De la complicité entre Moncef Chebbi des éditions Arabesques et Jean Fontaine sont nés plusieurs ouvrages dont le dernier est un précis de littérature tunisienne qui couvre trente siècles d'histoire. Phénicienne, grecque, latine, hébraïque, arabe, espagnole ou française, la littérature tunisienne est plurielle et plusieurs fois millénaire. Ce bref ouvrage démontre cette richesse par l'exemple et recense les auteurs de plusieurs périodes historiques qui vont des Latins aux écrivains actuels... Les éditions Arabesques viennent de publier un nouvel ouvrage que Jean Fontaine consacre à la littérature tunisienne en qualifiant cette tradition écrite de "plurimillénaire". En effet, selon Fontaine, peu de civilisations peuvent prétendre à une telle profondeur historique en matière littéraire. Une vision d'ensemble en quatre grandes séquences Le livre de 150 pages tente ainsi de remonter aux sources de cette tradition tout en proposant un abrégé des plus utiles pour qui voudrait embrasser d'un seul regard trois mille ans de littérature. Clairement structuré, l'ouvrage se présente en cinq parties qui sont complétées par un index des noms d'auteurs. Dans la première partie, l'auteur remonte aux origines de la littérature tunisienne et tente de démêler les diverses influences et apports historiques. Ce prélude ouvre la voie à quatre grandes articulations qui organisent le livre bref, concis mais très précis. Ces quatre parties successives permettent d'envisager les périodes historiques suivantes: la Carthage latine, Kairouan, l'époque qui va du treizième siècle à l'indépendance puis la Tunisie indépendante. Chaque partie est divisée en sections qui permettent de naviguer dans la production littéraire de plusieurs siècles tout en ayant des repères clairs. Ainsi, pour la Carthage latine, l'auteur se penche sur Apulée et les écrivains chrétiens. Pour Kairouan, Fontaine évoque les grands courants littéraires structurés autour des écoles de spiritualité, de droit, de philosophie, de médecine et de critique. Abordant la littérature du treizième siècle à l'occupation française, Fontaine parvient à dégager des séquences historiques qui facilitent la compréhension d'ensemble. Ainsi, il distingue une période marquée par l'apport des réfugiés au dix-septième siècle, une autre marquée par les Ottomans avant de dégager les prémisses d'un réveil national. Ce réveil sera parachevé à l'époque de l'Etat national. Cinquante ans au service de la littérature tunisienne Pour cette dernière époque, Fontaine dresse un tableau d'ensemble qui met en avant l'avant-garde poétique, le Nouveau théâtre, la poésie cosmique et l'autobiographie. Il complète son propos en évoquant la critique et la littérature en langue française. De manière globale, toutes les grandes séquences sont abordées avec des sous-sections qui permettent de se repérer dans les courants et les genres littéraires. En abordant chaque auteur dans sa mouvance en lui consacrant une brève notice, Jean Fontaine fait oeuvre utile tout en ouvrant le débat sur les grands auteurs de notre littérature. Bien agencé, pratique et élaboré en profondeur, "La littérature tunisienne" offre un abrégé de qualité à tous ceux qui sont concernés par la vie littéraire. Un ouvrage à découvrir pour son contenu et aussi pour les perspectives de discussion qu'il ouvre dans un domaine qui attend toujours une grande anthologie critique pour parachever celle que Jean Fontaine consacrait il y a quelques années à la littérature tunisienne dans son ensemble. Pourquoi Fontaine ne remettrait-il pas de nouveau cet ouvrage sur le métier? Il serait en tous cas le plus indiqué pour poursuivre cet effort de cinquante ans qu'il continue à consacrer à la littérature tunisienne.