La bibliothèque critique vient de s'enrichir d'un ouvrage fondamental, élaboré par une soixantaine d'universitaires du monde entier, dont deux Tunisiens, à partir d'une idée du Professeur Pierre Brunel, de l'Université de la Sorbonne, et sous la direction de Valérie Tritter, spécialiste reconnue du domaine, qui avait élaboré divers ouvrages et articles spécialisés avant de coordonner ce vaste projet et qui, la même année où cet ouvrage a vu le jour, a brillamment soutenu, à la Sorbonne et sous la direction du Professeur Brunel, une remarquable thèse de doctorat en littérature comparée, consacrée au «Statut du narrateur dans les littératures fantastiques françaises et anglo-saxonnes, d'E. A. Poe à R. B. Matheson». Bel exemple à méditer de passage tardif au diplôme universitaire après avoir fait ses preuves dans le champ de la recherche et celui de l'édition, c'est-à-dire après maturation et confrontation aux réalités vivantes du domaine de spécialisation. L'ouvrage que nous présentons aujourd'hui est intitulé Encyclopédie du fantastique et comporte 1.100 pages en deux colonnes et plus de 500 entrées, noms d'écrivains, de cinéastes, d'œuvres, de films, thèmes liés au genre comme le vampire, le mort-vivant ou le golem. Il vient d'être édité par Ellipses, éditeur universitaire français connu, et s'adresse aussi bien aux spécialistes qu'aux amateurs du genre et au grand public cultivé. On retrouve parmi les collaborateurs de l'ouvrage des sommités dont le nom fait autorité dans le domaine comme Louis Vax, Jacques Finné, Claude de Grève ou Rachelle Bouvet, mais aussi d'autres universitaires connus pour des contributions remarquées au domaine du fantastique. Précédée par un avertissement et suivie d'une bibliographie des anthologies du fantastique et d'une bibliographie du genre fantastique, toutes deux établies par Valérie Tritter, cette encyclopédie comporte aussi un index alphabétique des entrées, permettant à celles et ceux qui la consultent de s'y repérer aisément. L'avertissement en expose les choix. Selon l'importance de l'entrée par rapport au thème général, celle-ci varie d'une notice de quelques lignes à un article de 30 colonnes comportant un développement «fortement problématisé». Par ailleurs, il n'y a pas d'entrée consacrée au mot «Fantastique» puisque toutes les entrées sont censées définir et illustrer ce mot. Le volume a décidé d'aborder toutes les facettes du fantastique et donc de ne pas se limiter au fantastique tel qu'il se manifeste dans la littérature. Pouvait-il du reste se passer du cinéma fantastique, encore plus déterminant pour le genre, à notre époque, que le fantastique littéraire ? Du reste, au-delà même du cinéma, art de la modernité par excellence, l'Encyclopédie a l'ambition de convoquer tous les arts, en particulier la musique, l'opéra et la musique de films. Par ailleurs, tenant compte du fait que le fantastique, s'il est particulièrement caractéristique de la civilisation de l'Occident et d'une période historique déterminée, en gros le XIXe et le XXe siècles, hante, sous une forme ou une autre, toutes les littératures et tous les arts de l'univers, l'ouvrage tente de se faire le reflet de cette extension géographique et culturelle du genre. Les entrées consacrées aux auteurs comportent une courte biographie centrée sur les éléments qui sont en rapport avec le fantastique, une analyse de l'œuvre dans la même perspective et l'évocation des approches critiques qui se sont intéressées à cet aspect de l'œuvre. A la fin de la notice, une bibliographie succincte permet à ceux qui le désirent de prolonger leur consultation de l'Encyclopédie. Un système de renvois d'une entrée à d'autres permet également une lecture extensive propre à éviter ce que chaque entrée peut avoir de trop succinct. Deux universitaires tunisiens ont participé à cette somme par quatre articles relevant de leur domaine de spécialité. Afifa Marzouki a travaillé sur Lautréamont et ses Chants de Maldoror et Samir Marzouki sur Guillaume Apollinaire, le poète aussi bien que le prosateur, sur Jean Richepin, auteur de la fin du XIXe et du début du XXe siècle auquel Sonia Mhiri-Ellouz, universitaire tunisienne exerçant à l'Université de Tunis, avait consacré sa thèse de doctorat soutenue à l'Université de La Manouba, il y a quelques années, et sur Alain Dorémieux, auteur français contemporain, aujourd'hui décédé, qui a eu un rôle déterminant dans la création aussi bien que dans l'édition fantastiques en France et qui était aussi bien versé dans le fantastique que dans la science-fiction.