Le relèvement obligatoire de l'âge du départ à la retraite à 62 ans et à 65 ans pour les fonctionnaires qui le souhaitent sera au centre la réunion de la commission administrative du Syndicat général de l'enseignement secondaire prévue au début de la semaine prochaine. «Alors que nous militons depuis 2005 pour l'abaissement de l'âge du départ à la retraite pour les enseignants, le gouvernement vient de présenter un projet de réforme des régimes de sécurité sociale qui prévoit l'allongement de la durée des années de travail pour l'ensemble des fonctionnaires », souligne le secrétaire général adjoint du Syndicat rattachée à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT). «Nous refusons catégoriquement tout relèvement de l'âge du départ à la retraite au regard du caractère pénible de notre métier », a-t-il ajouté, indiquant que la centrale syndicale devrait insister sur l'introduction de la notion de pénibilité lors des négociations sur la réforme des retraites qui auront lieu dans les prochains mois avec le gouvernement et l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA). Il a également indiqué que le Syndicat reste attaché à l'abaissement de l'âge du départ à la retraite à 55 ans pour les professeurs d'enseignement secondaire, signalant que la majorité des enseignants souffrent à partir de cet âge de plusieurs maladies chroniques et multiplient les congés de maladie. Le responsable syndical a, d'autre part, révélé que la réunion de la commission administrative planchera aussi sur les conséquences attendues du projet de budget de l'Etat et de la loi des finances pour l'exercice 2018 sur le système éducatif. «La part du ministère de l'Education dans le budget de l'Etat ne cesse de se détériorer depuis quelques années. Cette part est aujourd'hui évaluée à 13% contre 17% en 2014 », a-t-il relevé. Et d'ajouter : «cette baisse intervient alors que la situation matérielle et les conditions de travail dans les établissements éducatifs publics se détériorent inexorablement ». La réunion de la commission administrative examinera par ailleurs la question des agressions contre les établissements éducatifs et le personnel qui y travaille. «Les agressions contre les enseignants sont devenues quasi-quotidiennes. Nous avons recensé pas moins de vingt agressions depuis le début du mois d'octobre , ce qui laisse croire qu'il s'agit d'une campagne orchestrée par certaines parties occultes qui veulent porter atteinte à l'image de l'école publique et accélérer le processus de privatisation de l'enseignement », a précisé le secrétaire général adjoint. «Cette campagne est semblable à celle qui vise le personnel de la santé dans les hôpitaux publics et qui viserait une privatisation à marche forcée du secteur », a-t-il ajouté, indiquant que les médias contribuent à cette campagne comme en atteste l'émission «Yawmiyat Mouwaten» diffusée le 21 octobre 2017 sur la chaine El Hiwar Ettounsi,qui a agité la toile. L'équipe de cette émission est entrée dans une salle de classe d'une école dans la région de Jendouba où deux phrases écrites sur le tableau par l'instituteur de français sont pleines de fautes (Les enfant prépare ses valises, Les enfant achète des cadeaux pour leur famille et leur amis). Choqué, l'animateur n'a pas hésité à prendre la craie et à corriger les erreurs. Il a fait savoir dans ce cadre que le syndical réclame la tenue d'un conseil ministériel pour prendre les mesures de nature à éradiquer ce fléau et l'adoption d'une loi incriminant la violence ciblant les enseignants. Il a indiqué, sur un autre plan, que la commission se penchera sur l'épineux dossier de la réforme de l'Education pour réévaluer et enrichir le «Livre blanc» publié par le ministère de l'Education peu avant le départ de l'ex-ministre controversé Néji Jalloul. Ce document de 168 pages, qui brosse un tableau sombre de la situation de l'enseignement et souligne sans détours que l'école publique a perdu de sa superbe, dessine les contours de la réforme de l'Education qui devrait s'étaler sur cinq ans soit de 2016 à 2020. Cette réforme s'articule autour de neuf axes, dont l'introduction du principe de l'équité et de l'égalité des chances à travers notamment la généralisation de l'année préparatoire, le renforcement de la discrimination positive en faveur des régions intérieures ainsi que le renforcement des capacités des formateurs (recrutement sur la base de la compétence, généralisation du recours à une session de formation préparatoire, mesures incitatives en faveur du corps enseignant), le renforcement des acquis des élèves (révision des coefficients des matières, mise en place d'un nouveau système d'évaluation, renforcement de l'enseignement des langues) et l'amélioration de la vie scolaire ( révision du temps scolaire pour qu'il prenne en considération les activités sportives et culturelles, généralisation des cantines scolaires et amélioration du système du transport scolaire).