doit à « Yasmina », un tube franco-arabe extrait du folklore égyptien et qui était chanté à l'origine par Blond Blond, un chanteur algérien. Cette chanson avait propulsé Kamel Raouf au firmament du succès et au rythme de laquelle avaient dansé les jeunes de l'époque des années 67-1968. Nagati a également enregistré à la radio tunisienne des versions en arabe littéraire de chansons occidentales célèbres à la même période comme : « Ghourabaou allail », la célèbre chanson « Strangers in the night » de Frank Sinatra sur des paroles de Taoufik Jebali, de même que pour : « Kenat Lara », « La chanson de Lara », thème du film « Docteur Givago. » Kamel Raouf a également chanté en 1967 et en version arabe : « Guantanamera. » Il a fait par la suite une tournée internationale à Beyrouth, au Liban et qui l'avait emmené en Inde, au Pakistan et en Iran. A Beyrouth, il chanta en français au casino du Liban dans le spectacle : « Les filles de Paris. » En France, il chantera avec Pétula Clark et côtoiera les grands artistes Sacha Distel, Adamo, Frank Alamo l'auteur de « Biche oh ma biche » et Jean Paul Belmondo. Il chantera au Maroc devant Hassan 2 et ira en Egypte au début des années 70 et Farid Latrache a failli lui composer une chanson, mais la mort l'en empêcha ! Toutefois, Kamel Attaouil lui composera : « Ya gharib fillil. » De retour en Tunisie, il enregistrera « Sidi Bou », à l'ex-« Ennagham », une chanson en langue française. Puis, il collaborera longuement avec le parolier, feu Ridha Khouini, qui lui écrira entre autres : « Ya ommi latibki » dédiée aux travailleurs immigrés. Et avec son allure de jeune premier, notre artiste a continué sur le même élan après une courte éclipse. Kamel Raouf a toutefois déploré le fait que ses chansons sont peu diffusées à la télévision.