Il y a quelques mois, elle avait témoigné à visage découvert à la télévision pour raconter son calvaire de femme divorcée régulièrement agressée moralement, physiquement et sexuellement par son ex-mari. Hanen Khemir avait alors lancé un appel au secours, car elle craignait pour sa vie et celle de ses enfants. Mais loin de sensibiliser, d'alerter et de mobiliser, son récit avait divisé et pour cause ! Certains n'avaient retenu de son apparition télévisée que la petite robe qu'elle portait ce jour là et avaient estimé qu'une telle « aguicheuse » ne pouvait que mériter le sort qui lui était réservé ! Des mois après son passage à la télévision mais aussi sur les ondes d'une radio, l'histoire de Hanen Khemir refait surface car malheureusement pour elle, rien n'a changé. La situation est même pire qu'avant estime-t-elle. Pourtant son témoignage était percutant, alarmant. Malheureuse dans son couple et n'arrivant plus à s'entendre avec son mari très jaloux et peu responsable, Hanen a demandé le divorce en 2015. C'est là que sa vie a basculé. N'acceptant pas sa décision, son ex-époux a alors commencé à la menacer et à la brutaliser. N'hésitant pas à la tabasser devant ses enfants ou encore à la violer, saccageant sa voiture, la poursuivant là où qu'elle aille ou encore usant de sa force pour l'intimider et lui faire du mal, l'homme ne lui épargne aucune souffrance. Se sentant en danger, Hanen a déjà porté plainte à maintes reprises, mais en vain ! Son ex-mari continue de sévir, en toute impunité et décuple à chaque fois de violence. A chaque fois qu'elle s'adresse aux autorités pour porter plainte, la jeune femme fait face à une déprimante lenteur administrative, mais surtout à un désintérêt total de ses souffrances qui ne font que la décourager. Elle déclare ainsi : « Mon ex-mari ne m'a rien épargné. J'ai porté plainte en juin 2015 pour la première fois. Il y a eu beaucoup d'autres plaintes dans les mois qui ont suivi, auprès de la police et du Procureur de la République. Mais rien. Aucun retour, aucun feedback. L'Etat reste muet, inactif, comme s'il ne se passait rien. Pourtant ma vie et celle de mes enfants sont quotidiennement mises en danger. Cela fait bientôt deux ans que cela dure et les autorités de mon pays ne font rien pour y remédier parce que la procédure prend du temps. » Hanen a même adressé un courrier officiel à la Présidence de la République. Là aussi, silence radio. La jeune femme s'est également adressée à L'Association Tunisienne des Femmes Démocrates mais leur intervention s'est limitée à un soutien psychologique et à des conseils juridiques. Entre temps, Hanen et ses enfants continuent d'être confrontés à la violence et craignent le pire. Des promesses, il y en a eu de toutes parts, mais concrètement, la jeune femme se débat seule au quotidien avec ses démons. Aujourd'hui, elle pense quitter le pays et à chercher l'asile tant elle désespère un jour de voir son ex-mari réellement empêché de lui nuire. La fuite en avant, est-ce la solution ? A défaut d'une solution radicale en Tunisie, chercher refuge ailleurs est le seul espoir qui se profile actuellement à l'horizon.