Les instituteurs ont entamé, hier, une grève de trois jours à l'appel de leur syndicat en signe de protestation contre le refus du ministère de l'Education de satisfaire leurs revendications. Selon le syndicat général de l'enseignement de base le taux de suivi de ce débrayage, qui est le troisième du genre en moins de deux mois après ceux observés le 15 avril ainsi que les 12 et 13 mai, a dépassé 90% hier. «La grève a été très bien suivie. Les enseignants ont encore une fois cherché à faire entendre leur voix et insister sur la légitimité de leurs revendications», a déclaré Taher Dhaker, le secrétaire général du syndicat de l'enseignement de base. «A travers leur forte mobilisation, les instituteurs ont transmis au ministère de l'Education un message selon lequel ils ne reculeront jamais face aux mesures répressives et illégales», a-t-il ajouté, en référence à la décision de gouvernement relative au prélèvement des jours de grève sur les salaires des agents de l'Etat. Le secrétaire général adjoint du syndicat, Mastouri Gammoudi, a, d'autre part, indiqué que ce nouveau débrayage sera suivi d'une grève administrative pouvant aller jusqu'au boycott des examens, au cas où le ministère continuera à faire la sourde oreille. Le syndicaliste a précisé que la commission administrative sectorielle du syndicat rattaché à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) se réunira le 29 mai 2015 pour définir les formalités de la grève administrative. Dépassements Dans un communiqué publié hier, le ministère de l'Education a, quant lui, dénoncé des pressions contre les enseignants qui ont souhaité travailler et affirmé qu'il prendra les mesures disciplinaires nécessaires suite aux dépassements survenus. «Autant le ministère respecte le droit à la grève en tant que droit constitutionnel, autant il refuse catégoriquement toute atteinte au droit de l'agent public au travail», ajoute le communiqué, révélant que plusieurs enseignants ont été obligés de participer à la grève suite à des intimidations, à la fermeture des écoles et au renvoi des élèves qui se sont présentés dans les classes. Le syndicat général de l'enseignement de base réclame l'abaissement de l'âge du départ volontaire à la retraite à 55 ans pour les enseignants ayant achevé 35 ans de service, l'octroi d'une promotion exceptionnelle aux instituteurs trois ans avant leur départ à la retraite, l'homologation des diplômes délivrés par les instituts supérieurs de formation des instituteurs avec la diplôme de fin d'études du premier cycle de l'enseignement supérieur, en l'occurrence la licence. Les instituteurs demandent aussi la création d'une indemnité de travail administratif et d'une indemnité de fin de service, conformément au statut des instituteurs déjà paru dans le Journal officiel de la République tunisienne (JORT) ainsi que la régularisation de la situation professionnelle des instituteurs suppléants. Le syndicat général de l'enseignement de base revendique, d'autre part, le doublement des montants de la prime d'affectation et de l'indemnité de la rentrée scolaire ainsi que la révision à la hausse du nombre des bourses universitaires accordées aux descendants des enseignants. Le syndicat souhaite, par ailleurs, l'ouverture d'un «dialogue national responsable et sérieux» sur la réforme du système éducatif afin d'améliorer le niveau des élèves et la crédibilité des diplômes nationaux.